Publicité

Contrastes

7 juin 2020, 07:14

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

C’est la semaine du Budget, mais on en a tellement parlé déjà !

Parlons d’éducation plutôt

Le Guardian du 18 mai parle des 22 pays européens qui ont déjà rouvert leurs écoles, à divers degrés. À cette date, la vaste majorité de ces pays avaient des écoles ouvertes depuis 15 jours seulement, mais dans une vidéo-conférence, les ministres de l’Éducation de ces pays constataient donc, qu’il y a 15 jours, l’expérience se passait généralement bien et, surtout, que ces écoles ne semblaient pas avoir accéléré les cas de contamination, ni d’enfants, ni du personnel enseignant, ni de parents. Le Center for Global Development, de son côté, constatait la même chose, le 29 mai dernier sur son échantillon de pays qui, ouvrant leurs écoles, en moyenne, 30 jours après le «pic» n’avaient enregistré aucune détérioration de leur courbe de contamination, à une exception près, soit celle de Madagascar. Trop de Covid Organic à base d’artémisia, des fois ?

L’Angleterre et l’Afrique du Sud ont rouvert leurs écoles le 1er juin, l’Afrique du Sud n’ayant pourtant pas encore atteint son pic. L’Indonésie et le Pakistan, dont la courbe s’aplatit déjà, projettent des réouvertures bientôt.

Dix-sept de ces 22 pays étudiés par le Guardian avaient privilégié l’ouverture du préscolaire, du primaire et des classes terminales du secondaire. Le ministre français de l’Éducation, M. Blanquer, commentant la rentrée scolaire progressive en zone verte, puis en zone orange, après huit semaines de confinement, remarquait que sur 40 000 établissements scolaires, on n’avait détecté que 70 cas de coronavirus, qui étaient, dans la grande majorité, importés à l’école – de la maison. 30 % des élèves sont, à ce stade, retournés à l’école et beaucoup de médecins pensent que c’est moins dangereux d’aller à l’école (avec toutes les mesures prudentielles requises, bien entendu) que de rester à la maison, où trop de temps d’écran et un manque évident de socialisation peuvent aussi mener à des troubles psychologiques. De plus, retenir les enfants à la maison affecte, comme on peut se l’imaginer, les élèves de quartiers défavorisés, et les élèves qui ont déjà des difficultés scolaires, de manière disproportionnée.

Pour rappel, la France est le 12e pays le plus affecté au monde par le nombre de cas et le 5e le plus affecté par le nombre de morts, soit 29 065, et détectait toujours 767 nouveaux cas le 4 juin, tout en enregistrant 44 morts ce jour-là.

Par comparaison, nos enfants sont confinés à la maison depuis dix semaines et, à part le préscolaire qui va être réactivé ce mois-ci (selon quelle logique différente ?), aucun enfant n’a vu l’école ou ses amis, sauf à travers un écran, et attendra jusqu’au 1er août, c.-à-d. encore neuf semaines ! Pourtant, nous n’avons aucun nouveau cas indigène de Covid-19 depuis fin avril, cependant que le nombre de tests faits par million d’habitants est, selon Worldometers, le 16e plus élevé au monde. En effet, avec 97 692 tests par million d’habitants, nous précédons, maintenant, l’Espagne (86 921), la Grande-Bretagne (73 762), Singapour (69 864), l’Australie (61 983), les États-Unis (59 142), la France (21 216), même la Corée du Sud (19 330), La Réunion (19 221) et l’Inde (3 181). Il n’y a pas de chiffres pour la Chine et Madagascar est à 467 tests par million d’habitants.

Comment alors expliquer que l’on garde nos écoles fermées jusqu’au 1er août ? Nos enfants seraient-ils plus fragiles ou nos décideurs plus froussards ?

