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Pas facile ! Nécessaire…
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Pas facile ! Nécessaire…
M. Sameer Sharma est un jeune financier de talent et le débat qu’il a lancé sur l’express, en interpellant Lord Desai, ce mercredi sur les premières interventions de la Mauritius Investment Corporation (MIC) est intéressant et salutaire, car, comme toujours, c’est du débat d’idées contradictoires que finira par jaillir la lumière.
Je n’ai rien à dire sur les aspects techniques mis en exergue par M. Sharma qui, d’évidence, connaît bien mieux son sujet que moi. Je ne vais donc pas débattre de «Hard Call» ou de «Black Scholes» ou des mérites de l’IFRS9 et je n’oserais pas répondre à la place de Desai, mais il faut quand même souligner quelques faits de bon sens incontournables.
Le premier, c’est que, tout comme dans une vente, il faut aussi dans le cas d’un financement, un «willing issuer» (mettons Lux dans ce cas) et un «willing subscriber» (MIC) pour qu’une transaction puisse se finaliser.
Le deuxième, c’est que la Banque centrale a correctement jugé, comme le responsable de la stabilité financière du système bancaire, qu’il était nécessaire d’offrir une alternative de financement qui soit crédible et jouable. On a fait l’argument que les fonds de la MIC étaient l’argent du peuple. Sûrement ! Mais n’oublions pas ce qui l’aura créé au départ, c’est l’activité économique privée, y compris celle du tourisme et que dans le système d’économie mixte, les compagnies doivent être profitables pour payer des taxes et des dividendes qui sont, évidemment, irréversibles.
Troisièmement, il est clair qu’il y a un contexte exceptionnel qu’il ne faut pas oublier et sur lequel il faut mettre un prix. Les dégâts anormaux créent par le Covid-19 ne sont pas le fait de Lux Resorts ou d’autres groupes hôteliers comme lui-même. Je ne me perdrais pas dans des débats, à ce stade oisifs, sur si le coronavirus est un «acte de Dieu», le résultat d’une conspiration chinoise ou un cadeau-retour de Gaia pour tout le mal que nous faisons à la planète, mais il est clair que l’État mauricien doit aussi assumer ses responsabilités dans cette situation et faire des choix. L’État pouvait choisir, à un extrême, de laisser couler le secteur. À l’autre, je suppose que l’État peut choisir d’être dément et de tout nationaliser ? Le gouvernement, comme il se doit, s’est soucié principalement de préserver l’emploi, puisque contrairement à une économie plus dynamique, il y a, ici, bien moins de chances de recycler des employés licenciés vers de nouvelles activités plus fiables. Il y avait un prix à payer pour cela. La solution MIC est à mi-chemin de ces extrêmes et a pour but de protéger le secteur bancaire et, par là même, de sauvegarder un maximum d’emplois, comme ambitionné par le gouvernement.
Le quatrième aspect qu’il faut sans doute mentionner, c’est la notion du «fait du prince». Dans le Code civil, cette notion décrit la responsabilité du «prince» (dans notre cas le gouvernement) qui prend des décisions qui affectent des citoyens de manière anormale. S’il est clair que dans sa mission déclarée de protéger la santé de la nation avant tout, il fallait sans doute fermer les frontières en mars, ce qui, par ailleurs, assurait que le dernier cas de Covid-19 indigène remonte au 26 avril, il est sans doute moins facile d’arguer que le maintien de la fermeture du ciel jusqu’ici (et jusqu’à quand?) est «normal». Nous avons eu du temps pour voir ce qui se faisait ailleurs, ce qui marche ou pas, d’apprendre plus sur la maladie, d’acheter des stocks de PPEs, de médicaments, de respirateurs à meilleurs prix, de construire, depuis mai, un laboratoire à Plaisance, de fignoler des protocoles raisonnables, mais le gouvernement n’a, cependant, toujours pas pris de décision… Cela a inévitablement des conséquences, y compris sur le «pricing» d’une émission de dette convertible…
Le cinquième aspect à souligner, c’est que M. Sharma ne reconnaît la situation globale exceptionnelle que rarement dans sa missive à Lord Desai. Une première fois en parlant de «distressed investing» (paragraphe 3) et une deuxième fois en reconnaissant que «some leeway in pricing… can be negotiated based on other factors such as protecting jobs…» et propose de recruter des spécialistes dans le secteur du «distressed investment» pour ce faire. Goldman Sachs, vous croyez (1) ?
