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Le monde sans nous

24 avril 2020, 07:05

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La fin du mois d’avril finira, peut-être, d’achever les sceptiques qui prient pour un retour à la normale. La vie et les normes ont déjà pas mal changé. Beaucoup d’entre nous recevront dans quelques jours un salaire réduit. Ceux qui conservent leur emploi durant les prochains mois devront s’estimer heureux. Ceux qui perdront leur emploi, parce que le monde a arrêté de tourner comme l’avant-Covid-19 et parce qu’il n’y a pratiquement plus de croissance économique, devront se réinventer, en tirant les leçons du passé et du présent.

Si Air Mauritius est le premier à se ruer aux urgences, pour quémander de l’oxygène, c’est parce qu’avant même (et davantage que) le tourisme, l’aviation telle que nous l’avons connue entame déjà sa mue, afin que ses ailes ne tombent pas. Dès la réouverture des aéroports, il y a aura bien moins d’avions et de compagnies en termes d’offre. Sur le plan de la demande, tout changera pour le passager, qui paiera bien plus cher son billet aller-retour. Les exigences pour reprendre l’avion seront plus contraignantes que jamais. Si les attentats terroristes avaient déjà chamboulé le protocole au début des années 2000, le virus, vient, lui, deux décennies plus tard, remettre en question le business model lui-même. Outre la sécurité, désormais l’accent devra être mis sur le confinement au sein de l’habitacle — et pas que, en termes d’hygiène, de distanciation sociale, de normes écologiques et de comportements des humains. Dans le secteur du transport aérien, les experts soulignent qu’il y a des acteurs qui évoluent à différents niveaux en fonction de leurs moyens financiers et de leur professionnalisme ou vision. Les plus forts vont survivre pour entamer la mutation, d’autres vont périr, comme trop embués, comme des insectes, dans un drame kafkaïen. Aussi, ceux qui sont peuplés d’agents politiques ou de courtiers comme Bissoon Mungroo ou Prakash Mauthrooa, qui pratiquent une politique basée sur le «copinage» et le «bat-baté» vont rester au sol. Cloués à jamais. Tant mieux, peut-être pour notre sécurité…

S’agissant d’Air Mauritius, ce n’est pas un secret pour le public que depuis l’achat des deux derniers appareils, alors qu’on n’en avait pas besoin, le consortium de banquiers qui avaient, il y a quelques années, prêté les devises à Air Mauritius pour payer Airbus, avaient pratiquement perdu le sommeil quand ils ont réalisé que les pertes phénoménales allaient assécher le cash-flow. «For whatever reason, probably lack of insight and comprehension of the broader picture, government did not come to the rescue. This is evident from the latest financial highlights (however successful their com was in selling it as good news to the media). Probably the political master believed in his won propaganda and it was too late when they woke up to reality…» m’expliquait hier un membre proche des finances et du board d’Air Mauritius. 

Notre journal du jour veut donner un aperçu des lendemains qui ne s’annoncent pas du tout meilleurs. «Certains spécialistes estiment que seulement 10 % des effectifs pourraient reprendre le chemin de travail. Pour le reste : work from home et, encore, cela dépendra de de la situation. Là encore, back to work ne signifie nullement un retour aux conditions d’avant-confinement. Comment empêcher une certaine méfiance de s’installer au moindre toussotement et éternuement ? Quelle répercussion sur le moral - voire sur la productivité - d’avoir sa température prise plusieurs fois dans la journée sur son lieu de travail ?», se demandent Hansini Bhoobdasur, Aline Groëme et d’autres journalistes de l’express. Au milieu des nombreuses incertitudes, une mesure semble se préciser : la présence d’un professionnel de santé sur le lieu de travail. Proposition soutenue notamment par l’Association des directeurs de ressources humaines. 

Dans son livre prophétique, The World Without Us d’Alain Weisman, publié en 2007, des scientifiques les plus en vue de la planète mettaient en avant le fait que la vie sur Terre continuerait et la nature reprendrait ses droits, avec ou surtout sans nous ! 

«Si les êtres humains disparaissaient, prétend l’ornithologue Steven L. Hilty, un tiers au moins de tous les oiseaux de la planète ne s’en apercevraient même pas ! Sont bien chanceux, ces oiseaux… Supposons quand même que l’invraisemblable se produise. Supposons qu’un virus spécifique à l’homo sapiens nous anéantisse. Essayons d’imaginer un monde dont nous aurions soudain disparu…»