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Réflexions
Un des problèmes majeurs de ce pays, c’est que nous parlons de moins en moins d’idées, de principes et d’actions et de plus en plus de personnes et de tribus. Ce n’est pas une attitude qui nous fait avancer comme pays, mais qui, au contraire, détruit les débats rationnels en y larguant des charges émotionnelles malfaisantes et finalement incontrôlables.
Prenez le cas Betamax (1). Aujourd’hui, on oppose la décision désastreuse du gouvernement Lepep de casser un contrat, contre l’avis légal de Stephenson Harwood, recherché par le directeur général de la State Trading Corporation (STC) d’alors, Megh Pillay ; à la décision travailliste d’exempter la STC de la Public Procurement Act, en juin 2009. Il y avait peut-être de bonnes raisons d’exempter la STC de la Public Procurement Act au départ ? Ou est-ce que cela a été fait délibérément pour favoriser le contrat Red Eagle, de novembre 2009 ? Comment savoir, sans procès qui alignerait des preuves (*) ? Les charges, à cet effet, contre Ramgoolam et Bachoo, ont été éconduites en 2016, «faute de preuves». Ce qui apparaît moins controversable, c’est que le contrat payait une compagnie de fret mauricienne, plutôt que des compagnies étrangères et que, à partir de ce qui a été rendu public, cela revenait à moins cher pour le pays. On a reproché à ce contrat d’être pour 15 ans ou de faire payer le Red Eagle même quand il ne travaillait pas. C’était aussi le prix pour convaincre les bailleurs de fonds de prêter et a un «pricing» moins élevé, vu les risques réduits. Le gouvernement, avec un fret fixe à la tonne, augmentant par 1 % l’an, au début et 2 % l’an à la fin, se garantissait contre les fluctuations parfois violentes et souvent imprévisibles, du taux de fret sur le marché mondial. Comme actuellement ! Ce qui compte, c’est le gain net du pays sur la période. Ce qui est certain, c’est qu’il y a un prix à payer pour casser des contrats bien faits et de croire pouvoir «pisser» sur la continuité de l’État. Ce prix de Rs 5,7 milliards doit maintenant être ajouté dans le calcul de gain net du pays sur 15 ans, plus des frais légaux grassouillets à souhait. Il me semble oisif de faire ici le procès de tous les individus ayant permis ou entériné les décisions. Ils sont trop nombreux, mais généralement, il y a un «mastermind» suffisamment bien ancré pour faire suivre les autres… On les connaît. À ce titre, Megh Pillay semble être parmi les seuls à se sortir de la «responsabilité collégiale» qui semble noyer tant de consciences, avec autant de facilité (**)…
M. Anil Bachoo, dans un article détaillé, sérieusement intitulé «Nothing but the truth !» dans l’express du 17 juin, précise qu’un seul «responsive bid» fut reçu le 28 mars 2008 de ces six firmes qui avaient d’abord indiqué leur intérêt à travers la MCCI (pourquoi ?), mais oublie un détail de taille : il n’évoque pas le GN 68 de juin 2009 qui exempte la STC de la Public Procurement Act pour certains types de contrats… Betamax en sera le bénéficiaire dans son contrat avec la STC le 27 novembre 2009.
Compliqué tout ça ?
Brossons tout de même un scénario catastrophe hypothétique qui démontre pourquoi il faut des institutions libres et indépendantes, des «checks and balances», des consciences libres, une presse indépendante pour mettre en lumière et dénoncer. Imaginez un scénario extrême : une loi est présentée au Cabinet pour être votée au Parlement qui permet de «pomper» légalement l’État de ses (nos !) deniers. Les paravents sont installés. Les «lobbies» s’activent. Le Cabinet acquiesce sans voir, la majorité vote sans nuance aucune, l’opposition qui questionne est esquintée par le speaker, certains sont «ordered out», un procès «anticonstitutionnel» est instruit, il prendra XX années, grâce à de nombreuses manœuvres retardant les débats. Pendant ce temps-là, la pompe marche. Quand le cas est appelé en cour, l’État, (tiens, ce sont les mêmes !), ne se défend pas. Légalement, on a pompé. Même le Privy Council ne peut rien y faire, si tout a été bien fait, légalement s’entend.
