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Cavalerie à la rescousse, mais laquelle ?

15 avril 2020, 08:20

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Dans les vieux westerns de l’époque, au moment le plus désespéré, qui apparaissait à l’horizon pour sauver les bonnes gens encerclées par des peaux-rouges, badigeonnés de peinture guerrière ? La cavalerie, bien sûr !

En 2020, les bonnes gens sont les économies, notamment émergentes, qui sont attaquées par le coronavirus, directement ou pas, et qui attendent d’être sauvées. Deux différences majeures, entre autres, nous séparent du western : d’une part, si le coronavirus tue aussi, les séquelles seront, contrairement au Far West, beaucoup plus conséquentes ; d’autre part, si la cavalerie lisait les signaux de fumée de loin, maintenant le FMI et la Banque centrale reçoivent, presto, un appel Zoom ! Confinement oblige…

La directrice du FMI, Kristalina Georgieva, est bien consciente du défi. Cette crise étant la pire depuis la Grande Dépression des années 1930, il y a déjà 90 pays émergents qui ont contacté le FMI pour des liquidités, soit le double des pays chahutés par la crise sub-prime de 2008-09. Deux trillions et demi de dollars sont estimés nécessaires pour les économies émergentes alors que les capacités de prêt actuelles du FMI sont d’un seul trillion, dont 80 % doit être reconfirmé auprès des pays riches.

La priorité sera de soutenir ces pays qui ont sous-investi dans la santé et qui désirent se rattraper, qui ont d’importants secteurs informels ou PME, qui subissent ou pourraient subir une fuite de capitaux, une baisse de transferts d’argent de la diaspora, et/ou une baisse de leurs revenus d’exportation.

Une quinzaine de pays déjà en difficulté avant la pandémie devront être massivement restructurés. Un premier prêt d’urgence a déjà été consenti à la Tunisie pour 745 millions de dollars, soit 100 % de son quota de DTS (Droits de Tirages Spéciaux), ce qui est le double de son quota en temps normal, malgré de sérieux déséquilibres macroéconomiques. En contrepartie, des réformes que le gouvernement n’a pas eu le courage d’entreprendre jusqu’ici sont exigées, notamment au niveau de projets moins prioritaires à être retardés indéfiniment et au niveau du budget qui devra être purgé de gaspillages pluriels, y compris au niveau salarial. Le FMI aura bon dos… Ce qui assurera un futur plus solide du pays !

Nous aussi, nous aurons sûrement besoin de soutien rapidement après la fringale dépensière électorale, doublée depuis par les plans de soutien bienvenus de Rs 9 milliards (BoM et SIC – ce n’est pas encore sorti de terre ?) et du Wage Assistance Scheme de la MRA (c’est quoi cette disqualification des ONG ? Elles n’ont pas de salaires à payer, elles ?) qui demanderont sûrement des rallonges et/ou d’autres plans de soutien à l’économie.

Cependant, la solution de Rama Sithanen de faire financer les dépenses post-Covid-19 par la Banque centrale est dangereuse parce qu’elle équivaut simplement à faire tourner la planche à billets. Je comprends que c’est utile dans l’urgence, mais il ne faut pas sous-estimer ce qui va s’ensuivre : dépréciation de la monnaie, inflation et, SURTOUT, un pas dangereux de plus dans la conclusion que nous pouvons vivre sereinement au-dessus de nos moyens et tout endiguer SANS SOUFFRIR, et SANS SACRIFICES ; apparemment bénis des dieux que nous sommes !

Prêter de l’argent au gouvernement et effacer la dette équivalent à ce que le capital de la BoM va encore être réduit après la saignée de Rs 18 milliards de décembre, n’est-ce pas ? Ce qui ne va sûrement pas stimuler la confiance du marché et donc, à terme, risquer la fuite des capitaux, suivie peut-être du contrôle des changes et d’un marché de devises au noir ? Ce serait un retour de 35 ans en arrière. C’est ce que l’on souhaite ? C’est bien trop risqué !

Le FMI honni par certains est sûrement la porte la plus logique à visiter en ces temps de crise. C’est peut-être plus douloureux, mais cela rassurerait les marchés financiers que nous ne choisissions pas la solution facile du ‘helicopter money’. Qui d’autre nous prêterait oreille d’ailleurs ? L’Inde encore ? La Chine ? L’Union européenne ? Elles ont leurs propres problèmes et pourraient, au moins certaines parmi elles, avoir de bien solides exigences en retour, face aux demandeurs de charité que nous serions redevenus !

À bien voir, la solution pour nous ne peut être ni le retour à l’indignité de l’aumône systématiquement quémandée à l’étranger, comme au temps de SSR et de SVR, ni à la fuite en avant irresponsable grâce à la planche à billets, style Mugabe, qui risque de nous ruiner à terme. La solution est, admettons-le enfin, de reconnaître de manière adulte que nous avons vécu au-dessus de nos moyens, que nous ne pouvons plus dépendre des flux de devises de l’offshore, qu’il nous faut travailler plus, réduire notre train de vie, éliminer le gaspillage, pratiquer la méritocratie, doper la productivité et les exportations afin de bannir le rêve tant fou qu’illusoire que nous pouvons avancer, profiter, consommer, améliorer le sort de tous, sans douleur et sans peine !