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Un parti politique peut-il utiliser l’État… pour tuer*?
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Un parti politique peut-il utiliser l’État… pour tuer*?
Les méchancetés, on connaît. Le petit esprit revanchard, nous l’avons avalé. De nombreuses fois. Les boycotts de publicité, nous les avons essuyés de tous les gouvernements. Les annulations d’abonnement aussi.
Les routes non asphaltées depuis des années, on connaît aussi, au point où il nous a fallu, avec des voisins, à Riche-Terre, mettre la main à la poche récemment et asphalter nous-mêmes, sans pouvoir déduire cette dépense de notre facture fiscale…
Quand nous faisions, à La Sentinelle Ltd, une demande en mars 2017 pour un terrain industriel à Jin Fei, suite à un appel à projet public de l’Economic Development Board (EDB), nous étions remplis d’espoir d’être à même de concrétiser un projet de développement industriel dans le droit fil de ce que le gouvernement disait souhaiter pour le pays. Nous n’obtenions aucune réponse. L’EDB, n’ayant cependant pas trouvé preneur pour tous ces lots, invitait, à nouveau, les compagnies intéressées à postuler en février 2019. Et ayant exprimé notre étonnement qu’il en fut ainsi, nous postulions à nouveau pour 2 arpents et tenions tous les membres du Conseil d’administration de l’EDB, tous éminemment respectables, au courant de la situation. Toujours aucune réponse ou réaction.
On nous promettait, par la suite, une réponse à septembre 2019. Peine perdue. Les ayant relancés le 3 juillet 2020, une réponse du 8 septembre 2020 suivant nous annonçait que le dossier était encore examiné à Landscope (Mauritius) Ltd. On examine toujours? J’aurais aussi demandé de nous lister les possibles raisons objectives de leur comportement étonnant face à notre demande, mais on est resté silencieux à ce propos aussi. On parle, là, de l’EDB, la professionnelle et l’exemplaire!
D’autres auront été plus futés que nous… Un des bénéficiaires d’un lot à Jin Fei nous aura même proposé de nous sous-louer son lot! Il savait donc que nous avions fait une demande. Et qu’elle avait été rejetée. Alors que nous n’avions toujours pas été avisés de RIEN de la sorte, du moins à l’officiel!
Le groupe La Sentinelle Ltd possédait, a l’origine, 19,99 % de Radio One. Nous avons dû vendre ces parts, en 2013-14, dans un quasiéchange avec le groupe BAI qui, en parallèle, nous retournait les actions que ce groupe accumulait agressivement sur La Sentinelle Ltd, pendant des mois. Quand les autorités ont découvert, après bien des années, qu’il y avait, après tout, de la place pour deux nouvelles radios, nous avons donc tout naturellement, comme le plus gros groupe de presse ayant lancé la 1re radio libre du pays, soumis une demande pour une licence, en février 2018. Le projet se proposait, fait marquant, d’ouvrir son capital au grand public. Notre projet ne fut pas retenu. Il n’y eut aucune explication. Wazaa FM et Planet FM avaient d’évidence soumis de «meilleurs» projets, du moins selon des critères qui sont soupçonnés d’être… un peu particuliers?
Dans le sillage du Covid-19, La Sentinelle ayant été sérieusement secouée financièrement, tente, comme d’autres, de se réinventer pour affronter l’avenir. L’événementiel se présente comme une option à accélérer, notre première incursion dans le domaine, une foire de la voiture de seconde main, ayant été un réel succès en… 2019. La Sentinelle, forte de cette première réussite, fait une demande pour récidiver. On trouve cette fois, en 2020, un règlement qui permet au ministère de dire «NON». Le deuxième salon de la voiture de seconde main n’aura donc pas lieu!
On fait donc une demande pour une foire de produits de santé, puisque les directives du ministère paraissent limpides dans ce cas-là. La demande finalisée est déposée le 16 octobre 2020. Le 27 novembre, on finalise le dossier avec la clearance du ministère de la Santé. La semaine qui suit, on nous indique qu’il y a des «emmerdements» et que le ministère de la Santé va discontinuer et renverser son permis face à des pressions du ministère du Commerce, duquel dépend le permis final d’organiser la foire. On réussit à bloquer ce… «développement» tardif. Mais le 16 décembre, le ministère du Commerce donne sa décision finale: c’est «Non» ! On en demande les raisons. Aucune réponse satisfaisante. On insiste par deux fois. Le 7 janvier 2021, la réponse négative est confirmée, sans explication autre que celle du bon droit du PS. Le ministre du Commerce s’appelle cependant Sawmynaden.
Les exposants, qui avaient de manière enthousiaste fait leurs réservations, restent bec dans l’eau. D’autres foires se tiennent cependant allègrement en parallèle et cela se comprend: la reprise économique dépend bien d’activités économiques, jusqu’à preuve du contraire ! Pour TOUS évidemment, pas seulement pour certains! La Sentinelle n’a que le recours de l’injonction pour le moment. En attendant, c’est une autre contrainte à nos affaires et la tentative de strangulation qui se poursuit. Si la ‘reprise’ économique ne mobilise que les ‘nou bann’… et ceux qui, nombreux – mais apparemment de moins en moins –, veulent bien se taire, on n’est vraiment pas sorti de l’auberge…
Dans un Etat démocratique qui aspire à ne pas être sur la liste ‘noire’ de qui que ce soit, est-il seulement imaginable que les autorités publiques puissent refuser catégoriquement de donner des raisons pour justifier leurs décisions? Sauf si elles n’en ont aucune? Faudra-t-il s’étonner que l’on puisse interpréter tout cela comme relevant de l’arbitraire et d’un abus de pouvoir visant à punir la presse libre qui ne fait, pourtant, que son travail? Après la presse qui dérange, à qui le tour? Qui va encore pouvoir exprimer librement son opinion?
De notre angle, il est vrai un peu particulier, ce n’est qu’un clou de plus dans le cercueil de nos prétentions en tant que nation démocratique qui veut aussi (seulement quand c’est utile?), s’afficher comme un État de droit. Nos politiciens ne veulent-ils d’une presse libre que pour l’occasion où ils se retrouvent hors du pouvoir? Ne sont-ils pas assez adultes pour vivre avec quand ils accèdent, enfin, eux-mêmes à ce pouvoir? Si on ne met pas un terme à ces attitudes arbitraires, injustes, punitives et franchement autocratiques, n’est-ce pas tout le pays et ses habitants qui vont dégringoler avec?
Comme autant de jamalacs trop mûrs, voire… pourris?
C’est ce que nous sommes devenus? Vraiment?
*LA PRESSE LIBRE ?
PS: Lors du prochain exercice de ‘Ease of doing business’ (nous nous vantons d’être le 13e meilleur pays au monde et l’on veut encore améliorer ce score!), je me porte personnellement volontaire pour témoigner que c’est probablement vrai – tant que l’on sait se taire et/ou faire plaisir… Le ‘business model’ de La Sentinelle Ltd devrait-il être revu pour un ‘new normal’ qui opérera un journal qui ne dit pas, librement, ce que les dirigeants de nos divers gouvernements SONT et FONT?
N.B: Ce texte a été finalisé vendredi après-midi
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