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À la recherche de bonnes nouvelles
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À la recherche de bonnes nouvelles
Il n’y a pas eu beaucoup de bonnes nouvelles ces derniers temps.
Au point que le bulletin de juin 2021 du GAFI (FATF) annonçant une visite pour bientôt a généré des frissons dans le dos et suscité quelques ovations. Le gouvernement et la Banque de Maurice n’ont pu se retenir et se sont fendus d’un communiqué chacun. La FSC ne s’est pas fait prier non plus. La BoM expliquait avec un bonheur non déguisé : «Mauritius enters the exit process from the FATF list of jurisdictions under increased monitoring», avec, on le devine, une préférence évidente pour le mot «exit» plutôt que le mot «enters»…
Il est vrai que le voisinage dans cette liste qui comprend, pour rappel, le Myanmar, l’Albanie, le Cambodge, les îles Caïmans, le Nicaragua, le Soudan du Sud, le Pakistan, la Syrie, le Yémen, le Zimbabwe… laissait, au moins un peu, à désirer.
Par les temps qui courent, même cette annonce est, en effet, une bonne nouvelle ! À la dernière session plénière du GAFI, on passait, selon le communiqué de fin de session, en revue la situation de 23 pays. Le Ghana échappe désormais à la liste grise. Avant nous. La phrase que tous souhaitaient ne pas voir est invariablement la même ; lexique de bureaucrate oblige : «Country X should continue to work on implementing its action plan…» ou sa variante «will work to implement its action plan». Dix-huit pays ont récolté ces phrases assassines. Le Botswana s’en sortait avec «… has substantially completed its action plan…» et mérite une visite comme Maurice, qui bénéficiait du même commentaire. Plus surprenant, le Yémen et la Syrie, qui travaillent sur leurs engagements depuis février 2010, ont techniquement complété leur plan d’action depuis juin 2014, mais ne pouvant assurer une visite du GAFI à cause de leur situation sécuritaire, restent encore et toujours en liste grise !
Cependant, le reproche le plus embarrassant fait à Maurice au cours des années passées, soit le vide entre la façade (les lois, les postes créés) et le quotidien agissant (la réactivité, les sanctions) reste encore à être démontré. La visite doit donc «… verify that the implementation of Mauritius’s AML/CFT reforms has begun and is being sustained…». En d’autres mots, ils viendront, Covid-19 permettant, constater de visu s’il y a fusion totale entre le «dire» et le «faire». Je souhaite bonne chance à mon pays !
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La Banque centrale ne publie pas que des communiqués, mais aussi des statistiques fort intéressantes – quand elle les publie. Ainsi, le «Monthly Statistical Bulletin de mai 2021».
Le Tableau no 6 est instructif. Il résume, sous une forme révisée, le choc sectoriel du coronavirus pour 2020. Seuls trois des 13 secteurs analysés voient leur «valeur ajoutée» brute (GVA) progresser. Sans surprise, on y retrouve l’administration publique et ce que l’on appelle la «Compulsory (??) Social Security» (+Rs 1,3 milliard), l’information et la communication (téléphonie mobile en tête, sans doute) (+Rs 0,9 milliard) et l’agriculture, probablement un peu fouettée par les appels à l’autonomie alimentaire et les prix affichés (+Rs 0,2 milliard).
La manufacture, par contre, 12,5 % de la GVA de 2019 perdait Rs 8,9 milliards (-16 %); les hôtels, locations et les restaurants, 7 % de la GVA, perdaient sans surprise Rs 19,6 milliards (- 65 %); les taxes sur produits, 13,9 % de la GVA, affichaient Rs 11,6 milliards en moins (- 19%).
Moins évident intuitivement, le commerce, 12,5 % de la GVA, perdait cependant Rs 5,6 milliards v/s 2019 (- 10 %) ; le transport, MK sûrement incluse, perdait Rs 6,5 milliards (- 23 %) et étonnamment dans une année où la construction devait être le fer de lance de l’avant-dernier Budget, ce secteur ajoutait Rs 5 milliards de moins qu’en 2019 (- 23 %) !
Ces chiffres, on peut le croire, n’annoncent rien de bon pour les recettes fiscales…
Au tableau no 8, on nous redessine le mammouth jaune à pois orange qu’est le déficit commercial : les importations de Rs 166,3 milliards, en baisse de Rs 32,4 milliards, laissent toujours un déficit de Rs 105 milliards. Pourtant, puisque les exportations baissent par moins, c’est-à-dire – Rs 5,8 milliards, le taux de couverture des importations s’améliore de 33,4 % à 36,4 % !
Ainsi, peut-être la tentation grandissante : de déprécier la roupie et de favoriser ce mouvement en pince en faveur de la balance commerciale et donc de celle des paiements ? Ce qui, en passant, alimenterait les profits de la Banque centrale et donc ses «Special Reserve Funds», ainsi qu’une bonne partie de notre croissance de 9 % – du moins en roupies anémiées.
En effet, après avoir longtemps tenté de protéger la roupie face au dollar à environ Rs 40/dollar, profitant de l’affaiblissement du dollar face aux autres monnaies comme l’euro (pointe de 0,93835 USD/Euro le 20/03/2020 et 0,820259 le 31/05/2021), la BoM cède et laisse maintenant monter le dollar.
Résultat ? Entre mars 2020 et lundi, le dollar coûte «grosso modo» 10 % plus cher, la roupie indienne 13 %, l’euro 23 %, la livre sterling 30 %. Le rand est à peine croyable… Les commodités importées sont de toute manière en hausse (1). Le fret aussi.
Est-ce cela le pari finalement ? On va guérir nos maladies et cautériser nos plaies avec une injection massive d’inflation ?
(1) indexmundi.com
L'édito paru cette semaine dans Business Magazine
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