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Vous avez un espion dans votre poche
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Vous avez un espion dans votre poche
Pégase, ou Pegasus en latin, nous vient de la mythologie grecque. Mais aujourd’hui dans l’imaginaire collectif il ne représente pas que le cheval ailé, ami des poètes, qui symbolise la liberté et la sagesse. Pegasus – un logiciel-espion développé par des Israéliens – est devenu le symbole de cybersurveillance et d’infiltration des smartphones. Il est offert au plus offrant et est utilisé à la fois contre des gouvernements et des journalistes ! Pegasus est prisé puisque l’information est une arme qui coûte de plus en plus cher, certainement bien plus que l’ignorance.
Hier, Reporters sans frontières (RSF) a logé une plainte contre X, en visant en fait la société israélienne NSO. L’idée, c’est d’amener la justice, d’abord française puis internationale,«à identifier les auteurs et complices» des infractions liées à la surveillance des journalistes qui font des investigations sur les puissants du jour. Selon une enquête internationale ayant mobilisé quelque 180 journalistes d’une vingtaine de pays, Pegasus est surtout utilisé par des dictatures et des démocraties chancelantes pour réprimer le journalisme d’investigation. RSF dit vouloir protéger les journalistes contre «des infractions d’atteinte à l’intimité de la vie d’autrui, la violation du secret des correspondances, la collecte frauduleuse de données personnelles, l’introduction frauduleuse de données, l’extraction et l’accès frauduleux à des systèmes automatisés de données, ainsi que l’entrave indue à la liberté d’expression et l’atteinte à la confidentialité des sources».
Pour rappel, la société NSO est sous le feu des projecteurs depuis 2019, dans le sillage des révélations du Financial Timesrelatives à l’attaque des smartphones d’une centaine de journalistes, militants des droits humains et dissidents politiques. De nombreuses plaintes avaient déjà été déposées contre la société NSO – dont une plainte logée en Californie par le service de messagerie WhatsApp. Le principal reproche formulé contre NSO, c’est qu’elle continue à fournir des technologies hypersophistiquées de surveillance à ses clients étatiques (qui peuvent payer des dizaines de millions de dollars) en dépit du fait que ces derniers les utilisent pour violer le droit international et les droits de l’homme.
Ce qui rend Pegasus dangereux, c’est qu’il peut être introduit dans un smartphone, sans que son propriétaire ne soit au courant. Il permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels et de visionner des vidéos. Vous vous rendez compte si votre portable pouvait être envahi et votre intimité mise à nu ? Raison pour laquelle les révélations sur Pegasus suscitent l’indignation des organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques.
À Maurice et ailleurs, à cause des velléités antidémocratiques de ce gouvernement de contrôler les réseaux sociaux, on s’est élevé contre les menaces sur nos libertés fondamentales. Les lois antiterroristes, hier, ou les restrictions sanitaires, aujourd’hui, sont venues accentuer les craintes citoyennes. À tel point que la panne du service Internet, mardi, qui a coïncidé avec l’actualité Pegasus, a généré toutes sortes de commentaires. Personne n’a vraiment cru que les serveurs de Mauritius Telecom ont subi des «attaques informatiques»…
Les faits sont têtus : même si ce n’est pas légal, il est tout à fait possible d’infiltrer à distance un smartphone grâce à plusieurs logiciels (le plus connu et commercialisé, étant Pegasus ; mais qu’en est-il de ceux utilisés par les services secrets des États-Unis, de la Chine ou de la Russie ?). Personne n’est à l’abri ; Emmanuel Macron vient de l’apprendre à ses dépens. La question se pose alors : à l’ère de l’espionnage numérique, ne nous faudrait-il pas nous montrer moins dépendants et plus méfiants de notre smartphone, qui est devenu un espion qu’on transporte partout ?
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