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Post-Covid-19: la Team Europe pour promouvoir la transition vers une économie durable

5 août 2020, 09:40

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Post-Covid-19: la Team Europe pour promouvoir la transition vers une économie durable

 

L’actuel accord de partenariat de pêche durable concerne l’ensemble du secteur avec l’achat de canots et de bateaux semi-industriels.

Le monde vit une crise inédite depuis l’apparition du coronavirus: c’est tout d’abord une crise sanitaire qui a déjà coûté la vie à plus de 600 000 personnes; mais c’est également une crise avec un impact économique et social pro- fond et sans précédent. Les conséquences du «Grand Confinement» comme l’appelle le Fonds monétaire international affectent tous les continents. Le commerce mondial s’est fortement contracté au premier semestre de l’année; le tourisme et le transport aérien ont été très durement et durablement touchés. D’où des perspectives de faillite, de fermeture d’entreprises et de pertes d’emplois sur tous les continents. Maurice, dont l’économie est directement liée à la conjoncture internationale, n’est pas épargné. Si le pays a réussi à contrôler la propagation du virus, grâce à un confinement instauré par les autorités mauriciennes pendant plus de deux mois et à l’application de mesures sanitaires strictes, de nombreuses entreprises et des entrepreneurs individuels ont été contraints, dans plusieurs secteurs et pendant de longues semaines, de cesser toute activité. Et le pays fait désormais face à des défis importants, à commencer par le dilemme de la réouverture des frontières pour relancer l’économie.

Crise sanitaire, conséquences économiques et sociales… Aujourd’hui, les États font face simultanément à des préoccupations majeures alors que des incertitudes considérables perdurent quant à l’évolution de la situation tant sanitaire qu’économique. S’il reste beaucoup d’interrogations, il y a au moins une certitude: nous savons que pour gagner le combat contre l’épidémie et apporter une réponse forte et efficace aux conséquences majeures qu’elle a sur les sociétés et sur l’économie, il faut une action collective et concertée. De plus, et nous avons parfois tendance à l’oublier ou à vouloir l’oublier, le monde continue à faire face à deux autres grands défis planétaires que sont le changement climatique et la perte de biodiversité avec la dégradation des écosystèmes, défis qui reflètent, tout comme la pandémie de coronavirus, l’interdépendance entre l’homme et la nature. C’est la raison pour laquelle, au plus fort de l’épidémie, l’Union européenne (UE) et ses États membres ont décidé, en tant que Team Europe, de présenter un front uni et d’être solidaire de leurs pays partenaires à travers le monde, pour les soutenir, dans une réponse coordonnée et rapide, avec un accent particulier sur les mesures susceptibles de contribuer à une relance économique verte.

«La France, au travers de l’Agence française de développement, vient ainsi d’octroyer un prêt exceptionnel de 12 milliards de roupies pour répondre aux besoins immédiats de liquidités du gouvernement…»

Or dans ce combat contre le coronavirus, une région du monde retient particulièrement l’attention: il s’agit de l’Afrique. En effet, l’Organisation mondiale de la santé vient d’exprimer son inquiétude sur l’accélération de l’épidémie sur le continent et sur les besoins de solidarité renforcée qui en découlent tant au plan sanitaire qu’économique. Et c’est précisément sur cette toile de fond que se tiendra, en octobre prochain, à Bruxelles, le 6e Sommet Union africaine-Union européenne. La présidente de la Commission européenne et le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité avaient déjà dévoilé en mars dernier, juste avant que la crise sanitaire ne gagne tous les continents, une nouvelle stratégie avec l’Afrique; celle-ci postule avant tout un partenariat plus fort et plus ambitieux entre les deux continents. Si l’épidémie de Covid-19 est venue sensiblement infléchir les priorités avec un accent désormais prépondérant sur les problématiques de santé et d’environnement, la relation de l’UE avec l’Afrique apparaît plus que jamais déterminante car elle s’appuie sur une réalité incontournable qu’il s’agisse de notre proximité géographique, de l’étendue de notre coopération et de l’importance de nos relations commerciales et d’investissements sans oublier nos liens culturels. Le partenariat avec l’Afrique figure de ce fait au cœur du programme de la présidence allemande de l’UE qui a été lancé le 1er juillet.