*****

Nos politiciens ne sont pas à une erreur près, mais comme tous les politiciens, ils ne l’admettront jamais. Prenez la simple question du «timing» du Budget. Dans ce contexte particulièrement difficile où il fallait faire avaler bien des pilules, n’aurait-il pas été psychologiquement plus avisé de déconfiner APRÈS le Budget ? La «libération» du lockdown aurait été alors ressentie comme émanant du Budget…

Cependant, aucun politicien au monde ne peut se frotter à Trump ces jours-ci pour le prix La Gaffe, au point où le New Yorker peut ironiser que sa meilleure prestation depuis le début de l’année a été déballée le jour où il a invité la communauté scientifique à considérer l’injection de désinfectants, style lysol, dans le corps de ceux atteint du Covid-19, ou à défaut de balayer l’intérieur des corps infectés avec de la lumière ultra-violet !

Depuis, il nous a appris qu’il prenait de l’hydroxychloroquine – alors que les tests cliniques sont loin d’être finalisés, a menacé de lâcher l’armée sur de vastes manifestations largement pacifiques dans le sillage du meurtre de George Floyd, a fait gazer une manif devant la Maison-Blanche afin qu’il puisse aller à l’église qu’il ne fréquente pourtant quasiment jamais, sauf pour des opérations de photos et a brandi une bible comme un accessoire de relation publique, ce qui lui aura valu l’opprobre de nombreux croyants et de leur hiérarchie religieuse. L’évêque épiscopalien de Washington fut très caustique dans ses remarques, par exemple : «Laissez-moi être clair : il n’est pas venu pour prier ! Il n’est pas venu pour exprimer du remords ou de la compassion. Il n’est pas venu partager le chagrin des autres, ni pour donner espoir à ces milliers de jeunes rassemblés au parc (Lafayette) aujourd’hui.» Son ex-secrétaire à la défense jusqu’en décembre 2018, le général Mattis, montait, lui aussi, au créneau le 3 juin pour dire que son commandant en chef était une menace pour la Constitution du pays et qu’il œuvrait pour profiter électoralement de l’opposition des Américains les uns contre les autres, au lieu d’au moins tenter de les unifier.

Comme si c’était insuffisant, il s’est même, depuis, fait rabrouer par plusieurs sénateurs républicains qui, jusqu’ici, à l’exception de M. Mitt Romney, ancien candidat à la Maison-Blanche, l’avaient tous soutenu, sans nuance, y compris lors de son procès de destitution. Des sénateurs de l’Alaska, du Nebraska et de la Caroline du Sud se sont dissociés du comportement étonnant de Trump, qui s’est même attaqué à Twitter, sa plateforme pourtant préférée, qui avait, selon lui, entravé sa liberté à diffuser de fausses informations ! L’ancien Joint Chief of Staff de l’armée, Mike Mullen, de son côté, décrivait son dégoût que l’on ait utilisé les forces de sécurité du pays pour dégager un passage pour le «photo-op» du président à l’église épiscopalienne St John. Pire ! Son secrétaire à la défense actuel, Mark Esper, s’est opposé à l’idée que le président Trump utilise l’Insurrection Act de 1807 pour déployer l’armée américaine contre des manifestations de citoyens, même si parfois violentes.

Comme on peut le voir, ces derniers jours n’ont pas été bien inspirés pour Trump. Tout étant affaire de comparaison, Pravind Jugnauth, entre sa mappe des Nations unies avec ses fautes de frappe, la destruction de logis de squatters sérieux ou pas, son Budget de haute voltige et sa ponction des réserves de la Banque centrale, s’en est sans doute mieux sorti.

Chez nous, il y a eu six morts en prison et c’est grave, même si pas aussi choquant que la vidéo de Floyd mourant de ne pouvoir respirer, mais nommer Servansingh comme commissaire de police est une initiative positive, bien accueillie pour un homme à la réputation d’intégrité et d’indépendance. Même si, selon les bruits de couloir, son mandat sera court et prépare l’arrivée de tiers plus accommodants…