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Qui aime bien châtie bien…
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Qui aime bien châtie bien…
Les membres de la Financial Action Task Force (FATF Africa and Middle East) sont venus et ont vu. Discrets, ils savaient exactement l’objectif de cette «Joint Group Onsite Visit». Verdict : octobre 2021. Mais d’ores et déjà, l’on peut saluer les efforts conjugués pour extraire Maurice de l’infâme liste grise. Puisqu’ils relèvent d’une Whole of Society Approach, chère à ce journal, n’en déplaise aux esprits étriqués, qui ne comprennent pas que, dans une démocratie, chacun a un rôle précis à jouer. Et qu’on ne doit pas tous hurler avec les loups.
Par rapport au secteur financier – qui emploie plus de 20 000 personnes – il est encourageant que le Premier ministre se soit engagé, au nom du gouvernement et des institutions, à appliquer les réformes à moyen et long termes pour combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Du reste, nous avons déjà atteint 39 des 40 recommandations, et on a démontré notre humilité à nous remettre en question et à corriger nos faiblesses. D’où le sentiment du devoir accompli et qu’une sortie de la liste grise soit désormais dans le domaine du possible.
Mais pour en arriver là, il y a eu un chemin sinueux avec ses obstables.
En juillet 2019, par rapport à la publication des Mauritius Leaks, qui auraient fait surface dans la presse internationale avec ou sans l’express, Pravind Jugnauth accusait notre journal et nos journalistes d’être (tiens, tiens!) «antipatriotiques».
Ce faisant, poussé par ses conseillers, il pensait pouvoir faire avaler à nos lecteurs que notre agenda serait contraire à celui du pays et de la MBC. Que l’express voulait hier couler tout notre secteur financier. Personne ne lui avait expliqué qu’on était dans notre rôle de lanceur d’alerte et que notre «wake up call» était un mal nécessaire pour changer de trajectoire et nous distinguer des autres paradis fiscaux.
En braquant les projecteurs sur les lacunes de notre secteur financier, où le propre se mélangeait allègrement au sale, presque un an avant qu’on ne soit placée sur la liste grise, on s’attendait, à l’express, d’être taxés d’oiseaux de mauvais augure. D’ailleurs, comme c’est le cas aujourd’hui, opérateurs et gouvernement nous sont tombés dessus. Parce qu’au lieu de faire de la com, on a simplement fait notre travail d’information.
Les Mauritius Leaks, sur lesquels nous avons travaillé de concert avec l’International Consortium of International Journalists (ONG basée à Washington, DC, à laquelle nous sommes affiliés depuis plusieurs années déjà), avaient provoqué un tollé mondial – tout comme les Panama Papers, les Offshore Leaks et les Paradise Papers qui avaient agité la presse internationale et le Web.
Dans cet article liminaire, qui avait révélé les Mauritius Leaks aux Mauriciens, nous avons pris soin d’écrire :«Les documents ne démontrent pas des pratiques illégales, comme dans le cas des Panama Papers, mais ils suffisent pour démontrer le modus operandi traditionnel – et légal – des Management Companies mauriciennes pour aider leurs clients à fuir les taxes élevées dans leurs pays d’opération. Tout en gardant leurs fonds à Maurice, où les sociétés offshores ne sont taxées qu’à hauteur de 3 % maximum. Ces révélations choquent le monde, mais particulièrement les pays africains avec qui Maurice a signé des traités de non-double imposition (…)».
Aujourd’hui, il est réjouissant de constater que, dans le cadre de la visite d’inspection de la FATF, le gouvernement, les opérateurs et la presse se congratulent des progrès accomplis par notre juridiction. Ensemble, nous réalisons qu’entre les réalités plurielles et les perceptions, tout n’est ni tout à fait blanc ou tout noir, il y a beaucoup de zones grises, comme le démontre l’analyse des 200 000 documents, facilitée par l’utilisation de l’intelligence artificielle et le travail collaboratif des journalistes. Jouer à l’autruche ou se prévaloir d’une logique strictement insulaire n’est plus possible dans un monde interconnecté, où la transparence et les lanceurs d’alerte vont occuper de plus en plus l’espace public. Cela va de soi.
Pour le tourisme, nous sommes tous pour l’ouverture des frontières, bien évidemment. Mais nous ne voulons pas que des touristes viennent mourir chez nous parce que nous sommes impréparés. Ici aussi le «wake up call» nous semble important, surtout quand les chatwa du gouvernement claironnent partout que tout est rose à Maurice, qu’on serait «relatively Covid-safe». Il importe d’intégrer les critiques de l’opposition et du public et de finaliser le protocole (qu’on a du reste modifié après l’article de l’AFP que j’ai signé). Le public a peur et la carte de la transparence est importante. Questions: combien de lits et de respirateurs sont disponibles à ce jour ? Va-t-on vers une réduction du nombre de tests afin de montrer moins de cas positifs (si oui, réalise-t-on que le pourcentage de morts serait alors bien plus élevé…) ?
En bref, sommes-nous vraiment prêts à 15 jours de l’ouverture des frontieres ? Il faut qu’on puisse accueillir les touristes comme on a accueilli les inspecteurs de la FATF après avoir fait notre homework comme il faut…
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