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Tentative de viol de l’Internet et territoires occupés

22 mai 2021, 07:35

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Jadis «poster-child» de la démocratie en Afrique, aujourd’hui «autocratizing country». Grâce aux génies siégeant sur le board de l’ICTA, le pays est sorti de son anonymat et ne cesse de s’attirer les regards des internautes et des journalistes du monde entier. Nous sommes devenus populaires malgré nous. «Mauritius Is Considering an Unprecedented Attack on Online Freedom», résume le célèbre magazine Slate, qui ajoute que «the proposed law would intercept and decrypt all internet traffic in the country.»  

La conclusion de cet article est sans appel : «the law that would allow the government the unchecked authority to block content it disapproves and to surveil its citizens by intercepting and decrypting their internet traffic has no place in a free society.» Il est réconfortant que la société civile internationale et la presse mondiale soient montées au créneau pour défendre nos libertés et notre droit à la vie privée. 

L’express attire depuis plusieurs années l’attention sur le fait que l’alliance des Jugnauth (autrefois surnommée... Lepep) a viré vers un absolutisme ou totalitarisme de type fasciste. Le non-respect des promesses électorales par rapport à la Freedom of Information Act et la MBC, l’amendement de l’article 46 de l’ICTA pour inclure la vague notion d’«annoyance», l’interpellation, souvent aux petites heures du matin, des journalistes, citoyens-internautes, opposants en utilisant la police, l’opacité autour des achats sous les Emergency Procurement Procedures, le dévoiement des institutions publiques devenues des appareils du parti au pouvoir, l’utilisation abusive des réserves de la Banque centrale, renvoi des municipales, et la tentative de viol de l’Internet, sont quelques illustrations de cet affligeant état des choses.

L’express l’a souvent souligné : les dictatures dites prolétariennes, quand elles prennent le pouvoir, ne le lâchent plus – «coûte ce que cela coûte à la démocratie et la liberté...» 

*** 

Novembre 1964. Guerre froide. Un silence militaire entoure le projet d’établir dans nos eaux, au coeur de l’océan Indien, une base angloaméricaine. Le peuple mauricien est renseigné au compte-gouttes par la reproduction, dans plusieurs journaux mauriciens, de coupures de presse étrangère. Ce silence est inadmissible. La population n’a pas voix au chapitre. Elle ne peut pas exercer son droit de participation à cette entreprise lourde de conséquences. Au nom du secret militaire, l’opinion et la nation, par le biais du conseil des ministres, sont bonnement et simplement méprisées.

Mai 2021. La tension entre l’Inde et la Chine a remplacé la guerre froide. Cette semaine, le Premier ministre a répondu au Parlement qu’il va essayer de savoir s’il y aura des armes nucléaires à Agalega. Vous vous rendez compte un Premier ministre qui ne peut pas dire avec certitude s’il y aura ou pas des armes nucléaires sur notre sol ? Bientôt 60 ans après le déracinement illégal des Chagos, les informations sur Agalega cette foisci restent secrètes, contenues dans un Security Maritime Agreement de 2017, signé entre les gouvernements Modi et Jugnauth. Les bribes d’informations nous parviennent au comptegouttes... par des coupures de presse étrangère. Agalega a-t-il été légué en contrepartie d’une ligne de crédit de $500 millions ? Pourquoi une piste d’atterrissage longue de 3 000 mètres ? Pourquoi de telles facilités portuaires... 

Les Britanniques ont arraché Chagos des mains d’un régime Ramgoolam, et les Indiens Agalega des mains du pouvoir Jugnauth. Tout a été fait dans le dos du peuple, dans les officines du pouvoir. 

Qui a menti en disant que le peuple est souverain ? Il ne l’est pas. Il fait semblant. Il est bafoué. Mais il ne le montre pas. Il aurait dû se mettre debout, plus souvent, pour se battre pour sa patrie, ses droits, et ses libertés.