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A Plea for a Whole-of-society Approach

17 mars 2020, 08:10

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L’heure est à l’information, à sa libre circulation. Pas à la confrontation politique ou idéologique. L’on peut donc regretter que la pertinente PNQ d’hier ait pris, un peu trop à notre goût, des allures de dialogues de sourds. Le leader de l’opposition, en anglais, insistait pour identifier les fonds disponibles, ou plutôt le manque de fonds, pour aider les chômeurs techniques de la crise économique liée au Covid-19, alors que le ministre des Finances, en français, mettait l’accent sur la philosophie économique, plus particulièrement sur la théorie de l’offre et de la demande en ces temps de contraction de l’économie mondiale, ou de «mondialisation en quarantaine», pour reprendre la formule du Dr Renganaden Padayachy.

Pas besoin d’être Thomas Piketty pour comprendre que changer de modèle économique ne s’avère plus une option, mais une nécessité pour survivre face au coronavirus, désormais présent dans quatre pays sur cinq. La décision premier-ministérielle de fermer l’accès aux touristes de La Réunion et de l’Europe – grandement facilitée par les mesures de cloisonnement/confinement exceptionnelles prises ces derniers temps en France et en territoire européen – aura un impact direct sur l’un des secteurs-piliers de l’économie locale, le tourisme – avec tous ces luxueux hôtels qui devraient fermer sous peu. Mais, comme le dit Piketty, «il ne suffit pas de dire, ‘il faut changer le système économique’, il faut décrire quel autre système économique»… Ce qui est autrement plus compliqué, n’est-ce pas ? C’est pour cela qu’on devrait non seulement se serrer la ceinture – bienvenue la baisse de 10 % des dépenses publiques, surtout à l’aune des différents rapports de l’Audit – mais on devrait aussi se serrer les coudes.

La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 doit aujourd’hui nous amener, tous, à définir de nouveaux critères de décision en matière de gouvernance économique. Gouvernement, opposition, investisseurs, secteur privé local, presse/ contre-pouvoir, chercheurs experts (locaux et internationaux), citoyens d’ici ou d’ailleurs.

Que ce soit sur le plan économique ou politique, l’heure n’est pas au cloisonnement pour garder la tête hors de l’eau. Nous devons nous ouvrir à nous-mêmes et mettre de côté nos divergences ordinaires face à cette situation extraordinaire qui est à nos portes. Nous sommes engagés dans une guerre mondiale et locale face au petit virus. Sur le plan sanitaire, la fermeture des frontières est une bonne mesure sur le court terme, de même que les mises en isolement, mais sur les moyen et long termes, ce n’est ni possible, ni viable.

L’historien israélien Yuval Noah Harari, dans une lettre ouverte aux Homo Sapiens Sapiens, dit, avec son recul, que l’histoire de l’humanité est condamnée à l’ouverture, au partage, et à la libre circulation de l’information. Harari : «Long-term isolationism will lead to economic collapse without offering any real protection against infectious diseases. Just the opposite. The real antidote to epidemic is not segregation, but rather cooperation.» Il rappelle que les épidémies ont chuté au fil des siècles. «Despite horrendous outbreaks such as AIDS and Ebola, in the 21st century epidemics kill a far smaller proportion of humans than in any previous time since the Stone Age. This is because the best defence humans have against pathogens is not isolation – it is information. Humanity has been winning the war against epidemics because in the arms race between pathogens and doctors, pathogens rely on blind mutations while doctors rely on the scientific analysis of information.»

Harari relativise la pandémie actuelle. «Epidemics killed millions of people long before the current age of globalization. In the 14th century there were no airplanes and cruise ships, and yet the Black Death spread from East Asia to Western Europe in little more than a decade. It killed between 75 million and 200 million people – more than a quarter of the population of Eurasia. In England, four out of ten people died. The city of Florence lost 50,000 of its 100,000 inhabitants. Therefore, when the Black Death or smallpox came to visit, the best thing the authorities could think of doing was organizing mass prayers to various gods and saints. It didn’t help. Indeed, when people gathered together for mass prayers, it often caused mass infections.» De quoi nous faire réfléchir et ne pas fléchir face au Covid-19. En fait, le challenge est d’accorder nos violons afin de renverser la situation. Face à une population désunie, le virus gagne du terrain. Mais si l’on coopère, localement et internationalement, ce sera non seulement une victoire contre le coronavirus, mais contre tous les virus. Car, ensemble, la société aura augmenté ses capacités de répondre financièrement, économiquement, sanitairement, médicalement et socialement contre d’autres menaces venant de n’importe où…

Dans son analyse sur les stratégies pour contrer le Covid-19, la Harvard Kennedy School insiste que c’est au secteur public et aux citoyens de «lead a Whole-of-society, global Approach to mitigating the impact of the coronavirus pandemic. This involves public health emergency actions, identifying economic impacts, and combating misinformation and disinformation about the disease and its spread. Effective risk communication must be a consistent factor throughout…» À méditer : Ask what you can do for your country. We must all ask what WE can do for ourselves, our neighbors, our country and our world. All of us, at every level.