Dès le début de la crise sanitaire, l’UE et ses États membres, en tant que Team Europe, se sont mobilisés pour dégager des moyens financiers et humanitaires conséquents en direction des pays africains. Nous avons ainsi pendant la période de confinement réalloué des programmes et financements existants pour soutenir de manière rapide nos pays partenaires, face à leurs besoins les plus immédiats, afin de gérer dans l’urgence la crise sanitaire, de renforcer la capacité de réponse des systèmes de santé, mais également de développer leur résilience face à de futures crises. Au niveau sanitaire, la réaction de la Team Europe est multiforme et consiste en: un soutien technique et financier au Centre africain de prévention et de lutte contre les maladies (Africa CDC) de l’Union africaine afin d’aider une trentaine de pays à contenir la propagation du virus; le renforcement, à travers des réseaux d’instituts médicaux spécialisés, des capacités de diagnostic rapide et de surveillance épidémiologique; l’organisation de ponts aériens pour acheminer dans le cadre de notre programme humanitaire ECHO du personnel et du matériel pour aider les populations les plus vulnérables. À cela s’ajoutent 64,7 millions d’euros mobilisés en faveur des pays de la région de l’Afrique australe pour faire face à la pandémie de coronavirus et à d’autres crises notamment alimentaires ou climatiques. Maurice bénéficiera d’un montant de 250 000 euros notamment pour la mise en œuvre du plan national Covid. Le combat contre l’épidémie ne pourra être gagné que si nous parvenons à maîtriser la contamination et la diffusion dans le monde. C’est ainsi que la Team Europe est en chef de file dans la mobilisation de la communauté internationale pour financer la recherche, la production et le déploiement de traitements, d’outils de diagnostic et de vaccins pour tous. Au niveau économique, la réponse de la Team Europe passe par un soutien en prêts et en subventions pour aider les pays à faire face aux conséquences économiques et sociales de l’épidémie. Elle porte également sur le soutien au moratoire sur le service de la dette extérieure pour donner les moyens aux pays qui en ont le plus besoin de concentrer leurs ressources sur la riposte à la pandémie.

À Maurice, la Team Europe a tout d’abord voulu réagir rapidement pour appuyer les efforts du gouvernement mauricien en direction des plus démunis en contribuant au Fonds de Solidarité. Notre objectif est ensuite de poursuivre et même de renforcer notre action pour accompagner le plan de relance économique. Dans ce contexte, la Team Europe travaille sur plusieurs fronts, avec les autorités mauriciennes, les acteurs du secteur privé et de la société civile, pour accompagner la relance d’une économie modernisée, durable et résiliente. Il s’agit notamment de:

• Renforcer la capacité et les moyens des autorités à répondre aux urgences sanitaires, économiques, sociales et fiscales causées par la pandémie de Covid-19 :

La France, au travers de l’Agence française de développement, vient ainsi d’octroyer un prêt exceptionnel de 12 milliards de roupies pour répondre aux besoins immédiats de liquidités du gouvernement, soutenir le tissu économique et industriel, conforter le système de protection sociale notamment au bénéfice des populations les plus vulnérables et construire une plus grande résilience vis-à-vis des catastrophes naturelles et celles liées au changement climatique. S’y ajoute une assistance technique de quelque 160 millions pour renforcer notamment la capacité de prévision et de planification du ministère de l’Economie et des finances.

Sur le plan sanitaire, l’UE et le gouvernement envisagent de réorienter totalement le programme de coopération bilatérale et de soutenir, avec un appui budgétaire conséquent de plusieurs millions d’euros, à court terme la mise en œuvre du plan Covid-19 et à moyen terme la stratégie santé 2020/2023 en cours d’approbation.

• Investir dans notre relation commerciale avec un objectif de croissance économique durable :

L’Union européenne poursuit et accélère les négociations, lancées en 2019, sur l’approfondissement de l’accord de partenariat économique avec Maurice et les quatre autres pays parties de l’accord. Le troisième cycle de négociations, organisé par visioconférence au début du mois de juillet, a permis de faire des progrès importants sur les barrières techniques au commerce, les questions douanières et la facilitation du commerce, les questions sanitaires et phytosanitaires et d’avancer vers une meilleure compréhension des attentes de part et d’autre sur les règles d’origine.

L’UE mobilise en parallèle une assistance technique à ces cinq pays, y compris Maurice, pour les accompagner dans les négociations et notamment renforcer leurs positions de négociation sur l’approfondissement de cet accord qui permettra d’améliorer l’environnement des affaires et les investissements et ainsi de promouvoir une croissance économique durable.

• Participer à l’amélioration du cadre des affaires et des investissements et encourager les partenariats avec les entreprises européennes ainsi que les initiatives durables :

Le programme d’appui à la mise en œuvre de l’Accord de partenariat économique, lancé en 2017, est toujours d’actualité avec 10 millions d’euros pour chacun des cinq pays en négociation. À Maurice, par exemple la signature d’un nouveau contrat d’un montant de 90 millions de roupies va permettre de mobiliser une expertise technique internationale auprès des autorités pour contribuer à la mise en œuvre des réformes nécessaires à l’amélioration du climat des affaires et des investissements.

Un nouveau projet d’entrepreneuriat et coopération commerciale pour la région océan Indien de 8millions d’euros, signé avec la Commission de l’océan Indien, sera opérationnel au quatrième trimestre de cette année. Il va renforcer les capacités des entrepreneurs, faciliter leur accès au crédit et la mise en relation B2B à travers un centre européen d’information commerciale dans l’océan Indien avec l’accent sur les PME dirigées par des femmes et des jeunes, ainsi que sur celles qui proposent des solutions «vertes».

