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Coronavirus : Worst Case Scenario

29 février 2020, 07:29

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Coronavirus : Worst Case Scenario

Rayons de supermarché vides, rues désertes, absence de véhicules sur nos routes, hormis ceux des hôpitaux, de la police et de la SMF, dont les sirènes déchirent le silence de la nuit. On ne sort plus de chez nous depuis 10 jours, on communique par portables uniquement. On travaille de chez nous (pour ceux qui le peuvent), sans nos masques qui sont désormais obligatoires dans la rue ou dans les bâtiments publics. Le speaker arbitre les débats sur WhatsApp – les députés coupent le son quand Sooroojdev Phokeer hurle. Les enfants suivent des cours sur Skype ou sur Viber – c’est une révolution à bien des égards – mais ne peuvent plus jouer ensemble. Les travaux de construction sont suspendus. Les hôtels sont devenus des centres de traitement pour Mauriciens aisés qui veulent échapper aux centres gérés par le gouvernement; la nourriture est meilleure que les biscuits secs et dilo…

Ce scénario-catastrophe pourrait ne plus relever de la fiction, à voir les images quotidiennes provenant de la Chine, la Corée du Sud, l’Italie, l’Iran… En l’absence de vaccins, d’une mobilisation internationale à la hauteur et d’un strict protocole suivi par tous les pays, la machine infernale risque de s’emballer, surtout pour l’Afrique subsaharienne, après le premier cas recensé en fin de semaine au Nigeria.

Si l’OMS hésite encore à parler de «pandémie» du coronavirus, celui-ci accélère sa traversée mortelle autour du globe. Il ne respecte aucune frontière. Tous les experts (Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies, The Lancet, Institut Pasteur, New England Journal of Medecine, Santé publique Canada, NIH des USA) savent pertinemment que nous vivons actuellement un moment décisif.

Face aux discours, qui se veulent rassurants, de nos ministres qui commencent à réaliser l’ampleur mondiale que prend le Covid-19, le fait demeure qu’aucun pays ne devrait dire – surtout avec autant de certitude – qu’il n’existe aucun cas chez lui. Ce serait une erreur mortelle. Au contraire, il nous faut nous préparer au pire, comme s’il y avait déjà des cas confirmés, en restant constamment branchés à l’ensemble des données objectives, afin que notre riposte soit à la hauteur, en dépit des faiblesses notées dans notre dispositif sanitaire d’épidémiologie, d’alerte, d’investigation et d’intervention (sur les plans local, régional, national et international). Au lieu de rassurer, nos autorités devraient s’inspirer de Dale Carnegie : «Envisagez le pire qui puisse arriver, préparez-vous à accepter le pire et à tirer parti du pire.»

Scientifiquement, et humainement, il s’avère impossible de comptabiliser le nombre exact de personnes qui ont été infectées dans une cinquantaine de pays. Car dans environ 80 % des cas, l’infection reste bénigne. Les dernières études révèlent que «le virus a un taux de létalité relativement bas (la maladie semble fatale pour 2 % des personnes infectées en moyenne), soit entre 0,2 % et 3,6 % : en dessous de celui du SRAS de 2003». De même, les experts maintiennent que «l’indice de contagiosité du virus est lui aussi relativement faible (entre 1,5 et 3,5) : à titre de comparaison, la varicelle est à 8,5 et la rougeole à 9» – voir tableau ci-dessous. Cependant, le coronavirus vient prouver, au quotidien, que ce n’est pas parce qu’un virus a un indice de reproduction faible et une létalité faible qu’il est inoffensif – et qu’il importe de nuancer, et de rassurer. Surtout dans un pays, comme le nôtre, qui n’a ni la discipline, encore moins les moyens, des Chinois.

Bien évidemment il y a aussi ceux qui croient que Maurice est à l’abri en raison des prières qui tendent à s’enchaîner chez nous (Cavadee, Maha Shivaratree, Pâques, Eid), sauf que l’Arabie saoudite, qui a fermé les portes du hadj 2020 et le pape François, grippé, envoient des signaux contradictoires, selon lesquels le Covid-19 ne respecte même pas les lieux saints…

SOURCES : CENTRE CHINOIS DE PRÉVENTION, THE LANCET, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDECINE)