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Nous ne sommes pas en vacances, nous sommes en guerre mondiale !

22 mars 2020, 06:58

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C’est une guerre contre un ennemi invisible. Mais aussi et surtout une guerre contre nous-mêmes. Il faut que l’on arrive à nous dire : Non, je ne vais pas sortir pour voir le pays en mode Lockdown, je ne vais pas aller chercher un marchand de dalpuri qui opère dans la clandestinité, je ne vais pas aller voir ma maman qui a déjà une grippe. Oui, je fais tout cela non seulement pour me protéger, mais pour protéger ceux que j’aime, ceux avec qui je travaille, ceux que je ne connais pas que je pourrais, malgré moi, infecter. Ce travail sur soi-même est capital si on veut endiguer la pandémie de Covid-19 qui a commencé à faire sa ronde mortelle depuis jeudi soir sur le sol mauricien. On ne plaisante plus. On joue notre survie. Ni plus ni moins.

Hier matin, aux marchés de Curepipe, Quatre-Bornes et Port-Louis, le Mauricien lambda faisait ses courses comme s’il était en congé. Le pas n’est pas du tout pressé. Il soupèse, patiemment, une par une, les baguettes de pain (il va en prendre une) ; on dirait qu’il ne veut pas perdre le moindre gramme de farine, ou encore il cherche la meilleure teinte possible. «Mo pa kontan mo dipin kan li tro kri», m’explique une sexagénaire, un masque de construction en travers sur le visage. Ce masque ne la protège pas vraiment…

Il y a une blague qui circule sur la Toile (voir ci-contre) et qui résume parfaitement l’indiscipline des Mauriciens par rapport au confinement imposé. Le Mauricien va sortir pour voir si son voisin est enfermé. Si tout le monde fait cela, plus personne ne sera confinée, n’est-ce pas ? L’humour nous permet souvent de se dire crûment certaines vérités, même si nous ne voulons pas nous l’avouer. L’une des vérités, c’est que le confinement n’est peut-être pas la meilleure façon pour casser la courbe de l’épidémie – et partant, éviter que les centres de santé n’explosent sous la demande grandissante de contaminés. Mais c’est la seule méthode que l’on connaisse. Un bouclage de deux semaines reste, de par le monde, le meilleur compromis possible pour rompre le cycle de propagation. Ici aussi, le doute est permis. Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique sur le Covid-19 en France, estime que le confinement devrait durer «au moins quatre semaines pour porter ses fruits». Mais l’expert a une crainte – que l’on ne peut que partager, surtout vu l’attitude relaxe des Mauriciens: «D’ici à la fin des quatre semaines, certains ne tiendront plus. C’est une vraie question. Ce n’est pas la meilleure des solutions mais c’est la moins mauvaise», insiste le Professeur Delfraissy.

La Grande-Bretagne de Boris Johnson, qui voulait se distinguer du reste de l’Europe en laissant promener le virus et ses porteurs, fait ces jours-ci machine arrière. Ce concept de laisser filer la pandémie afin de déclencher une «immunité collective» de la population n’est plus privilégié. Plusieurs scientifiques ont averti qu’une telle conduite pourrait coûter la vie à au moins 250 000 Britanniques. Ravalant son assurance des premiers jours – qui n’est pas sans rappeler celle de Donald Trump –, BoJo a intimé, cette semaine, aux Britanniques de «stopper tout contact non essentiel» et de pratiquer au maximum le télétravail. Mais ce changement de stratégie tardif lui vaut une pluie de critiques. Parmi les voix autorisées, celle de Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale The Lancet : «On a perdu du temps, des morts auraient pu être évités.» 

*** 

Partager les leçons apprises et accepter la diplomatie dite du masque. En contraste saisissant avec l’indiscipline des Mauriciens et des Européens, la discipline asiatique. Nombre de mesures prises, ces dernières semaines, en Asie devraient nous inspirer. Là-bas, les populations ont compris la dangerosité de la menace Covid-19 et ont intériorisé le besoin de modifier temporairement leur quotidien. Chiffre encourageant : alors que plus de 185 000 cas de COVID-19 ont été enregistrés dans le monde, la maladie semble être en déclin en Chine. Selon le représentant de l’OMS à Beijing, le Dr Gauden Galea, les derniers chiffres démontrent que le cours de l’épidémie a été modifié. La conclusion essentielle à retenir ici demeure le fait que la Chine a démontré au monde entier que le cours de l’épidémie peut être modifié. «Normalement, une épidémie de cette nature aurait une croissance exponentielle, atteindrait un pic élevé, puis déclinerait naturellement une fois que toutes les personnes sensibles auraient été infectées ou auraient développé la maladie. Cela ne s’est pas produit en Chine à plusieurs égards», fait ressortir le Dr Galea dans un entretien au Monde. Aujourd’hui, la Chine vient en aide à l’Europe. Pékin a envoyé, cette semaine, de l’aide médicale aux Italiens et aux Français. Les experts en relations internationales appellent cela la «diplomatie du masque», signe que la grande puissance a su vaincre (?) le Covid-19, même si elle expulse, en même temps, des journalistes américains. L’exemple de la Corée du Sud, qui a trouvé une approche plus souple et plus respectueuse des droits humains (en comparaison à la Chine), est aussi pertinent. Les Coréens ont réalisé que c’est mieux d’entreprendre un grand nombre de tests et un suivi des personnes testées positives en ayant recours à une application numérique permettant de tracer les individus. À Maurice, nous n’avons pas les moyens des grands de ce monde. Nous n’avons même pas suffisamment de masques ni de «ventilators», encore moins de lits de réanimation adaptés au Covid-19. C’est pour cela que nous insistons sur une Whole-of-society Approach, où chacun devient un leader à son niveau, du marchand de roti au consommateur, du Premier ministre et ministre de la Santé aux pharmaciens et autres commerçants qui en profitent pour faire du «profiteering»

 

 

Konfinnman dan Moris : tou dimounn pé sorti déor pou gété si tou dimounn andan!

	<p><strong>Source :</strong> auteur anonyme/réseaux sociaux</p>
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