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Les vieux et le coronavirus
Le «Super Tuesday» a livré son verdict. Il reste deux candidats. Le centriste-gauche Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, et Bernie Sanders, sénateur du Vermont, représentant l’aile gauche. Le premier a rassemblé gros chez les Afro-Américains, les résidents des faubourgs et la population plus âgée, alors que Sanders, lui, s’appuie surtout sur les jeunes, les libéraux et les latinos. Rassembler ces deux ressources électorales va probablement être un souci majeur de la direction des démocrates ces prochains jours et même si on voit mal Biden et Sanders opérer en tandem parfait, la priorité de tous les démocrates restera quand même de battre Trump en novembre prochain ! Bloomberg, malgré ses ressources financières colossales, et Warren, qui avait impressionné avec la qualité de ses propositions, étaient tous deux voués à s’éclipser et c’est sans doute ainsi que la balance va pencher en faveur de Biden, puisque c’est plutôt le vote centriste qui était éparpillé ce mardi. En Californie, par exemple, (415 délégués en jeu sur les 3 979 qui voteront au 1er tour, au Congrès des Démocrates du 13 juillet prochain), Sanders gagnait avec 33 % des voix, suivi de Biden avec 24 %, Bloomberg, 15 %, Warren, 12 % et Buttigieg, 7 %. Il est donc pensable que le regroupement des voix centristes ne sera pas favorable à Sanders. La victoire de Biden au Texas, au Massachusetts et au Minnesota a été un coup dur pour Sanders.
Dans tous les cas de figure, l’on semble s’acheminer vers une présidentielle des «vieux schnocks», où l’état de santé des uns et des autres, ainsi que l’âge de leur vice-président et… l’intégrité de leurs médecins seront des questions primordiales. En effet, Warren a 70 ans, Trump a 73 ans, Biden en est à 77 ans et Bloomberg et Sanders en sont déjà à 78 ! Jusqu’ici, le plus vieux président des États-Unis de tous les temps (sauf réélection) avait été Trump, a 70 ans 220 jours ! On s’achemine donc vers un nouveau record. On pourra positiver en disant que l’on valorise la vieillesse, cependant qu’à la tête d’un État, ce n’est évidemment pas sans risque ! À lire un article passionnant de «The Atlantic», sur cette question* et à noter que les plus vieux sont particulièrement susceptibles au coronavirus…
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Étonnant ! Le Brésil de Bolsonaro se méfie apparemment beaucoup de Macron au point ou «The Economist» du 22 février rapporte qu’on s’organise contre une possible invasion française orchestrée à partir de la Guyane française pour venir protéger les forêts amazoniennes ! Pas à dire : le monde ne souffre pas que de coronavirus, mais de folie aussi !
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Le ton du gouvernement a changé cette semaine. «Sitiason bien grav», nous dit le PM, en conférence de presse, mercredi et une première série de mesures comprenant une demande aux ministères de réduire leurs demandes de dépenses budgétaires par au moins 10 % pour 2020-21 a déjà été lancée. On ne fêtera pas trop l’Indépendance ce 12 mars et il n’y aura même pas une «Garden Party» au Réduit ou des feux d’artifice. C’est dire ! Le PM donnant l’exemple dit qu’il n’a aucun voyage de prévu à son calendrier et invite ses collègues à s’en inspirer pour réduire voyages et per diem. C’est peut-être le moment d’imposer la «Business Card» avant la reprise des voyages en 2021?
Ce qui semble déclencher tout cela, c’est le coronavirus et ses conséquences économiques. On a évoqué en effet un impact de 0,1 à 0,3 % (Rs 0,5 à Rs 1,5 milliard) sur le PIB. Si ce n’est que cela, passe encore ! Mais cela pourrait être pire si nous fermions nos portes à bien plus de touristes européens que les seuls Italiens. Il n’y a pas que l’effet direct sur le tourisme bien sûr et 1 ou même 2 % du PIB pourrait se retrouver perdu, surtout si la situation épidémique du Covid-19 s’éternise. Fort heureusement, si l’on en croit les chiffres officiels, il y a de sérieux signes de recul des nouveaux cas en Chine, porteur jusqu’ici de plus de 85 % de tous les cas identifiés. Ce qui est une bonne nouvelle. Autre statistique rassurante à retenir : 94 % des patients traités jusqu’ici sont, après 14 jours, guéris et 84 % des cas encore à l’hôpital sont considérés comme «modérés». La moins bonne nouvelle, c’est que le nombre de foyers de la maladie augmente de par le monde et que la discipline quasimilitaire chinoise ne sera pas disponible ailleurs, ce qui pourrait favoriser la propagation du virus. C’est d’ailleurs bien cela la clé : combien de temps faudra-t-il pour stopper le virus ? Le sera-til d’ailleurs jamais ou est-ce que l’humanité devra apprendre à vivre avec, comme avec l’influenza **?
