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Limites à ne pas dépasser

29 avril 2021, 08:52

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Alors que l’économie est sous respirateur artificiel, s’il y a un secteur qui continue, malgré tout, à tourner et à faire rentrer des devises, c’est bien celui de l’immobilier. Grâce auquel le pays a engrangé pas moins de Rs 16 milliards (IRS, RES, PDS et Smart Cities confondus) sur les Rs 21 milliards d’apports en devises en 2019. Mais, contre toute attente, avec un certificat d’urgence, le Premier ministre a tenté de faire passer un obscur Non-Citizens (Property Restriction) (Amendment) Bill mardi. N’était-ce l’intervention musclée de l’opposition, ce projet de loi, qui donne le pouvoir au PMO de s’ingérer dans la vente d’un bien immobilier entre un Non-Citizen et un Mauricien, serait passé comme une lettre à la poste grâce à la dictature du nombre. Pourquoi cette urgence ? Pourquoi donne-t-on l’impression que ce projet de loi devait être voté sans consulter largement ?

Le contexte non seulement économique, mais surtout démocratique, ne s’y prête pas. C’est inquiétant cette tendance du gouvernement de vouloir tout contrôler : de l’échange de messages entre utilisateurs de Facebook aux caméras de Safe City en passant, maintenant, par les transactions immobilières, et ce, après avoir fait expulser, en 2019, le couple Isabelle et Patrick Hofman du sol mauricien. Ces basses manœuvres, orchestrées souvent dans les officines du pouvoir, sont précisément celles qui nous font perdre des points dans les classements internationaux sur la démocratie.

Il faut saluer le speaker qui a compris, après avoir pris le temps d’écouter les arguments du leader de l’opposition et du député Reza Uteem, qu’il ne fallait pas foncer tête baissée dans un projet de loi qui a pour ambition de brider davantage des investisseurs étrangers et mauriciens dans un contexte économique où l’on doit faire repartir le business, et non pas faire partir les hommes d’affaires, dont plusieurs sont déjà assommés par la mauvaise publicité autour de nos services financiers et de notre processus d’autocratisation.

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Il y a un consensus quasi-général que notre pays se trouve dans une impasse économique. Les indicateurs macroéconomiques clignotent pratiquement tous au rouge et ce serait trop facile de tout mettre sur le dos du Covid-19.

C’est surréaliste comment certains semblent s’accrocher au discours du Budget 2021-2022 comme si notre ministre des Finances avait une baguette magique pour changer la donne. Nous vivons dans une économie libérale, dans un système capitaliste, où généralement le secteur privé est censé diriger les affaires alors que le gouvernement crée des écosystèmes et agit en tant que facilitateur. Ici, c’est l’inverse. Tout le monde semble attendre le gouvernement, tout le monde tente d’obtenir de l’argent du gouvernement, et les feux verts qui vont de pair.

Le Budget est un exercice comptable, qui n’aurait pas dû mobiliser toutes les énergies. Chaque année nous voyons pourtant bien que des sommes «earmarked» ne sont pas toutes dépensées, par manque de suivi politique.

Cette année, le gros des solutions pour sauver notre économie tournera, encore une fois, autour de la dépréciation de la roupie, parce que le pays n’est pas compétitif. Pour changer cet état des choses, on devrait s’atteler à entreprendre des changements de paradigme et des réformes structurelles des entreprises publiques et de la gouvernance en général. Il faut injecter de la méritocratie et se débarrasser du népotisme aussi bien dans le secteur public que privé.

Xavier Duval a eu raison de secouer le secteur privé qui poussait pour la réouverture des frontières en occultant le fait qu’il nous faut, avant, vacciner la population, pour arriver à une immunité collective. La santé publique et l’économie sont les deux faces d’une même pièce. Dans cette même logique, sans un secteur privé en meilleure santé financière, il n’y aura pas de création d’emplois et d’investissements privés qui pourront nous faire retrouver notre niveau de croissance d’avant 2018-2019. Surtout quand l’on sait que le gouvernement et les finances publiques ont leurs limites, limites qu’elles ont déjà atteintes, nous semble-t-il…