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The avatar of Mauritius: from Stella Clavisque Maris Indici to SUS-Island to Wakashiostan
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The avatar of Mauritius: from Stella Clavisque Maris Indici to SUS-Island to Wakashiostan
De Stella Clavisque Maris Indici à SUS-Island, quel parcours accompli par Maurice au cours de ces derniers siècles. Maurice a été reconnu comme un pays exceptionnel depuis des siècles. Pas seulement en temps modernes, quand le nombrilisme et la vantardise aidant, nous nous sommes présentés comme des êtres exceptionnels vivant dans un pays à beauté exceptionnelle. Les grands colonisateurs et les navigateurs arabes avant eux ont reconnu l’attrait exceptionnel de Maurice. Les Arabes avaient d’ailleurs donné le nom de Dina Arobi, soit lumière de l’Arabie, à l’île.
Mark Twain s’est moqué de la vantardise des Mauriciens. Ayant visité Maurice circa 1895-1896, il constata vite que les habitants de l’île se croyaient être particulièrement doués, affirmant que Dieu avait créé le Paradis en copiant sur Maurice. Mark Twain tourna en dérision la vantardise des habitants qui prétendaient que «Mauritius was made first, and then heaven; and heaven was copied after Mauritius». Seulement, ce que cita Mark Twain pour se moquer des Mauriciens, les naïfs le prirent au premier degré et 50 ans après cela devint un slogan non seulement pour attirer des touristes mais même comme citation sur l’étiquette d’une marque particulière de rhum.
Pas tous les étrangers n’étaient cyniques comme Mark Twain. Des colonisateurs croyaient dans les attraits de l’île. C’est ainsi qu’un compliment en latin, Stella Clavisque Maris Indici, fait partie des armoiries de la nation. Le latin est traduit en Étoile et Clé de l’océan Indien. Bien après l’ouverture du canal de Suez, on croyait toujours Maurice la clé de l’océan Indien. Cela pourrait expliquer la stupide croyance de nos gouvernants dans le passé selon laquelle les Indiens et les Chinois devaient nécessairement passer par Maurice pour aller investir en Afrique. Toujours la même posture idiote d’un super-conseiller au bureau du Premier ministre qui, après les élections de 2014, crut que Maurice devrait deve-nir la plaque tournante pour tous les échanges aériens entre l’Asie de l’Est et le continent africain. Ce qui amena Air Mauritius à signer un accord avec l’aéroport de Singapour.
Bien avant que le présent gouvernement n’amène Maurice au statut de SUS, nous n’avi-ons pas manqué d’exagérer sur nos atouts. Pendant longtemps, nous avons cru que nous étions les seuls bilingues anglais-français du monde et cela même le petit peuple l’a cru avec des affirmations genre «français ze conne, anglais ze débrouille» après une bonne séance de chopine-six à la manière du haut-parleur qu’on connaît. Or, de nos jours, les élites des pays colonisés par la France maîtrisent mieux l’anglais que les Mauriciens. C’est un fait qu’on constate dans les rencontres internationales. Une ancienne colonie francophone, le Rwanda, est tout bonnement devenue anglophone.
Même tendance d’exagération pour vendre le coté physique de Maurice. Comme les plus belles plages du monde. Il y en a 300 du genre dans le monde. Ou le pays le plus cosmopolite avec plusieurs communautés. Comme si Londres et New York sont monochromes. Toutefois, nous avons aussi connu de grands moments de modestie et de générosité. Par exemple, en tentant de prendre sous nos ailes La Réunion et d’autres îles pour de grandes promotions touris-tiques à l’étranger.
C’est ainsi qu’on inventa le concept des Îles Vanille. Aux touristes qui étaient tout excités à l’idée de visiter Maurice – après des décennies d’intense marketing – on leur proposait aussi un séjour à la Réunion. C’était comme si le concessionnaire de Ferrari consacrait une large place dans son showroom à des voitures de 700 cc. construites en Iran ou en Indonésie. Si le ridicule tuait, on aurait tenu une élection partielle à Maurice car au moment même ou nous vendions notre île dans un package avec nos voisins, La Réunion, elle, faisait sa propre promotion touristique à l’étranger.
Le SUS de 2020, SUS voudrait dire sustainable, durable. Donc, Maurice, île durable – merci Osman Mahomed et Joël de Rosnay. Slogan sans doute destiné à des intellectuels en Europe. Ces derniers seraient sans doute choqués de voir comment les autobus et camions crachent d’épaisses fumées dans le ciel mauricien et comment une île ensoleillée produit son énergie à partir du charbon de terre.
Sans parler de la façon tellement scandaleuse dont on a géré le naufrage du Wakashio. On n’a rien fait pendant deux semaines pour éviter des fuites de fioul pouvant endommager nos coraux, notre faune et flore marine, nos plages et priver les pêcheurs et les opérateurs touristiques de leur gagne-pain. Gageons que s’il y avait de grosses commissions à toucher avec le Wakashio, des décisions auraient été prises à la vitesse de l’éclair comme dans le cas de l’importation d’urgence d’équipements et de médicaments dans le contexte du Covid-19. Après SUS-Island, welcome to Wakashiostan.
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