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En marche arrière

7 novembre 2020, 07:13

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Messages insidieux, chemins sinueux, temps orageux.

La marche du temps, inexorable, n’a pas forcément fait évoluer les mentalités. Certains regards restent fixés sur le rétroviseur, comme si l’on redoutait de se faire doubler par le présent.

Lors de la commémoration, cette semaine, du 186e anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés, le Premier ministre et son ministre de la Culture ont véhiculé un discours, autour du symbolisme de la marche, qui pourrait s’apparenter à un cri de ralliement envers les descendants de ceux ayant emprunté les marches de l’Aapravasi Ghat.

«Nos ancêtres ont tracé notre avenir grâce à leur sueur et leur sang. Avec leur bénédiction, on va toujours marcher la tête haute. Laissons-nous guider par la lumière qu’ils ont allumée...», a déclaré Pravind Jugnauth, alors que son ministre de la Culture, un brin provocateur, est allé bien plus loin, pour défendre le gouvernement face aux critiques de la rue.

Ainsi Avinash Teeluck, ancien nominé politique travailliste et proche de la Hindu House, qui avait comparé, en 2014, Navin Ramgoolam à Lord Ram, avant de virer, en bon opportuniste, sa casaque en 2019 et de traiter Pravind Jugnauth de divinité, a eu ceci à dire : «Marse komie ou anvi marse, nou nou ena enn larout a fer»...Voilà donc la réponse d’un ministre de la Culture à des dizaines de milliers de Mauriciens qui ont participé aux marches citoyennes et qui ont à coeur le mauricianisme !

Et dire que cet esprit étriqué habite un corps de jeune et a à sa charge le développement de la Culture... c’est à désespérer de notre classe politique, qui module son discours et ses livres de chevet en fonction des agendas socioculturels et du Premier ministre en place.

Après de tels discours, fallait-il s’étonner que la police rende la vie dure à Bruneau Laurette, qui tente laborieusement une incursion au numéro 8, circonscription du Premier ministre, qui abrite deux institutions qui sont tout sauf indépendantes : la MBC et l’ICAC, qui ont toutes deux compris l’importance de ne pas braquer les lumières de Divali sur l’obscur Angus Road...On dirait qu’elles ont intériorisé le refrain : marse komie ou anvi marse, nou pena nanie a dir lor Angus Road. C’est vrai : l’avenir de leur dirigeant a été ainsi tracé et ils ont intérêt à mars drwat. Sinon leur contrat risque d’être résilié.

Après le succès populaire des précédentes marches, celle du 8 au numéro 8 n’aura, donc, pas lieu. Tant mieux, car il y avait une tension dans l’air. Certains avaient déjà commencé à brandir des sabres alors que d’autres préparaient une «prière» spéciale. Contrairement à Port-Louis et Mahébourg, St-Pierre ne sera pas envahi par une marée humaine en quadricolore. En pleine campagne des élections villageoises, à qui profite cette non-marche ?