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Mode de survie

22 août 2021, 09:00

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À chaque situation, géographique, sociale ou politique, l’humain est condamné à s’adapter. 

La lutte pour la survie suit une logique qui a été définie au fil des siècles et des guerres. Seuls ceux qui s’adaptent aux nouvelles donnes résistent, les autres tombent, comme les civilisations et les dynasties. Même si nous ne voulons pas forcément nous battre, nous avons hérité de cette nature compétitive de nos ancêtres. Pour eux, la survie était avant tout une question de combat, et ils nous ont transmis cette propension à la violence et au combat, parce que les ressources n’ont jamais été suffisantes pour tous. Le monde idéal n’existe pas, et les envies de l’humain sont illimitées. 

Heureusement que les humains peuvent également coopérer entre eux, si les conditions sont réunies, et si chacun consent à sa vraie dimension dans l’écosystème. Tout le monde ne peut pas être le lion de la jungle. Tout comme il faut en permanence des hyènes pour faciliter la décomposition. 

La coopération sociale, ou l’union nationale ou internationale, existe surtout parce qu’elle donne au groupe un avantage concurrentiel. Nous sommes amenés à travailler dans des groupes tels que des familles, des bureaux, organisations ou communautés ou des nations, ou regroupements de nations. Cela nous permet de rivaliser avec d’autres groupes. 

Relativisons. Oublions les personnes et leurs petits ego, de plus en plus concentrés quand ils pataugent dans un petit bassin comme Maurice qui s’assèche. Nous sommes tous régis sur papier par l’ordre westphalien, qui renvoie à une situation internationale dans laquelle les États, qui exercent les fonctions régaliennes, «sont souverains, et dont les limites correspondent, au moins théoriquement, à celles des nations». Ce qui normalement permet une négociation arbitrée entre des États responsables de l’application des traités. Mais les traités de Westphalie de 1648 n’ont pas été taillés sur mesure pour le bien de tout un chacun. Nous ne sommes pas sur un pied d’égalité. Certains sont plus égaux que les autres, dirait l’autre. 

Et l’histoire nous montre que les États sont simplement des groupes de personnes qui se sont organisés pour pouvoir se protéger contre d’autres personnes qui se sont organisées en États ou en groupes de pression, armés ou pas.

Notre nature compétitive implique plusieurs choses. Premièrement, nous devons reconnaître que l’inégalité est naturelle – et la réduire ne peut se faire qu’au prix de la liberté. Tout le monde pense pouvoir faire mieux que le Premier ministre de ce pays même si l’on sait que c’est une ambition quasi impossible à cause du système électoral légué par les Britanniques. Et ainsi du job le plus important aux autres postes de responsabilité, il y a les élus, et les exclus. Ainsi beaucoup qui ont réussi à avoir un credit en français pensent pouvoir devenir le nouveau patron de la MBC ou le rédacteur en chef d’un journal libre et indépendant, sauf qu’il n’y a pas suffisamment de places pour tous. Maurice étant un petit pays, avec pas suffisamment d’opportunités pour tous. Et le trop-plein de talents se perd dans la nature. La frustration atteint alors son apogée. Alors l’on veut être un auteur francophone aussi reconnu que Le Clézio, ou Ananda Devi. Et, talentueux ou pas, ils écrivent, pas toujours en vain, ou pour ne pas perdre la main. Mais y a-t-il un public suffisamment nombreux pour les apprécier à leur juste valeur ? 

Le couple Durant a osé résumer en 100 pages les traits les plus importants de notre histoire commune. Il met, dans ses «leçons de l’histoire», les vérités intemporelles qui nous accompagnent depuis toujours. «Il suffit de regarder en arrière et d’analyser ce qui s’est déjà passé. La génétique confère à différentes personnes des forces physiques et mentales différentes – et des faiblesses. Nous pouvons nous améliorer grâce à l’entraînement, mais nos gènes ne peuvent jamais changer. Cela signifie que tout le monde est inégal dès la naissance.» 

Au XIXe siècle, par exemple, l’Angleterre et les États-Unis ont adopté une politique économique de laissez-faire selon laquelle le gouvernement intervenait le moins possible dans l’économie. Mais Thomas Piketty et d’autres ont démontré qu’au cours de cette période, les inégalités ont augmenté de façon spectaculaire. 

Actuellement aux États-Unis et en Afghanistan, il y en a qui doivent se réinventer car ils vivaient de l’industrie de la guerre – qui brasse des milliards et des milliards. À Washington, DC et à Kaboul, des professionnels de la sécurité, qui s’enrichissaient de l’insécurité humaine, notent avec inquiétude que le business connaît une décroissance. À Maurice, ceux qui vivent et s’enrichissent de la rivalité entre les Jugnauth et les Ramgoolam, suivent avec attention et inquiétude le dégel apparent entre les deux leaders… Beaucoup se remettent en question et se cherchent. Chacun veut démontrer qu’il ne sera pas forcément obsolète, si un front uni se met en place pour faire place aux menaces qui nous guettent. D’autres s’agitent dans un petit bocal.