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Moi, Covid-19, chambouleur !
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Moi, Covid-19, chambouleur !
Il y a bien des enseignements à tirer de la pandémie qui nous tient sur le qui-vive depuis le début de l’année. Puisque ce virus vre mem pa get figir, tout le monde y passe ou peut y passer. Hommes comme femmes, médecins ou patients, riches comme pauvres, employeurs comme employés, politiciens ou simples citoyens, dan so kafe pena triaz! C’est pourquoi tous les pays du monde, développés ou en développement, se mobilisent pour mater ce cataclysme mondial. Chacun à sa façon et de sa propre volition. Et donc, à peine une concertation ordonnée.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a essayé tant bien que mal de gérer la situation et prodiguer des consignes, quelque peu tardivement d’après certaines voix spécialisées, mais s’est vite retrouvée entre l’enclume et le marteau, à tel escient que les États-Unis, principal contributeur au budget de l’OMS, a arbitrairement suspendu sa cote part, accusant l’organisation onusienne de parti pris en faveur de la Chine d’où le virus serait originaire. Donc, dans de telles circonstances, c’est plus facile de trouver un bouc émissaire pour se dédouaner des couacs quasi-quotidiens découlant des décisions prises dans la gestion de cette pandémie.
Au fait, ce n’est que récemment que l’OMS a décidé d’organiser une assemblée virtuelle de ses États membres, pour dégager une action collective face au Covid-19. Et là aussi, la politique s’y mêle. Taiwan y est exclu. Pourtant, une dérogation ponctuelle aurait pu être entretenue au vu de son succès louable pour contenir et contrer ce virus. La Chine est réfractaire à toute enquête indépendante.
On compte plus de 300 000 morts de par le monde à cause de cette pandémie. Pourtant, comme l’a si bien fait remarquer Sa Sainteté le pape, durant la même période depuis que le Covid-19 s’acharne sur le monde, plusieurs millions de personnes sont morts pour cause de famine. Mais qui s’en soucie, serait-on tenté de se demander. Le monde, dit riche, ne saurait que faire de ce constat car ayant les moyens de se nourrir. Mais devant le danger mortel de ce virus, la richesse est impuissante.
À travers le monde, inclus chez nous, ce virus est aussi apparu comme un don du ciel. Il a vite servi comme un paravent aux gouvernants. La démocratie, les droits humains fondamentaux, la liberté d’expression et le questionnement des journalistes de vive voix, entre autres, ont complaisamment été relégués à un niveau inférieur et l’État s’est vite fait d’accaparer l’espace fortuitement occasionné par le confinement.
Il n’y a aucun doute que ce phénomène a mis à nu la fragilité des espaces dits intégrés, à l’instar de l’Union européenne, qui n’a su dégager une politique commune pour faire face au danger. Chaque pays a adopté son propre protocole, repoussant en même temps les acquis, telle la libre circulation entre les frontières. Le déconfinement qui se met en place dans les États membres de l’Union européenne se fait de façon individuelle. Aux États (dits) unis d’Amérique, une politique fédérale pour combattre la pandémie, de façon unifiée, fait défaut. Les états s’adaptent comme bon leur semble.
Ici, chez nous, c’est la toute première fois que le pays vit un tel régime depuis son Indépendance. Le confinement dure depuis deux mois. Zéro cas depuis plus de trois semaines. Bravo ! La relaxation graduelle a débuté. Mais force est de constater que l’on vit une situation où il y a plus d’État, c’est à dire une mainmise de l’Exécutif.
Notre Assemblée nationale a perdu de son statut et de sa verve. Un attribut fondamental et sacro-saint de notre Parlement, c’est à dire le droit de nos élus de questionner l’Exécutif pour notre information collective, est lésé depuis le début de cette nouvelle législature. Le Parlement est menotté par ses propres Standing Orders, d‘un âge dépassé, qui ne permettent des questions parlementaires que les mardis. Or, depuis cette nouvelle législature, le Parlement ne s’est réuni qu’un seul mardi et là aussi, le mantra du speaker «I order you out» a sévi à l’encontre du leader du MMM, pour une banalité.
Alors qu’ailleurs, des dispositions légales avaient été prises en amont de la crise, ici, sans consultations, deux lois ont été adoptées, votées sur pied, svp, comme l’a décrété le speaker. Des discours ont été prononcés, sérieux d’un côté de la Chambre, et défensifs mais élogieux envers le gouvernement et son leader de l’autre côté, à quelques exceptions près.
Les contradictions ministérielles n’ont pas manqué. Alors qu’un ministre, qui est connu pour son saut politique rocambolesque à la dernière minute, s’étant senti très épuisé d’être resté si longtemps dans l’opposition, a trouvé que le gouvernement a su nous épargner d’une récession, un autre, qui voulait faire de la politique autrement, de sa plateforme, a trouvé que nous sommes en rémission et en récession, malgré le soi-disant palmarès éloquent du chef. Mais, dites donc, où est passée la coordination ministérielle précédant chaque session du Parlement ?
Ou est-ce l’effet de l’épée de Damoclès que représentent les contestations en cour de certaines élections qui explique ce désarroi et ces contradictions répétitives ? Et pourtant, le Covid-19 a bienveillamment donné quelque temps de répit, voire de soulagement, à ceux qui se savent dans le coup de vent. D’ailleurs, l’ex-chef juge Eddy Balancy, devant qui avaient été initiées les pétitions électorales, est parti en retraite bien méritée, non ?
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