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Un US$ bientôt à Rs 41 ?
Un communiqué dit davantage qu’il ne le prétend. La Public Notice de la Banque centrale, en date du 16 mars 2021, fait succinctement ressortir ceci : «Today, the Bank intervened on the domestic foreign exchange market and sold a total amount of USD 25.0 million at the rate of Rs 40.25/USD.»
À en croire plusieurs experts de la finance, cela pourrait s’avérer un pas de plus dans une stratégie de dépréciation de la roupie ; roupie qui pourrait s’échanger contre le dollar US, dans pas longtemps, à Rs 41, voire plus (à hier soir, il était déjà à Rs 40,70-Rs 40,75).
Pour deux raisons principalement. 1) Il y a une pénurie de $ sur le marché local ; 2) Pour démontrer sur papier un gain du Special Reserve Fund (SRF), qui sera ensuite transféré au gouvernement. Ce qui était censé être une «one-off» devient, confinement oblige, une pratique courante… dans le dos du contribuable.
Avec une économie sérieusement affaiblie, ralentie davantage par ce second confinement, il y a un sérieux manque de revenus en devises qui se fait sentir de plus en plus sur le marché local ; le tourisme et le textile ne contribuent presque plus à l’afflux des devises. Et en poussant dans la direction d’un dollar à Rs 41, la Banque centrale fait, ce qu’on appelle dans le jargon, du pur «window dressing» ; ses actifs sont en devises, et ses passifs en roupies.
Et si la Banque de Maurice et Harvesh Seegolam tentaient cet autre transfert du SRF aux comptes du gouvernement afin de financer le prochain Budget de Renganaden Padayachy ? Et ce, en dépit du récent «Downgrade» de notre pays par Moody’s avec une perspective négative («Negative Outlook»), qui aurait dû accentuer la pression sur la Banque de Maurice afin de ne pas abuser de la planche à billets...
Cette tendance à regarder à côté alors que des rapports d’agences internationales, comme celui de Moody’s, tirent la sonnette d’alarme, va envenimer les choses. Le régime au pouvoir aura tort de minimiser un autre déclassement à Baa3, notation qui serait le dernier cran avant de passer au «Non investment Grade». Avec notre présence sur la liste noire, cela pourrait sonner le glas.
En attendant, les conséquences d’une roupie en dépréciation continue sont connues : une pression inflationniste dont les effets se font, du reste, déjà sentir et une balance des paiements en crise… durable.
Les tribulations de la roupie sont par ailleurs aussi dues (en partie seulement) à l’appréciation du US $ par rapport à l’euro sur les marchés mondiaux. Au pays de l’Oncle Sam, contrairement à chez nous, la confiance des consommateurs s’améliore, atteignant, en mars dernier, son plus haut niveau depuis un an, notamment grâce à la campagne de vaccination contre le coronavirus, qui pourtant bat son plein aux États-Unis. Il faut aussi ajouter le fait que les consommateurs ont anticipé l’adoption du plan de relance, signé par le président Joe Biden.
Certains experts prédisent que l’économie américaine serait sur le point de se redresser et d’afficher la plus forte croissance depuis des décennies, dans la seconde moitié de la période, où la plupart de la population sera vaccinée. Comme le note Michael Hendrix du Manhattan Institute, «les États-Unis ont dépensé 4,8 trillions de dollars en dollars d’aujourd’hui (4 800 000 000 000) pour combattre la Seconde Guerre mondiale. Au cours de l’année écoulée, l’Amérique a dépensé plus de 5,5 trillions de dollars (5 500 000 000 000) pour lutter contre la pandémie».C’est dire l’intensité de la guerre que nous menons, tous, contre ce virus invisible qui nous attaque traîtreusement.
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