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La nature en héritage

12 mars 2020, 07:46

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Aujourd’hui un virus nous met collectivement à rude épreuve et teste notre résilience déjà mise à mal par le changement climatique.

Jusqu’ici face aux autres chocs externes, on s’en est toujours sorti tant bien que mal. Mais cela ne veut nullement dire que nous sommes invincibles et que nous serons toujours à l’abri. Avec la mondialisation, nous ne sommes plus isolés, encore moins protégés, du reste du globe.

Notre histoire, complexe, continuera à s’inscrire dans le cours des événements mondiaux. Elle tente difficilement de refléter, en même temps, les espoirs multiples d’un peuple créole, dont les ancêtres sont venus d’Europe, d’Afrique/Madagascar, de l’Inde, et de la Chine, bref de grands espaces géographiques, pour trouver refuge sur un minuscule caillou, exposé aux intempéries, obligés de cohabiter, sans toutefois se serrer les coudes. Mais, meme si nous ne nous mélangeons pas, à l’instar de l’arc-en-ciel, c’est ensemble que nous sommes condamnés à nous prémunir des aléas transnationaux et de sombres nuages. Notre destin est lié, scellé.

En ce 12 mars, les discours officiels privilégieront nos succès qui sont plus retentissants que nos défaites. On vantera notre diversité — tant crainte justement par ces érudits d’ailleurs, venus nous étudier avant notre Indépendance. Mais il n’y a pas que le Mauricien ou la nation dans l’équation économique - il y a aussi et surtout le pays lui-même, la nature, l’environnement, la faune, la flore, nos choix stratégiques. Nous avons trop tendance à l’oublier aujourd’hui. Les touristes, quand ils n’ont pas peur de voyager et de se mélanger avec les autres, viennent surtout nous visiter parce que le pays serait beau. Mais l’est-il encore, enseveli sous nos déchets, avec des plages englouties et des quartiers inondés...

Si notre histoire commune se vante (un peu trop) d’avoir pris à contre-pied les avis experts de deux prix Nobel, elle vacille par moments, par manque d’audace politique et de civisme. Ces jours- ci, les déterminants de croissance se retrouvent à nouveau menacés. On doit se réinventer sans trop tarder, en sauvegardant nos atouts — la beauté physique de l’ile et le sourire du travailleur mauricien — qui sont en...décrépitude. Si ces deux “savants” avaient tué Maurice dans l’oeuf, aujourd’hui nous devons casser l’oeuf pour en faire une omelette plus élaborée, mieux adaptée dans cette conjecture économique en mutation accélérée et face au changement climatique. Celui-ci va accélérer l’érosion de nos côtes. D’ici 30-40 ans, la montée du niveau de la mer va déplacer des milliers chez nous dans un scénario, dit optimiste, d’une hausse de 2 °C de la température mondiale. Face au dérèglement climatique, nos dirigeants du monde doivent parler moins et écouter plus. Il nous faut insister sur des plans concrets et non pas sur des discours et des slogans, comme nous le rappelle avec sagesse la jeune génération, celle qui héritera de ce pays que nous malmenons.

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Dégageons un consensus sur l’état de notre planète. Les objectifs pour conserver et avoir une utilisation durable de la nature ne peuvent pas être atteints selon les trajectoires actuelles. Il nous faut des changements politiques, sociaux, économiques et technologiques profonds. Nous n’avons pas encore perdu la bataille. La nature peut être restaurée si tout le monde agit dans le bon sens. Pour cela, il faut bousculer les habitudes actuelles, et oser des changements transformateurs et fondamentaux.

Pour enrayer l’érosion de la biodiversité, chacun d’entre nous se doit de préserver des sites-clés, comme nos lagons, nos rivières, nos wetlands, nos montagnes, ce qu’il nous reste de nos forêts, etc.

On doit renouveler, pour nos enfants, le pari de garder les projecteurs braqués sur les enjeux du développement durable, du réchauffement climatique, de la biodiversité, de notre environnement.