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175e anniversaire de sa mort: Rémy Ollier, parti trop tôt !

31 janvier 2020, 11:54

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Une conférence, animée par Jimmy Harmon, Alain Jeannot et Finlay Salesse, aura lieu le 5 février, sur l’héritage politique de Rémy Ollier, mort à l’âge de 28 ans.

À l’officiel, il y a malheureusement à Maurice des dates qui ont été vidées de leurs substances historiques pour qu’on ne commémore pas les événements dont elles sont porteuses. Cela relève souvent de l’oubli, de la désinvolture, de l’indifférence ou carrément d’une posture volontaire visant à faire sombrer dans l’oubli des prestigieuses figures du passé afin que d’autres moins illustres puissent jouir seules de l’éclairage du souvenir et de la dévotion posthume, seuls capables d’assurer l’immortalité.

Il est des dates que même la maladie d’Alzheimer ne devrait pas faire oublier. Celle du 6 octobre 1816 devrait être gravée dans les éphémérides de notre mémoire. Car naquit, en ce jour, à Beau-Vallon, d’un capitaine négrier et d’une esclave affranchie, Rémy Ollier, dont un buste au Jardin de la Compagnie et le nom des rues de plusieurs villes tentent désespérément, en vain, d’interpeller le souvenir de la jeune génération.

Malheureusement, son buste ne sert à rien d’autre que de rampe de lancement aux pigeons et ses plaques dans nos villes ne sont que des épitaphes oubliées de nos cimetières de grands hommes. Seuls, peut-être, si le corps enseignant fait preuve d’un devoir de mémoire, les élèves du primaire portant son nom à Rose-Hill se souviendront...

Rémy Ollier a grandi dans une époque turbulente. Il n’a que six ans quand Ratsitatane est exécuté à Port-Louis, que seize quand Adrien d’Epinay fonde la Banque de Maurice et «Le Cernéen» en 1832. Il n’a que vingt ans le 1erfévrier 1835 à l’abolition de l’esclavage et vingt-cinq quand débarque le Père Jacques Désiré Laval, avec lequel il va se lier d’amitié et partager un combat commun. Très précoce intellectuellement pour son âge, interpellé par les événements qui agitent la nouvelle colonie britannique, Rémy Ollier ne demeure pas insensible au sort des «gens de couleur». Encore moins à celui des travailleurs indiens engagés qu’il défend bec et ongles contre le mépris britannique.

Il comprend vite que c’est par l’éducation que les plus démunis pourraient s’en sortir. Il ouvre ainsi une école à la rue St. Georges, qui se déplace par la suite à la rue Citerne des Créoles. Il mène combat pour la démocratisation de l’enseignement et obtient à ce que la bourse d’Angleterre soit ouverte aux non-Blancs. On se demande combien de nos lauréats savent ce qu’ils lui doivent aujourd’hui !

Impliqué dans la vie de la cité, Rémy Ollier revendique la représentation des hommes de couleur au Conseil Législatif et se prononce en faveur des institutions électives. Son combat n’est pas pour autant sectaire : il vole à la rescousse du «Cernéen» quand s’abat la censure britannique sur la presse pour laquelle il réclame une totale liberté.

Sur ce plan, les colonnes du «Cernéen» (d’Adrien d’Epinay) et du «Mauricien» (d’Eugène Leclézio) ne lui sont guère hospitalières pour une légitime mise au point après une critique raciste (dans le «Mauricien») contre la représentation de la pièce «Anthony» d’Alexandre Dumas (père) au théâtre de Port-Louis.

Qu’à cela ne tienne, Rémy Ollier crée «La Sentinelle» en 1843 pour défendre la population de couleur. Le journal, qui paraît trois fois par semaine, est imprimé alors à l’angle des rues Moka-Jemmapes. Un journal qui lui survivra jusqu’en 1888. Mais qui renaîtra de ses cendres dans les années 60, à l’initiative de quelques hommes de couleur pour combattre, cette fois-ci, pour l’Indépendance.

À voir tout ce qu’il a accompli, à voir tous ses combats, on a le sentiment que Rémy Ollier a vécu une longue vie. Il est mort prématurément, dans des circonstances que d’aucuns considèrent de douteuses, à l’âge de 28 ans, le 26 janvier 1845.

Il est pertinent aujourd’hui que l’on s’en souvienne.

En hommage aux combats menés par Rémy Ollier pendant sa courte vie, un buste du brillant Mauricien a été érigé à Port-Louis.