On aurait grand tort, au gouvernement, de tout mettre sur le dos du Covid-19, évidemment, mais c’est sans doute une occasion, comme le dit le ministre des Finances, de remettre en question nos habitudes confortables, d’innover, de réformer, de changer nos routines, en d’autres mots de payer le prix de nos passés trop faciles et de nos mauvaises habitudes inculquées. Notre économie était déjà sous forte tension avec des secteurs productifs mal en point, une balance négative des comptes courants à 7,3 % du PIB qui continue d’ailleurs à se détériorer, un déficit budgétaire qui empire avec de généreux cadeaux électoraux et un endettement national lourd et consenti pour bien trop de projets de prestige et de «social». Ajoutez-y une absence de marge de manoeuvre – les fonds de réserve Sithanen étant asséchés depuis longtemps, les liquidités du parapublic ayant été canalisées vers les bons de Trésor, Rs 11 milliards étant déjà budgétisées comme actifs publics devant être vendus (Maubank ? NIC ? Casinos anyone ?) et même la Banque centrale ayant été déraisonnablement ponctionnée en décembre dernier de Rs 18 milliards.
l y avait donc déjà bien du pain sur la planche !
Gouverner n’est pas simple. Il est sans doute plus facile d’être chroniqueur dominical ! La première porte de sortie d’un nouveau ministre des Finances, c’est sans doute de parler de son héritage invariablement lourd et de blâmer son prédécesseur. Manque de pot : ce dernier, c’est son chef ! Il devra donc chercher de vraies solutions pour répondre aux conséquences des largesses et des imprudences du passé, à un moment où le coronavirus en rajoute au matelas émotionnel déjà épais de ce pays, gênant plus encore toute tentative d’approche rationnelle et quantifiée.
Retournons donc à cette question de tourisme pour un moment. Jusqu’ici, il a été plutôt facile d’être brave face à la Chine, l’Iran, l’Italie qui ne sont pas dans le «Top 6 » de nos pays fournisseurs. Mais si vous êtes responsable de gouvernement, que feriez-vous si la France (302 000 touristes en 2019) ou le Royaume-Uni (142 000), nos deux premiers pays fournisseurs atteignaient les mêmes niveaux de contamination qui déclenchèrent nos décisions sur l’Italie ? Toutes les options sont loin d’être idéales ! Si on fait une exception, on se brûle en Italie, en Corée, ailleurs… Si on ne fait pas une exception (en révisant nos critères), c’est une autre terrible maladie infectieuse que l’on importe et celleci a de multiples symptômes tout aussi effrayants à terme : potentiellement 22 % de réduction d’activité touristique (Rs 14 milliards) pour la seule France, factures impayées, para-tourisme laminé, licenciements et faillites éventuelles.
Que choisissez-vous : 3 % de mortalité sur le % de citoyens qui seront infectés (au plus fort de la crise en Chine, on en est à 80 430 cas sur une population de 1,4 milliard – soit 0,006 % du total) ou la mort du tourisme avec tous ses effets connexes ?
Quelle que pourrait être la décision gouvernementale éventuelle, elle sera critiquée. C’est le propre de vivre en démocratie, où la parole est encore libre. Le devoir d’un gouvernement, cependant, est de prendre la meilleure des décisions, tout bien pensé, tout bien pesé.
À partir de ce que je sais à l’instant, je choisirais de protéger le gagne-pain des vivants.
Et vous ?
Rectificatif : Dans le texte de dimanche dernier, on écrivait que le nombre de morts d’influenza aux États-Unis en 2019 était de 612 000. Le bon chiffre, avant l’erreur de manipulation, est de 61 200. Le point reste le même : les 3 300 morts de Covid-19 (jusqu’ici !) sont mis en perspective. Mes plates excuses !
** https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2020/03/why-are-these-people-so-freaking-old/607492/
** https://www.theatlantic.com/health/archive/2020/02/covid-vaccine/607000/
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