Quand Bill Clinton battit George W. Bush en 1993, le rédacteur-en-chef d’une publication mauricienne très connue à cette époque ne put cacher son enthousiasme et exprima même la possibilité que le contentieux Diego Garcia allait être résolu sous le mandat du jeune président démocrate.

Mais après deux mandats de Clinton, deux de ce George W. Bush élu en 2000, deux de Barack Obama et un de Donald Trump, soit 27 ans après, rien n’a changé dans l’attitude des Américains. Ils se cachent sous la robe de la Grande-Bretagne en demandant à Maurice d’aller discuter Chagos plutôt avec les Britanniques. Depuis, Maurice a remporté quelques batailles juridiques et diplomatiques sur les Chagos mais dans l’essentiel, les Américains sont restés imperturbables.

Puisque les Chagos et la base américaine de Diego Garcia empoisonnent d’une certaine façon les relations entre Maurice et les Etats Unis, le passage de Donald Trump à Joe Biden va-t-il changer les données sur cette question? Très probablement non. Car les intérêts stratégiques et géopolitiques des Etats-Unis ne sont pas déterminés uniquement par le locataire de la Maison Blanche mais surtout par les gens qui dirigent la plus grande puissance miliaire du monde et leurs partenaires, les grands fabricants d’armes et d’équipements. Il faut aussi compter avec le service des renseignements et les différents think-tanks qui exercent une influence certaine sur le Congrès et le Senat de même que sur l’administration. A moins que le président Biden compose avec la montée en force de la Chine et conclue un accord de non-belligérance avec l’Iran et la Corée du Nord, rien ne changera dans les intérêts à long terme des Etats-Unis. Donc, maintien de la base de Diego Garcia où il est surtout question d’armes de frappe sophistiquées à longue portée avec minimum de fatalités chez les militaires US.

L’autre facteur dans l’équation Maurice-USA, c’est l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un mécanisme mis en place par le Républicain George Bush en 2000 et qui permet aux pays africains sub-sahariens dont Maurice d’exporter leurs produits exempts de frais de douane vers les Etats-Unis. L’AGOA incite donc ces pays africains à développer leur propre capacité de production dans un contexte où la Chine exerce une position dominante comme fabricant N°1 du monde. Alors que Trump n’ a jamais caché son antagonisme envers la Chine, un assouplissement très probable d’une administration Biden permettrait à Beijing de consolider davantage sa position et rendrait les pays producteurs africains encore plus vulnérables. Il serait utile de noter que l’AGOA de Bush n’avait pas suscité de grand enthousiasme auprès de son successeur démocrate Obama.

En quoi Maurice profiterait du changement radical d’une administration Biden par rapport à la politique climatique de Trump ? En effet, la nouvelle administration serait certainement très écolo, ce qui plairait aux intellectuels et aux universitaires qui soutiennent traditionnellement les Démocrates. Il se peut que Maurice profite de nouveaux projets de lutte contre le réchauffement climatique et la hausse du niveau de la mer. Maurice a depuis longtemps établi sa réputation de pouvoir manœuvrer avec dextérité avec son bol (katori maintenant ?) de mendiant auprès des riches et des puissants.

Puisque Biden serait aussi sensible sur la question de protection des animaux, il faudrait souhaiter qu’il n’interdise pas l’entrée sur le territoire américain de ces très beaux et robustes singes mauriciens. L’exportation aide à assurer une rentrée de précieux dollars US tout en aidant à contrôler la population de ces animaux. Une interdiction d’exportation pourrait éventuellement entraîner, après le jardin de Balfour, l’invasion du shopping mall de Bagatelle par ces charmants animaux.

Un aspect prometteur de l’administration Biden que les Mauriciens ne manqueront pas d’exploiter, c’est la vice-présidente Kamala Harris, dont le père Donald Harris est Jamaïcain et la mère, Shyamala Gopalan, Indienne. Les Indiens, les membres de la diaspora indienne, les Mauriciens et même les Réunionnais ne manqueraient pas d’exploiter cette filière. D’ailleurs, notez comment la vice-présidente Kamala Harris est présentée par le Dr Selvam Chanemougame, un médecin né à Pondichéry en Inde et maintenant établi à la Réunion : Kamala la candidate d’origine tamoule de par sa mère originaire de Chennai, à la vice-présidence des Etats-Unis, confesse que son plat préferé est IDLIS avec un délicieux SAMBAR! J’espère qu’elle sera élue à la tête des Etats Unis !!

Puisqu’on dit que Biden est trop vieux pour pouvoir diriger et que la vraie patronne de la Maison Blanche serait Kamala Harris, voilà un autre monde qui s’annonce palpitant pour certains…