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Leçons venues d’ailleurs
Cette semaine le Premier ministre de la Nouvelle-Zélande, Ms. Jacinda Ardern, a annoncé que les frontières resteront fermées jusqu’à au moins la fin de l’année. Cette décision est prise afin de permettre à son pays de 5 millions d’habitants de faire vacciner presque la totalité de sa population, dans ce qu’elle a appelé une stratégie d’élimination du virus à l’intérieur du pays. S’ensuivra une ouverture modulée, selon le profil risque des pays qui leur enverraient des voyageurs.
Ces jours-ci, on découvre en moyenne 3 cas de Covid chaque jour chez les kiwis, ce qui est à 5 % seulement du pic qu’ils aient jamais atteint dans le passé. Cependant, malgré leur rigueur, le virus est toujours là, chez eux ! Avec seulement 2,3 millions de doses de vaccin administrées, c’est l’équivalent d’environ 23 % de la population qui est inoculée à ce stade et le gouvernement a conclu qu’il en faut bien, bien plus, et qu’en gardant les frontières fermées, ils espèrent pouvoir ce faire jusqu’à décembre. D’ailleurs, la dernière conférence de presse post-cabinet de Ms. Ardern (où elle accepte, en passant, des questions de la presse sur tous les sujets, chaque semaine, même si elle fait parfois la grimace !) montre que le ton est monté. Par exemple, tous les employés du port ont jusqu’au 26 août pour recevoir leur 1ère dose et la fin de septembre pour la deuxième. S’ils ne sont pas vaccinés à ces échéances, ils perdront leur emploi dans le port, y compris s’ils travaillent dans le secteur privé ! Le gouvernement est aussi très activement engagé contre la désinformation qui se propage contre les vaccins, s’appuyant par exemple, sur la prépondérance, de par le monde d’ailleurs, de ceux qui ne sont pas vaccinés tant à l’hôpital, qu’à l’ICU, que dans les morgues. Ms. Ardern fait simple : elle veut remplacer le bouclier qu’est un pays fermé et isolé, par 5 millions de boucliers individuels et chaque citoyen qui refuse de participer est alors évidemment perçu comme un cheval de Troie en puissance pour le virus…
Le ministre du Tourisme de la Nouvelle-Zélande, Mr. Stuart Nash, avait tenu des propos intéressants en mai dernier, c.-à-d. 3 mois pleins avant cette semaine. L’idée était alors de restreindre les arrivées de touristes à l’avenir, ostensiblement pour protéger des sites écologiquement fragiles, comme Milford Sound-Piopiotahi, du poids destructif de trop de visiteurs. En effet, 3,8 millions de touristes leur auront rendu visite en 2019 (équivalent à 20 % des exportations de la Nouvelle-Zélande), et ils demandent, pour la plupart, de visiter tous les mêmes sites les plus populaires ! L’idée générale est de favoriser moins de touristes à plus fort pouvoir d’achat. Une taxe de sortie est envisagée pour aider à faire le tri et le gouvernement a déjà alloué des fonds de «reconversion» pour plusieurs villages de l’île du sud, dévastés par l’absence de touristes depuis mars 2020.
Une pression écologique similaire est bien moins présente sur notre pays, les touristes restant souvent à l’intérieur de l’hôtel qu’ils ont réservé, mais il est clair que nous aurions avantage à ne plus ouvrir de nouvelles chambres d’hôtel à la plage, à vacciner au-delà de 80 % de la population et à favoriser un tourisme plus haut de gamme, tant que le virus rôde encore dans le pays…
Nous avons atteint une pointe de 258 cas identifiés en un jour, cette semaine. C’est beaucoup plus fort qu’en Nouvelle-Zélande et cette progression inquiète d’autant que l’on ne nous explique plus, ce qui inquiète, où se trouvent ces cas et quel est le pourcentage de cas qui étaient déjà en quarantaine. Mais puisqu’il faut toujours relativiser, le site de Worldometer* nous classe à la… 159e place mondiale pour le nombre total de cas détectés/ million de population et à la 185e place mondiale pour le nombre de morts Covid/million de population. Cela vous rassure un peu, j’espère ?