Qui paie ? Toujours les mêmes, bien sûr ! Vous et moi ! Qui va s’assurer que cela ne nous arrive pas, si ce n’est pas, nous-mêmes, c.-à-d. ceux qui alimentent la pompe ! Votons donc impérativement et toujours pour des hommes de qualité et des hommes de conscience… Si on en trouve.
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Le débat sur les Rs 28 milliards transférées, prêtées, données ou pas n’est pas, comme le dit le leader de l’opposition, une question de savoir si le transfert aurait dû être fait ou pas, les circonstances étant véritablement exceptionnelles, mais une question de vérité. Une avance sur dividendes à venir (voir le communiqué du 7 mai de la BoM), cataloguée comme tel dans le bilan de la Banque centrale, se doit d’avoir une contrepartie, dans les livres du bénéficiaire et doit donc constituer une dette. Elle ne peut s’envoler en fumée, tant qu’elle reste en compagnie des IFRS et des principes comptables de base…
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Les conférences de presse de Putin et de Biden après leur tête-à-tête de Genève, mercredi, ont été plus longues que le discours du Budget de chez nous, mais bien moins éprouvantes. Putin, tête penchée, bras gauche souvent en métronome quand il déambule, est un vieux renard qui se défend bien, même face à des journalistes aguerris, en usant de deux techniques principales. D’abord, quand poussé dans ses derniers retranchements, par exemple sur Navalny, il ne se défend plus, mais… attaque en s’accrochant à de fausses équivalences évidentes. Par exemple, il trouve également regrettable que l’invasion violente du Capitole par les partisans de Trump le 6 janvier va mener à des condamnations de prison… comme pour Navalny ! Ensuite, quand ça l’embarrasse trop, il détourne l’attention et répond à côté. Parfois en faisant du charme. Comme tous les politiciens.
Biden en fait un peu moins et fait plus sincère, mais, en homme expérimenté aussi, manœuvre pour préserver les avancées communes qui leur sont mutuellement profitables. Il y a eu quelques avancées : la reprise des discussions sur les armes nucléaires en est la principale, mais un échange de prisonnier est possible, l’accord de Minsk en Ukraine revient sur le tapis et des avis techniques vont être recherchés sur la question des cyberattaques et de «ransomware».
Mais Kaitlan Collins de CNN a dépassé les bornes, selon moi, exigeant du président américain qu’il explique pourquoi il était aussi confiant que Putin allait changer, alors que manifestement il n’avait rien dit de la sorte. Soulignant le comportement passé de Putin, Ms. Collins insiste : «How does this help towards (producing) a constructive meeting, as president Putin just said ?» et tente de le provoquer. «If you don’t understand that, you’re in the wrong business», répond Biden, qui ne va pas plus loin et qui préfère, c’est compréhensible, protéger son agenda plutôt que celui de Ms. Collins ! Biden s’excusera par la suite de s’être enflammé. Ms. Collins a trouvé que l’excuse n’était pas nécessaire, les deux étant bien dans leur rôle respectif. La liberté de la presse est nécessaire et salutaire, mais c’est l’exécutif qui décide finalement et qui doit faire face aux conséquences de ses actes.
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L’argument du gouvernement sur la CSG et la pension, pourtant insoutenables à l’avenir, c’est qu’ils ont «un mandat». Peut-on opposer cela, même à la loi (2) et à la raison ? Admettons donc qu’un parti politique se présente aux prochaines élections promettant Rs 25 000 de pension, un salaire minimum de Rs 24 000, un «civil servant» par famille, du briyani tous les vendredis, de la bière les samedis, du whisky le dimanche, Rs 5 000 de coupons pour des paris hebdomadaires chez SMS Pariaz, de l’eau, de l’électricité et le téléphone gratuits, 40 jours de congés publics et des commissions prépayées de Rs 10 000 chaque fin de mois et gagne les élections. On laissera opérer le «mandat» ?
(1) https://www.lexpress.mu/node/387991 (2)https://www.lexpress.mu/idee/279303/contractcontract-contract (*) C’est pour cela que l’etat de droit est capital, que des juges libres et indépendants sont nécessaires, que des cours d’appel, comme le Privy Council, sont rassurantes. (**) C’est pour cela que le législatif doit être le plus indépendant possible de l’exécutif. S’il est un simple paillasson de ce que décide l’exécutif et d’ailleurs si les ministres au cabinet n’assument pas leurs responsabilités de cuisiner les porteurs de projets
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