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Entre dire et faire
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Entre dire et faire
Cela peut paraître incroyable !
La Banque centrale nous annonçait l’an dernier la naissance de la Mauritius Investment Corporation (MIC), sous les clauses 6(1)(y) et 46(5) de la «Bank of Mauritius Act». À noter que la première de ces deux clauses précise qu’il faut l’assentiment du ministre de tutelle pour investir…
Les objectifs semblaient clairs. L’objectif principal était de soutenir les compagnies systémiquement importantes de l’économie, affectées par la pandémie ou ses séquelles, afin que celles-ci risquent moins la culbute, ce qui aurait alors entraîné des conséquences sûrement graves pour le secteur bancaire, dont la stabilité doit être préservée de manière prioritaire par la Banque centrale. Nonobstant les objections du Fonds monétaire international (FMI) de QUI doit financer les conséquences de la pandémie et surtout de la fermeture de l’aéroport, cet objectif est certes crédible.
Ayant annoncé une «world class governance structure», la présidence de Lord Desai et de «high caliber independent members» sur le conseil d’administration, le MIC affichait ses objectifs :
- “Assist systemically large, important and viable companies in Mauritius, which are financially distressed as a result of the COVID-19 pandemic and representing a direct threat to financial stability
- accompany distressed as a result of the COVID-19, but viable, medium-size enterprises
- invest in companies in view of securing key basic necessities, for instance, pharmaceuticals and food security l invest in companies geared towards a smart and innovation-driven future Mauritius
- support the development of return-generating key strategic assets and projects in Mauritius and the region”
Qui peut trouver dans ces objectifs une place logique pour Akai Fisheries qui achète un bateau de seconde main, le rafistole pour aller… à la pêche, à partir d’une compagnie qui n’est enregistrée que… le 4 janvier 2021 ! Comment justifier des avances substantielles de Rs 350 millions pour financer, en partie, un village pour retraités à travers «Luxury Retirement Village» ? Un «return-generating strategic asset», vous pensez ? Qu’est-ce qui mène des dossiers de ce genre à la MIC plutôt qu’à la Banque de développement (DBM) ou la State Investment Corporation (SIC) ?
Y a-t-il d’autres dossiers du même genre ? Dans son interview à Mauritius Times le 9 juillet 2021, Lord Desai nous ouvre un sillon : «The MIC’s mandate also allows it to channel funds for building the future capacity of Mauritius, and we could ourselves take the initiative to do that in case nobody responded positively.» Ce qui, en deux mots, peut mener à la carte blanche, ou orange, surtout si les recommandations de l’Investment Committee ne sont pas suivies… Lord Desai souligne aussi que : «Anyway, whatever we were doing were perfectly straightforward, transparent and effective. We did this for the people of Mauritius when it was urgent to assist the affected companies and the workers.» Dans cette promesse de «transparence», personne n’attend, évidemment, la «nudité» complète qu’impliquerait la révélation des détails «secrets» du projet ; juste un peu d’honnêteté qui dit combien a été avancé à qui et selon lequel des cinq objectifs du mandat initial, référencé ci-dessus.
C’est, me semble-t-il, le minimum syndical quand on parle d’argent public, de «world class governance structure» et quand le «primary focus should be the Mauritius economy of care and love» !
Lord Desai ne préside plus la MIC depuis peu.
Il a été remplacé par Mark Florman, un diplômé de LSE, un businessman avisé. On l’entendra bientôt, je l’espère, sur la pêche et l’immobilier ?
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Le nouveau Chairman de la Mauritius Ports Authority, Sanjeev Ghurburrun, a raison que le moment d’un «rethink» du port est arrivé. En fait, il est arrivé depuis des années déjà et rien de fondamental n’aura malheureusement changé. Le dernier frisson véritable sur l’avenir du port remonte déjà à 2015 où, faut-il le rappeler une fois encore, on parlait de développement portuaire de «Pointe-aux-Sables à Baie-du-Tombeau», avec à la clé la perspective de privatisations menant à plus d’investissements, de productivité et d’idées de développement. On a même sérieusement flirté avec DP World (82 terminaux dans 40 pays) et même les Singapouriens. Pourtant, rapidement, nous nous sommes recroquevillés dans notre train-train usuel, les monopoles s’agrippant à leurs privilèges et le port développant une image qui refroidissait au moins quelques lignes maritimes nous desservant, alors que le port est notre ouverture sur le monde de la marchandise et du «hub» vers l’Afrique.
Au point que St-Denis se voit avoir des ambitions ! C’est dire !
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«Les techniciens (du ministère des Finances) avaient trouvé faisable une augmentation (de la pension) allant jusqu’à Rs 15 000», a déclaré, selon «Le Mauricien», le Premier ministre (PM) en Cour suprême où l’on entend la pétition électorale de Suren Dayal dans la circonscription numéro 8.
Si une telle marge de manoeuvre existe bien, il faudrait comprendre, je pense, pourquoi dans son dernier Budget de 2019, le PM et ministre des Finances ne parle que d’une augmentation de Rs 500, à une pension universelle de Rs 6 710 seulement, pourquoi il s’est arrêté à une promesse de Rs 9 000 pendant les élections de 2019 et pourquoi il s’est évertué à s’arrêter à seulement Rs 13 500 pour les plus de 60 ans pour… quatre ans plus tard ?
Si maintenant seulement les 65 ans+ vont toucher Rs 13 500 en 2023, c’est compréhensible : le Covid est passé par là…
Mais dans un État démocratique qui va dépenser autant d’argent public en pensions, n’est-il pas normal que l’on publie, au moins, le rapport des techniciens du ministère des Finances justifiant Rs 15 000 ? Ou serait-ce comme le rapport de la Banque mondiale sur le secteur sucrier, que l’on ne publie pas, de peur qu’il soit… «mal compris» ?
Sommes-nous, à ce point, plus stupides que ceux qui nous gouvernent ?
L'édito paru cette semaine dans Business Magazine
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