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Terreur dans les prisons mauriciennes
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Terreur dans les prisons mauriciennes
Depuis quelque temps déjà des parents de prisonniers nous rapportent des faits extrêmement préoccupants qui se déroulent dans les prisons mauriciennes. Une atmosphère de répression quasi permanente y règne et les autorités pénitentiaires s'adonnent à une politique de terreur barbare qui a oblitéré toute velléité de réhabilitation. Ce climat de violence et de brutalités a culminé ces derniers mois avec la mort d'un certain nombre de prisonniers jusqu’à récemment celle de Caël Permes, qui s’apparente à un « meurtre avec préméditation » des agents de l’État eux-mêmes ! Cette fois-ci, les bornes ont tellement été dépassées que la MCIT est intervenue, semble-t-il avec plus de rapidité et de diligence que d’habitude, diligentant une investigation, qui vaudra ce qu’elle vaudra, lorsqu’on connaît les enquêtes « du système sur le système » à Maurice…
Les organisations des droits de l’homme ont été alertées, à Maurice comme dans les instances internationales. DIS-MOI (Droits Humains Océan Indien) a demandé formellement une enquête judiciaire auprès du DPP sur les morts plus que suspectes de Michael Louise, Jean Alain Auguste et de Caël Permes, hier, mais le problème c’est que cela ressemble à du déjà vu et il semblerait que la culture d’impunité soit si ancrée au sein de nos institutions que les barbares en uniforme soient raisonnablement confiants de s’en sortir.
Pourquoi est-ce toujours ainsi dans cette démocratie « always flattering to deceive » comme dit l'anglais, en permanence en équilibre instable? Parce que nous avons des citoyens qui, quand ils n’ont pas perdu leur faculté d'indignation ne se révoltent qu'en ligne, derrière leur mur Facebook. Parce que nous avons une Commission des droits de l'homme qui fait semblant de fonctionner depuis des années et qui ne voit rien, ne sent rien et n'entend rien… Parce que nous avons des journalistes qui, mis à part quelques-uns, ne sont pas vraiment intéressés à entrer dans la profondeur d'un sujet et qui, dans l’Affaire Caël Permes sont prêts à donner à Appadoo une vaste plateforme pour raconter ses histoires d'Alice au pays des merveilles sans le contredire outre mesure. Et surtout parce que nous avons des politiques, gouvernement et opposition confondus ayant une indignation sélective et manifestement pas prêts à se battre pour ces « damnés » de la terre que sont les prisonniers, déjà honnis par une population, parfois raciste, souvent remplie de préjugés...
« Qui a tué Caël Permes ? Qui est responsable Pourquoi est-il mort…? »
Je me rappelle avoir déjà mis en garde l’État mauricien dans le passé que la nomination d’une personne comme Vinod Apadoo, en tant que Commissaire des prisons tout en relevant Messieurs Lassemillante et Ramanjooloo de leur fonction de chiens de garde à la prison était une décision légère, dangereusement légère… Dans un article intitulé « Quelles réformes pour nos institutions pénitentiaires ? », j’avais mis en exergue la faiblesse idéologique de nos politiques.
« Ainsi, le système carcéral ou plutôt le système politique (car on ne doit jamais oublier qui tire les ficelles des marionnettes!), a refusé de trancher entre la prison-répression ou bien celle d’une prison corrective et réhabilitatrice. Nous avons donc eu à la tête de nos institutions pénitentiaires des hommes aux profils complètement différents, de l’humaniste Deepak Bhookun, ou visionnaire Bill Duff en passant par le fantasque Vyajanarayanan où à présent le triste clown qu’est Vinod Appadoo… ».
J’avais conclu en étant convaincu qu’il ne sera qu’une simple « parenthèse dans l’histoire de la prison à Maurice… J’avais malheureusement sous-estimé son pouvoir de nuisance, ne pouvant imaginer qu’on puisse avoir une succession de morts plus que douteuses dans nos prisons.
Des dizaines de parents m’ont rencontré pour me raconter, avec forces détails ce qui se passe dans les institutions carcérales mauriciennes. Olivier Bancoult, le symbole vivant de la lutte chagossienne, a pris contact avec moi pour exprimer son indignation de la situation des prisonniers dans ce pays. Il en a même été personnellement affecté car l’un des hommes qu’on a « suicidé » était un proche. Il est temps maintenant à l’État de se ressaisir et de faire respecter son engagement Onusien par rapport au traitement des détenus en prison.
Avant que le boomerang ne vienne frapper de plein fouet le responsable politique qui l’avait envoyé…
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