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Économie du bien commun

10 octobre 2020, 08:54

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C’est pratiquement la même configuration inédite aux quatre coins du monde ; la crise sanitaire va de pair avec la crise économique. Si le monde de demain se réinvente aujourd’hui, investisseurs et économistes évoquent, de bon cœur, un modèle moins cartellisé, moins globalisé et plus humain ; une sorte de retour aux circuits courts.

On parle ainsi du début d’une démondialisation et d’un accent plus prononcé sur des économies à taille humaine, sur le local, voire le régional. À cet égard, l’économiste Jean Tirole observe qu’il n’est pas possible de se protéger des pandémies en abandonnant la globalisation, voire en se transformant en Corée du Nord.

Dans la pratique, nous n’en sommes pas encore là. Et ce n’est PAS non plus ce que nous donne à voir Wall Street, qui célèbre, ces temps-ci, la victoire des plus puissants, comme les géants du web qui tirent profit de la double crise.

Pour rester compétitifs dans ce monde en décomposition, les pays arrosent le marché de liquidités et de subventions. Ils rivalisent de mesures de soutien économique envers salariés, entrepreneurs et groupes indépendants, en particulier dans les secteurs de l’hôtellerie, restauration, événementiel, culture et loisirs. Il s’agit de protéger les employés avec des fonds de solidarité inédits.

Le FMI a semé un vent de panique avec ses sombres prédictions : 30 millions de chômeurs et une récession de 5,7 % en 2020. En attendant, les appels à la relocalisation et à la relance de l’économie ne peuvent cacher le caractère intrinsèquement insoutenable du système productif mondial. Dans le rapport Global Resources Outlook to 2060, l’Organisation de coopération et de développement économiques estime que l’extraction de ressources naturelles devra augmenter de 111 % (150 % pour les métaux et 135 % pour les minéraux) pour alimenter une croissance annuelle mondiale de 2,8 % d’ici à 2060.

Fidèle à sa grille ultra-libérale, le Wall Street Journal, qui a accompagné le développement de la finance américaine depuis 1889, constate que «l’envolée de la Bourse n’est peut-être pas aussi folle qu’il y paraît». C’est une sélection draconienne entre les valeurs, alors que le gros des entreprises a fait le point lors de la publication de leurs résultats trimestriels. Et les chiffres ne mentent pas : l’effondrement qu’on aime décrire n’est pas général. La Silicon Valley se porte mieux que jamais et le secteur de la grande consommation connaît une de ses plus belles croissances – contrairement aux secteurs de l’énergie, transports, PME, agriculteurs, aviation…

Ce qui complique la donne, c’est le manque de visibilité par rapport au coronavirus, qui reprend sa folle course en Europe, et au vaccin. Certes, après le confinement, l’activité a repris, et dans certains secteurs a pu même retrouver un semblant de normalité (la construction par exemple, même si les nouveaux chantiers ne vont pas s’ouvrir de sitôt).

La question qui se pose alors : combien de temps le monde peut-il tenir avec des économies qui ne peuvent/pourront pas tourner à plein régime ? Certes, les gouvernements se doivent d’étendre les mesures de protection sociale et stimuler l’économie. Mais il est de notre devoir à tous de réfléchir sur comment reconstruire un monde «plus équitable, plus vert, plus durable, plus intelligent et surtout plus résilient». Dépendant de nos perspectives, certains peuvent voir le verre à moitié vide, d’autres décèlent dans le marc de café des «signes positifs», mais personne ne peut prétendre que nous sommes sortis d’affaire.

Nous vivons toujours dans l’incertitude d’une deuxième vague mondiale du coronavirus. La Bulgare Kristalina Georgieva, patronne du FMI, évoque, elle, «la valeur distordue des actifs, la volatilité des prix des matières premières, la montée du protectionnisme et l’instabilité politique» comme autant de risques pour l’économie du bien commun.

Notre salut ? La découverte et la commercialisation d’un vaccin anti-Covid-19 seraient une solution à la double crise.

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L’annonce du décès d’Eddie Van Halen, cette semaine, à 65 ans, a ému tous ceux qui ont déjà écouté sa musique.

Une anecdote sur cet immense artiste mérite d’être racontée. Au tout début des années 80, le producteur Quincy Jones recherche un solo guitar player pour la chanson Beat It. Tout le monde sur la place lui recommande Eddie Van Halen, véritable virtuose de la guitare, qui est très demandé.

Jones arrive à le convaincre de venir jouer sur la chanson de Michael Jackson, qui n’était pas encore une megastar. Van Halen ne veut pas être payé, mais accepte deux caisses de bière. Il le fait pour encourager un jeune artiste talentueux.

Son solo sur Beat It déchire tout et reste dans les annales ; il donne une autre dimension à la chanson, dont la sonorité devient magique avec les riffs de guitare mythiques de Van Halen. Et du coup, Thriller est devenu l’album le plus vendu au monde.

Van Halen, qui a inspiré des générations d’artistes, n’est pas parvenu, en 1984, à se hisser à la première place des ventes d’album. Michael Jackson, devenu, avec Beat It/Thriller, une légende, l’avait devancé.