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Scènes d’insurrection: De Washington DC à Port-Louis
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Scènes d’insurrection: De Washington DC à Port-Louis
Deux capitales, séparées par une quinzaine de milliers de kilomètres, deux océans et deux contextes politiques distincts, ont vécu des scènes d’insurrection qui marqueront leur histoire politique.
À Port-Louis, hier, des centaines de citoyens, dressés derrière des barricades sur la place Cathédrale, se sont élevés contre le dispositif policier abusif et outrageant déployé pour protéger un ministre de la République, qui ne voulait pas entrer dans le box des accusés, à l’inverse du commun des justiciables. Les citoyens n’avaient jamais vu une telle mobilisation des forces de l’ordre, de «snipers» et de blindés dans le cadre d’une simple comparution devant la cour intermédiaire et n’ont pas manqué de démontrer leur indignation. Même sir Gaëtan Duval (affaire Azor Adélaïde), Navin Ramgoolam (affaires Roches-Noires, des coffres-fort et bien d’autres) et Pravind Jugnauth (affaire MedPoint) n’avaient pas eu droit à un tel dispositif policier, avec des artères et rues fermées. Ce qui provoque la colère populaire et, surtout, ces questionnements : de quoi a peur un régime qui vient de se faire élire, il y a un an, pour déclencher ce climat de guerre civile ? Le commissaire de police, apparemment en partance, et qui souhaite manifestement rester dans les bons papiers du gouvernement du jour, a-t-il abusé de la Police Act et de la Road Traffic Act, et a-t-il violé les droits constitutionnels de plusieurs, dont leur liberté de mouvement, pour plaire aux princes du jour ? Avec un tel précédent, la police ne crée-t-elle pas un sentiment de justice à géométrie variable, selon que vous êtes ministre ou simple citoyen ? Pourtant, la police est au service de la population – et non pas aux ordres d’un parti politique.
Mercredi, à Washington, DC : des images tout aussi inimaginables. Là-bas, en revanche, les forces de l’ordre sont restées neutres face à des partisans surexcités du président sortant, Donald Trump, qui, armés de leur drapeau confédéré, ont pris d’assaut le Capitole, temple de la démocratie américaine, dans une tentative d’interrompre la session qui devait confirmer la victoire de Joe Biden. Et ce, même s’ils ont dû tirer sur la foule, faisant des morts. Selon l’US Capitol Historical Society, il s’agit là de la première invasion du Capitole depuis que le bâtiment a été incendié par les troupes britanniques, en 1814 ! Face à ce climat d’insurrection, de grands groupes du privé, comme Apple, Boeing, Bank of America, entre autres, ont rappelé Trump à l’ordre, afin qu’il arrête de provoquer ses partisans, et qu’il accepte une transition pacifique du pouvoir : «Il faut mettre fin au chaos (...) le pays mérite mieux.»
Que ce soit à Port-Louis ou à Washington, DC, les atteintes graves contre la démocratie doivent être condamnées sans réserve, si l’on ne veut pas basculer dans une guerre civile ou dans un État policier. C’est pour cela qu’il faut prendre position, que ce soit quand les ministres MSM envahissent la cour intermédiaire pour soutenir Pravind Jugnauth après sa condamnation dans l’affaire MedPoint, ou quand le MSM utilise la police pour faire arrêter de manière spectaculaire Navin Ramgoolam, dans un règlement de comptes entre factions politiques rivales. Ou encore pour protéger, de manière non moins spectaculaire, l’un des siens, ce n’est pas bien non plus ! Et quand un politicien, comme Trump, dénonce des élections «truquées» en promettant de ne jamais concéder la défaite, c’est dangereux. Dans tous ces cas-là, c’est la démocratie qui en sort meurtrie…
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