Sixièmement, ce qui devrait inquiéter la MIC le plus dans la situation actuelle du tourisme, ce sont les prévisions de cash-flow, attendu que l’on ne sait pas quand les frontières vont rouvrir et que l’on ne sait pas non plus à quelle cadence la situation normale de 2019 va être reproduite… Comment «price» une obligation dans de tels cas ? L’avis d’une grosse pointure dans le «distressed investment» va coûter très cher. Est-elle disposée à se faire payer seulement si ses prévisions se matérialisent ? Et vous croyez que l’avis d’une grosse pointure sera la même si elle est recrutée indifféremment par la MIC ou par ses clients ? Vous voyez la difficulté à l’horizon?
Finalement, je trouve extrêmement léger d’avancer que la MIC «pé institutionaliz koripsion» sans même un début de preuve à ce stade, autre qu’une image générale du gouvernement et de proposer que «Lux finn gagn lotri dépi rézerv BoM», comme l’affirmerait apparemment le leader de l’opposition, M. Arvin Boolell, surtout qu’il ne précise pas le «package» qui lui serait acceptable, à lui ! M. Sharma, tout en précisant ce que la MIC aurait pu faire pour mieux protéger l’argent public, ne finalise pas une proposition non plus et s’en remet à des spécialistes indépendants – à recruter. Si ce genre de point de vue tétanise les travaux de la MIC et mène au gel ou à des délais additionnels et éventuellement à des fermetures, ce sera, il me semble, encore plus grave…
La MIC a le mérite d’exister. Aucune solution ne sera jamais parfaite. La MIC n’aurait pas dû être sur le bilan de la BoM. Sa gouvernance aurait pu être différente. Son «pricing» aussi. Cependant, dans la situation exceptionnelle qui accable le pays, des décisions ont été prises, il y avait des compromis à trouver et il faut désormais avancer. Chacun assumera ses responsabilités.
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D’ailleurs, pourquoi n’ouvre-t-on pas les frontières ; l’ouverture plutôt biscornue du 1er octobre, avec 14 jours de quarantaine obligatoire, n’en étant clairement pas une ? Parce que la priorité nationale absolue, c’est la bonne santé de la population nous dit-on.
C’est une bonne raison en soi. A priori. Jusqu’au moment où l’on met dans la balance les conséquences économiques qui s’ensuivent et que l’on fouille un peu plus la réalité. Prenez le tableau suivant, par exemple. Il résume les chiffres de mortalité du Covid-19 en Angleterre et au Pays de Galles:
Outre le fait que le tableau indique à quel point les hommes sont plus vulnérables que les femmes (sauf pour la tranche 90 ans +, auquel moment il reste moins d’hommes à tuer de toute façon…), il confirme une vérité criante : le taux de mortalité est largement moins que 0,8 % de la population si l’on a moins de…80 ans ! Puisque nous devons tous, en finalité, mourir, cela ne suggère-t-il pas de s’occuper des vieux de manière privilégiée, plutôt que de mettre des économies entières en panne, de créer du chômage, des dettes, de l’anxiété inutile, de la déstabilisation sociale ?
Si l’on pense que nous aurons à vivre avec le Covid pendant des années encore (comme avec l’influenza un peu moins mortelle, mais qui tue aussi !), vaccin ou pas, n’aurions-nous pas intérêt à offrir à nos vieux l’option, gratuite s’entend, d’être regroupés dans des hôtels quatre-étoiles à monter, où ils ne seraient pas fermés dans leur chambre, où ils pourraient sortir, marcher dans le sable, faire trempette et être bien soignés ? Le problème à résoudre dans ce cas serait l’interface avec l’extérieur, c.-à-d. le personnel, les médecins ou la famille qui rendra visite, …Un protocole strict devrait protéger ces hôtels comme des «bunkers», les visites devraient être minimisées ou même interdites, si nécessaire. Le personnel qui ne serait admis qu’avec une certification de test PCR «propre» resterait dans l’hôtel 15 jours avant de se faire remplacer par une autre équipe de relève «propre». À la moindre alerte, le cas suspect irait dans un service médical spécialisé.
Le point est que chaque semaine qui passe rend le maintien des frontières fermées plus insoutenable pour la nation et qu’en cas d’ouverture, il est beaucoup plus rationnel de protéger nos vieux de manière regroupée que de les exposer, à la maison, aux vecteurs divers qui seraient porteurs de Covid-19, c.-à-d. enfants, cousins, facteur, cuisinière compris.
Je sais que ce qui est écrit ci-dessus n’est pas politiquement correct pour tous. Je pense néanmoins qu’à force de systématiquement rechercher la solution la plus facile, la plus émotionnellement satisfaisante, nous allons le payer très, très cher. C’est déjà trop largement le cas et ça ne peut qu’empirer!
https://www.bbc.com/news/business-53529075
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