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Lockdown Diary #28: Petits remèdes d’antan contre le confinement actuel
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Lockdown Diary #28: Petits remèdes d’antan contre le confinement actuel
Dans les grandes puissances de ce monde (qui, malgré leur supériorité économique, démontrent clairement leur impuissance face au terrible coronavirus), de grands laboratoires se livrent à une course effrénée pour inventer et commercialiser un vaccin antiCovid-19. Celui-ci ne sera pas prêt avant au moins un an. Nous, Mauriciens, n’appartenons pas à cette ligue de chercheurs sophistiqués. Mais il existe, au moins, quelques remèdes locaux, que vous et moi pouvons élaborer sans grands frais – afin de minimiser les effets secondaires de cette crise sanitaire. Pour cela, il suffit de puiser dans nos réflexions de tous les jours et dans la mémoire collective de notre pays.
Tirons les leçons du présent, et, comme les druides d’antan, confectionnons, localement, dans notre arrière-cour, notre propre potion magique, un élixir de vie simple… Puisque le confinement nous apporte précisément ce derrière quoi on a toujours couru : le temps ! Hier denrée rare, aujourd’hui disponible à gogo. Profitons-en.
Créons notre propre potager et produisons un peu de ce que nous consommons. Certes on ne vous demande pas ici de créer une rizière comme on en voit à Madagascar, mais plantons quelques légumes, des fruits et des plantes médicinales, comme nos grands-parents le faisaient avant. Redécouvrons la culture vivrière ou la culture dite de case. Occupons chaque pouce du terrain. Enlevons les montagnes de détritus, de gravats et de blocs de béton sur lesquelles poussent de mauvaises herbes. Faisons de la place pour quelques jeunes pousses de pommes d’amour et de salades vertes. Cessons de nous plaindre que nos repas sont fades sans les fines herbes genre cotomili, thym, menthe, persil, queues d’oignon/d’ail, petits ou gros piments. En cette période de confinement, commençons à semer, à mettre quelques graines en terre, au lieu de les jeter.
Outre le toit de la maison, il y a pas mal d’endroits inexploités chez nous : les rebords des fenêtres et des murs, par exemple. S’il n’y a pas de terre, faisons des bacs et accrochons-les dans la cour ou carrément sur nos murs, dans la rue. Plantons des variétés de légumes filantes, celles qui produisent sans qu’on ait grand-chose à faire, le long des murs : brèdes, giraumon ou chou-chou, des fruits comme la grenadine. Faisons le plein de vitamines C avec les limons, citrons, bergamotes. Si tout le monde se mettait à planter, il n’y aurait plus de voleurs pour piquer les fruits de nos arbres, n’est-ce pas…
Cuisinons nous-mêmes ce que nous aimons manger. Privés de nos snacks préférés et de nos marchands de dholl-puri, nous avons vécu les premiers jours du confinement comme un réel emprisonnement à Beau-Bassin. Pourtant, confectionner mines bouillis, rotis, farathas, samoussas, halim, briani, riz frit poisson salé, satini pomme d’amour n’est pas sorcier si on s’y met sérieusement (en tout cas, c’est moins compliqué que de développer un vaccin contre le nouveau coronavirus). Sur You Tube, il y a 1 000 recettes mauriciennes sympas, faciles à réaliser. Beaucoup ont été mises en ligne par les membres de la diaspora mauricienne, qui a dû s’adapter à son nouvel environnement (souvent dans l’hémisphère Nord) tout en comblant ses besoins alimentaires de base. Essayons de faire comme eux. Peut-être que ce ne sera pas top, top du premier coup, mais remettons-nous à l’ouvrage. Persévérons.
Si, par exemple, la pâte de votre faratha est trop collante et que vous n’arrivez pas à la pétrir comme il le faut, ne vous découragez pas. Au bout du fil, sur WhatsApp, il y aura toujours un proche, un voisin, un marchand de dholl-puri au chômage technique, pour vous conseiller et vous guider. Des fois, il suffit d’un peu plus de farine, ou d’ajouter de l’eau chaude, pour que la pâte devienne plus docile… et se transforme, par magie, en ce roti que vous avez tant envie de manger. J’avoue, ici, pour avoir essayé hier, que confectionner des dholl-puris relève d’une science un peu plus compliquée. Mais ici aussi, si on s’applique, ce n’est pas impossible… En testant de nouvelles recettes culinaires – pourquoi pas avec les enfants – et en faisant vous-mêmes vos petits plats préférés, voire votre pain de tous les jours, vous pouvez les faire de façon plus saine, sur le plan diététique.
Marchons pour aller à la boutique du coin; laissons la voiture au garage. Au lieu de vous plaindre que vous n’avez pas de permis pour vous déplacer, profitez de cette période de couvre-feu pour marcher quand vous devez aller faire vos courses dans les environs. Les policiers mauriciens ne sont pas comme ceux de la Grande péninsule. Ils ne vont pas vous frapper à coups de bâton si vous expliquez calmement que vous allez à la pharmacie ou au commerce de proximité. Bien évidemment, il est fortement conseillé de vous couvrir la bouche et le nez avec un masque et de vous tenir à la distance physique indiquée. Cela vous fera de l’exercice tout en redécouvrant votre voisinage. Sans votre voiture, vous allez voir les choses d’une autre perspective, à un autre rythme, sous un autre angle. Sans la plaque personnalisée de votre véhicule, vous allez vous rendre compte que vous avez déjà une personnalité unique et qu’il n’y a pas vraiment lieu de se faire remarquer sur le plan minéralogique. D’ailleurs, sous nos masques et sans une visite chez le coiffeur, ne sommes-nous pas tous devenus méconnaissables…
Retrouvons nos passe-temps oubliés ! Lisez, écrivez, réécoutez vos artistes préférés. Positivez pour bien vivre la situation et en tirer le maximum. Il y a aussi tous ces cours de yoga, de méditation ou des exercices de fitness pour prendre soin de votre corps et de votre esprit. Prenez le temps de vous évader, pourquoi pas dessiner, ou tenir, comme moi, un «Lockdown Diary» pour laisser aller votre imagination, pour laisser des empreintes de ce temps unique, pour garder une trace dans la mémoire. Prenons le temps de jouer, de redécouvrir des jeux de société, de reprendre les liens avec des proches que vous avez négligés, à cause de votre emploi du temps surchargé avant le Covid-19.
La technologie durant ce confinement est notre amie et elle nous permet de rester en contact avec les autres et de visiter des musées, de tomber en extase devant des expositions. Vous voulez aller au Louvre, au MOMA (Museum of Modern Art de New York), au musée du Prado de Madrid, au musée de Pergame à Berlin, à la National Gallery de Londres… Il y a aussi de nombreux opéras et de spectacles à voir en ligne, si vous en avez marre de la télé et des infos en boucle…
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Le but de cet éditorial, quelque peu décalé, c’est d’essayer de vous convaincre que rester chez soi ne signifie nullement se laisser aller, à se morfondre ! Au contraire, on participe à la régénération de notre être et partant, de celle de la planète. En Chine, les nuages de dioxyde d’azote et de carbone se dissipent. À Venise, les poissons sont de retour dans les canaux de la ville. Des dauphins sont apparus dans des ports, en Italie, alors que les cargos et ferries ont disparu. Dans les parcs, les chants d’oiseaux…
Une fois le confinement levé, va-t-on reprendre nos vieilles et mauvaises habitudes ? Ce confinement n’est-il qu’une parenthèse bienfaisante… qui sera vite broyée par le temps, qu’il nous faut rattraper ? C’est à nous d’y répondre, individuellement.
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