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L’absence de synergie
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L’absence de synergie
Elle s’appelle Liyana. Elle a trois ans. À cet âge, elle aurait dû se retrouver, surtout en ce temps de vacances, à jouer, à courir, à explorer et découvrir son monde. Mais, présentement, Liyana est dans une salle d’hôpital à Chennai, en Inde. On lui a diagnostiqué, il y a quelques semaines, une leucémie.
Le déplacement a été rendu possible grâce au plan de soutien du ministère de la Santé. Celui-ci a contribué à hauteur d’environ Rs 1 million. Mais, cette somme, explique-t-on du côté de la famille de l’enfant, risque probablement d’être insuffisante car on ne sait pas combien de temps nécessitera le traitement. On craint donc qu’une fois qu’elle sera épuisée, l’on ne sache pas vraiment quoi faire, l’éventualité d’un ‘top up’ de la part de l’État restant floue.
C’est révoltant. Année après année, le rapport de l’Audit dénonce des gaspillages se chiffrant non pas en milliers, ni en millions mais en milliards de roupies. On est capable d’acheter des équipements médicaux – sous prétexte qu’on est en situation d’urgence – mais lesquels sont jusqu’ici non-utilisés, uniquement pour satisfaire l’avidité des proches du pouvoir, d’offrir des emprunts sans garantie qui ne seront jamais remboursés. Il y a des cas – comme pour la construction du complexe multisport de Côte-d’Or – où le montant initialement «earmarked» est revu à la hausse pour atteindre presque le double. Là aussi, on fait le nécessaire pour trouver les fonds. Mais, pour sauver un enfant du sol, il y a toute une procédure et un supposé plafond à respecter. La vie d’un être humain est tributaire d’un plafond alors que celui-ci ne s’applique pas pour les autres projets à coups de milliards, dont certains sont des éléphants blancs.
Ce qui est déplorable aussi, c’est l’absence de synergie. Ce cas n’aurait-il pas dû attirer l’attention et mobiliser les ressources du ministère de l’Autonomisation des jeunes, des sports et des loisirs, dans la mesure où on parle là d’une jeune enfant qui représente l’avenir du pays ?
Et, le ministère de l’Égalité du genre et du bien-être de la famille, il est où ? N’est-ce pas là son devoir d’apporter son soutien car il y va forcément du bien-être d’une famille ? Vous vous imaginez dans quel état d’esprit se trouvent les parents, les grands-parents et autres proches de la petite Liyana ? L’inquiétude que cela génère quand un enfant est malade. Elle qui a l’habitude de faire des grands discours, elle est où la ministre Koonjoo-Shah ? Ne sait-elle pas que le premier droit de l’enfant est le droit à la vie ?
Un autre ministère est concerné. Il s’agit de celui dirigé par Fazila Jeewa-Daureewoo, soit celui de l’Intégration sociale, de la sécurité sociale et… la solidarité nationale. Mais bon, pour ceux que l’on appelle pourtant les «honorables», les mots restent seulement des mots et ne deviennent que très rarement des actions. Donc, pour la solidarité nationale, il faudra repasser !
Ces trois ministères auraient normalement dû agir en synergie avec celui de la Santé pour apporter leur aide à Liyana. Mais en même temps, ce n’est pas si surprenant que cela ne soit pas le cas, tant la vision de nos élus est étriquée, se portant sur leur propre personne.
Si les dernières autorités citées ont choisi de rester inactives, les habitants de Résidence Vallijee, là où habite Liyana, se sont, eux, mobilisés. À l’initiative de quelques travailleurs sociaux, une foire a été organisée le week-end dernier afin de lever des fonds pour aider la famille. Jeunes, moins jeunes, aînés, toutes races, religions et communautés confondues, tous ont mis la main à la pâte. Il n’y a pas eu de calcul d’aucune sorte. Juste l’envie d’aider, d’apporter sa contribution. C’est l’esprit de solidarité et surtout le mauricianisme qui ont primé.
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