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L’Afghanistan a souvent été décrit comme le rond-point de l’Asie. Point d’entrée terrestre vers l’Inde, point stratégique de passage sur la route de la soie, elle a fait, depuis 1 500 BCE (NdlR, Before the Common Era), l’objet d’intérêts stratégiques et guerriers majeurs au moins 30 fois, selon Wikipédia. On y retrouve des grands de l’histoire, d’Alexandre à Darius I, d’Ashoka 1er à Babur, en passant par Timour. Dans les temps modernes, les Anglais s’y sont essayés une première fois entre 1839 et 1842. L’East India Company, dans une tentative de damer le pion aux Russes, envahissait et y perdait une armée de 4 500 hommes plus 12 000 ‘suiveurs civils’ (épouses, serviteurs, prostituées) lors d’une retraite désastreuse, le tout savamment racontée par William Dalrymple dans «Return of a King». Les Russes venus soutenir une prise de pouvoir des communistes en 1979, s’en allèrent aussi la queue entre les jambes en 1989, défaits par les mujahideens, de tendance islamiste, qui étaient soutenus par… les Américains, qui trouvèrent cette occasion ‘irrésistible’. Pour les Américains, l’entrée triomphale de 2001, il y a presque 20 ans, se solde par un retrait peu glorieux qu’exploitent les talibans qui attendaient patiemment leur moment, parfois sous le faux chapeau de pourparlers divers de ‘paix’. Les barbus talibans préparaient ce moment depuis au moins une décade maintenant. Qui est d’ailleurs surpris d’apprendre que les Russes ont armé les talibans en sous-main ? Dominant déjà le monde rural et, face à une armée afghane qui n’y croit décidément pas, les talibans ont commencé la conquête des capitales provinciales, qui tombent comme des dominos. Kandahar, la deuxième ville, est tombée jeudi avec Herat et les talibans contrôlent déjà plus d’un tiers des villes provinciales. L’aventure américaine a coûté environ un trillion de dollars et comptabilise 2 300 soldats morts et plus de 20 000 blessés. Estimant nécessaire d’envahir l’Afghanistan pour enlever des bases à Al-Qaïda après l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, les États-Unis n’auront réussi qu’à pousser certains fondamentalistes à s’exporter et à s’installer ailleurs. Ils rayonnent depuis en Afrique, au Pakistan et, plus faiblement dans les anciennes républiques soviétique de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, au Nord.
L’Iran à l’Ouest n’est pas un problème pour les talibans, mais le sixième pays à avoir une frontière avec l’Afghanistan, c’est… la Chine ! Ceci, grâce à un ruban de territoire, le Wakhan, dessiné à l’époque par… les Anglais et les Russes, qui longe le nord-est du Pakistan et qui mène au… Xinjiang des Ouïghours ! La Chine ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Dans le sillage du retrait américain, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, recevait une délégation des talibans, dont le co-fondateur, le mullah Baradar; leur intimant les souhaits chinois qu’ils se désolidarisent des ‘extrémistes’ Ouïghours. Plus directement, les Chinois souhaitent aussi que les talibans s’attaquent au Mouvement islamique du Turkestan de l’Est, qu’ils cataloguent comme un groupe séparatiste extrémiste des Ouïghours et qu’ils décrivent comme une menace à la sécurité intérieure de la Chine. On voit déjà se dessiner le scénario. Le prochain à entrer dans ce que les Anglais ont appelé le «Great Game» et qu’immortalisait Rudyard Kipling dans ‘Kim’, sera-t-il la Chine ? Ça y ressemble fort et ils essaieront sûrement d’accommoder ou d’acheter les talibans d’abord.
L’histoire du monde, comme celle de l’Afghanistan aussi, révèle que les conquêtes qui réussissent le mieux, c’est-à-dire celles qui durent, demandent, au-delà de la force, de l’enracinement, souvent de l’empathie et parfois de grands élans du cœur. On connaît cela depuis au moins Alexandre le Grand… Qui croit que les Chinois vont s’y mettre au contraire des Anglais, des Russes, des Américains… ?
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En 2008, à la suite de dérapages psychiatriques divers, mademoiselle Britney Spears est placée sous le contrôle conservatoire de son père. Elle a 26 ans. Ces dernières semaines, elle a souhaité se ‘libérer’ et la campagne médiatique pour ce faire fut une vraie réussite émotionnelle. En toile de fond, il y a sûrement toute une tribu autour de la chanteuse qui hume l’odeur du fric ? Le père, Jamie, n’a quant à lui sûrement pas jeté sa part aux chiens et une des raisons de l’ordre de 2008, l’agression d’un paparazzi, par Britney, apparaît plutôt sain à la réflexion. Décidément, le fric pue partout pareil ! **
*Les chiffres de Worldometer sont légèrement en retard pour Maurice (comme pour beaucoup d’autres pays, sans doute) et dépendent de la vitesse à laquelle ils sont communiqués. Ainsi, les chiffres cités sont basés sur un total de 5 349 cas depuis mars 2020, alors que le chiffre disponible localement à vendredi était de 5,733(+7 %)
**J’ai écouté (une première !) dix courts extraits de son Top Ten. À l’exception de ‘Oops!... I Did It Again’ je n’ai trouvé que des rengaines toxiques n’approchant sûrement pas ni Pink Floyd, Jacques Brel ou Kris Kristofferson.
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