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Accès de panique et incompétence institutionnelle

13 mars 2021, 09:01

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Depuis le début de la semaine, on a assisté à de la panic-vaccination.

Ensuite au panic-buying.

Et puis encore au panic-refuelling.

Ces trois phénomènes sur le comportement des Mauriciens auraient pu donner lieu à de grandes investigations psychologiques et sociologiques avec comme hypothèse que nous constituons un peuple à l’épine dorsale en plasticine.

Pourtant, pas lieu d’entreprendre de grandes études, à la recherche d’un doctorat ou dans le cadre d’un juteux contrat alloué à Bo-Digital ou Appanna. Les réactions notées chez les Mauriciens depuis le lundi 8 mars sont provoquées par la crainte que le gouvernement n’arriverait pas à gérer les calamités à venir et qu’il vaudrait mieux prendre des précautions.

Car on assiste depuis février 2020 à une série de catastrophes. Pour n’avoir pas fermé les frontières depuis janvier 2020 comme réclamé par l’opposition travailliste, on a laissé entrer au pays le virus de Covid-19, avec au moins dix fatalités, les cas plus tristes étant ceux de la jeune fille Sonia Dip et du brillant et affable médecin Bruno Cheong. Quand le gouvernement a enfin mis en place un mécanisme de protection, c’était trop tard.

Puis les catastrophes se sont succédé. S’est ainsi produit l’énorme scandale international du Wakashio quand on devait apprendre que toutes les autorités étaient dans un profond sommeil quand le navire japonais s’est échoué sur le récif. Pour avoir une idée de l’efficacité des institutions maritimes du pays, pourquoi ne pas prendre le récent exemple du navire de pêche chinois Lu Rong Yuan Yu 588, qui s’est échoué sur les récifs au large de Pointe-aux-Sables ? Heureusement qu’il n’y a pas eu de brèche dans la coque sinon imaginons les dégâts causés par les 130 tonnes de diesel et les 5 tonnes de lubrifiants à bord. Les autorités mauriciennes, la National Coast Guard pour commencer, ne disposent-elles pas de moyens pour savoir que ce bateau de pêche s’approchait trop des récifs ? On part de l’hypothèse que le bâtiment chinois n’avait aucun instrument électronique à bord et que tous les membres de l’équipage étaient ivres morts après avoir surconsommé du maotai, cet alcool blanc très populaire en Chine.

Avec une telle absence d’efficacité dans les systèmes, faudrait-il blâmer les Mauriciens s’ils sont pris de panique, convaincus que l’État serait incapable de venir à leur secours en cas de graves difficultés ? Ce qui explique le mouvement de panique vers les centres de vaccination. D’ailleurs, le système était tellement chaotique que de nombreux Mauriciens ont attendu pendant plus de cinq heures pour apprendre finalement qu’ils devraient repasser un autre jour. 100 000 doses de vaccin ont été reçues depuis le 22 janvier puis les Indiens se sont livrés à une nouvelle fourniture le 22 février. Et ce n’est que dans la deuxième semaine de mars qu’on a commencé à vacciner la population. Tergiversations ? On aurait l’impression que les grands chasseurs de contrats n’étaient pas contents de ces dons indiens, de gouvernement à gouvernement, car il y manquerait l’élément de paiement et de commission.

Quand le Premier ministre a annoncé un nouveau confinement dans la nuit, comment ne pas comprendre l’affolement des Mauriciens vers les stations-service pour faire le plein ? Car on n’est jamais à l’abri d’une catastrophe. Effectivement, à ce stade on ne sait pas encore quelle tournure va prendre cette nouvelle vague d’infections au virus. Il faudrait surtout identifier qui a été ce patient zéro qui est à la source de cette nouvelle calamité.

Il serait aussi intéressant de voir si certains pourraient être tentés de profiter de la situation d’emergency procurement comme on l’avait fait l’année dernière avec plus d’un milliard partant dans différentes directions. Souhaitons que des Mauriciens ne meurent pas, faute de respirateurs dans les centres de traitement. Tout comme l’identité du patient zéro de la deuxième vague devrait nous intéresser, on finira tôt ou tard par connaître qui est ce big boss qui a été l’agent de Pack & Blister avec ses respirateurs qui, d’après les méchantes langues, seraient des produits défectueux, des rejets d’usine.