• Accompagner la transition écologique des entreprises et soutenir la reprise dans le secteur du tourisme avec l’accent sur un tourisme responsable et durable:

À travers le programme novateur SUNREF, l’Agence française de développement soutient, avec une troisième ligne de crédit de 75 millions d’euros et une subvention de 7 millions d’euros de l’UE, la transition de Maurice vers une économie basse carbone, résiliente au changement climatique et inclusive.

Le projet SUS-ISLAND financé dans le contexte de l’initiative Switch Africa Green de l’UE aide, depuis 2018, l’ensemble des opérateurs du secteur du tourisme à adopter et promouvoir des pratiques durables. C’est dans ce contexte que la Tourism Authority a par exemple contribué à la mise en place d’un protocole sanitaire strict pour le personnel et les clients dans le contexte de l’épidémie de coronavirus et réalisé des vidéos promotionnelles de Maurice comme destination «Covid-safe».

• Contribuer à la lutte contre le changement climatique et à la protection de la biodiversité marine et terrestre:

Le programme régional de recherche BRIO de l’Agence française de développement, lancé en 2018, fournit aux États membres de la Commission de l’océan Indien des informations sur l’évolution du climat sur le long terme qui les aideront dans la mise en œuvre de leurs engagements au titre de l’Accord de Paris sur le climat.

Au titre de l’initiative DeSIRA, le FAREI (Food and Agricultural Research Extension Institute) et l’université de Maurice bénéficient depuis cette année de financements pour mener à bien leurs travaux de recherche au service d’une agriculture moderne. Par ailleurs, sous l’égide du ministère, le projet de développement d’une agriculture innovante (climate smart agriculture) permet aux petits planteurs à Maurice et à Rodrigues d’opter pour des cultures adaptées au change- ment climatique, d’utiliser moins des produits phytosanitaires et de protéger la santé des consommateurs et l’environnement. Tous ces programmes visent ainsi à soutenir l’effort des autorités mauriciennes pour une meilleure autosuffisance alimentaire.

Un nouveau programme pour rétablir la couverture des forêts primaires de Maurice sera bientôt lancé; il sera mis en œuvre par le National Parks and Conservation Services en ligne avec la stratégie nationale.

• Soutenir les pêcheurs artisanaux et renforcer les capacités des autorités pour mieux gérer leurs ressources de pêche en faveur d’un secteur durable et prospère:

Le financement disponible au titre de l’actuel accord de partenariat de pêche durable (que nous avons signé avec le gouvernement de Maurice en 2017) concerne l’ensemble du secteur avec l’achat de canots et de bateaux semi-industriels, la mise en place d’un système de surveillance des navires et le renforcement des capacités des autorités compétentes pour lutter contre la pêche illicite et mieux gérer leurs ressources marines.

Le nouveau programme régional E€OFISH, d’un montant de 28 millions d’euros, lancé en 2019, permettra de promouvoir la pêche durable dans la région, de renforcer la capacité des États à mieux gérer leurs ressources et de contribuer au développement d’un secteur de la pêche générateur de croissance et d’emplois.

Au-delà du financement conséquent qui, avec le prêt de l’Agence française de développement, fera de la France le principal partenaire financier du pays, la Team Europe travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires, guidée par l’existence d’un partenariat solide avec la République de Maurice et la volonté de le consolider. Notre engagement est d’accompagner la vision du gouvernement, exprimée lors des premières Assises de l’environnement, de promouvoir la transition vers une économie plus durable soutenue par des technologies adaptées et des mécanismes de financement innovants. C’est l’esprit même du Pacte Vert qui est au cœur de la stratégie de relance de l’économie proposée par la Commission européenne pour une économie durable et moderne, basée sur l’innovation.

Si l’heure est encore et surtout à la protection de la santé des populations, il est urgent de répondre aux enjeux économiques et sociaux et faire de sorte que personne ne soit laissé de côté. Dans cette réponse, il est fondamental de ne pas négliger l’enjeu environnemental. Le changement climatique ainsi que la dégradation des écosystèmes sont réels; ils ont un impact sur notre vie. Pour relancer l’économie suite à l’épidémie de Covid-19, nous avons une opportunité réelle de changer les choses, en tenant compte de la relation homme-nature, pour investir dans la construction d’une société plus durable, plus moderne et plus résiliente, fondée sur une utilisation durable et maîtrisée des ressources de la Terre. La place de la transition écologique dans la stratégie de relance était au cœur du dialogue sectoriel de haut niveau que nous avons tenu avec le gouvernement de Maurice sur le changement climatique ce 27 juillet. Ce sujet guidera l’action de la Team Europe qui restera engagée aux côtés des autorités mauriciennes pour poursuivre une relance économique verte et bâtir la résilience du pays face à de futures crises.