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La vie continue…
On dit d’une démocratie qu’elle doit, pour rester vivante, ne pas se satisfaire de et être simplement scotchée à des élections à intervalles régulières et qu’il faut absolument entretenir les autres ingrédients vitaux qui l’irriguent. On peut ici évoquer la nécessité d’institutions publiques libres et indépendantes, d’une société civile informée et engagée, de la séparation des pouvoirs, du respect des droits individuels fondamentaux, d’une presse libre, de l’autorité de et de l’égalité de tous devant la loi, de corruption minimale, de transparence maximale et de non-concentration de pouvoir (checks and balances).
Chacun d’entre vous lisant ces quelques lignes peut d’ailleurs rajouter d’autres critères qu’il estime nécessaire à une démocratie vivante et, tant que vous y êtes, accorder un score sur dix à chacun de ces critères, ne serait-ce que pour vous rappeler l’état du pays dans lequel nous vivons…
Cependant, les élections libres demeurent évidemment une pierre angulaire d’un système démocratique et il est évident que des élections libres ont, au minimum, besoin d’être organisées par une commission électorale, libre, indépendante et non partisane. Et surtout perçue comme telle !
Or, dans la semaine même où le Groupe d’action financière (GAFI) est chez nous pour étudier si la liste grise nous convient encore ou pas, le gouvernement, qui ne peut pas ne pas être conscient que l’oxygène d’une démocratie vivante augmente les chances d’un système financier moins vicié, trouve moyen de nommer (encore !) des partisans à l’Electoral Supervisory Commission (ESC). Ou alors de parfaits anonymes dont le profil est tellement inconnu qu’ils sont bien incapables, pour le moment, de générer une once de confiance chez les électeurs.
On aurait pu croire que le gouvernement aurait compris la leçon de 2018 quand une vive réaction contre la nomination de Shamila Sonah-Ori le fit reculer. Mais quelques temps plus tard, rebelote avec sa remplaçante, Ammanah Ragavoodoo.
Cette année-ci, le cynisme et le mépris atteignent possiblement un point de non-retour avec les nominations de Yashvirsing Roopun, un activiste MSM auto-déclaré, et Vedita Peerun, dont le frère est un ex-candidat MSM en 2019 (il est sorti 7e au no 18), président de la NIC et responsable (très qualifié, d’ailleurs) de l’anti-fraude à la SBM. Il est par ailleurs vrai qu’il est possible (même si improbable) que celleci peut être hors du girond MSM de son frère…
Comment croire, dès lors, que le MSM ne veut pas influencer l’ESC et/ou l’EBC (Electoral Boundaries Commission) ?
Cela aurait été le cas si le gouvernement nommait des personnes reconnues indépendantes et libres de leur opinion. Le fumet qui émane du désir de tout contrôler semble, malheureusement, plus que jamais, irrésistible ! Nous avons toujours une façade de démocratie ? Peut-être. Mais ce sont les démocrates qui se font de plus en plus rares ….
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Le ZX80 suivi du ZX81 sont les premiers véritables ordinateurs «maison» de notre ère. Lancés en 1980 et en 1981 respectivement, ils furent suivis par le ZX Spectrum, encore plus populaire, en 1982, qui permettait le véritable décollage des jeux électroniques et les premiers balbutiements du codage «maison». Derrière ces inventions, qui se vendaient d’ailleurs à moins de 100 livres sterlings chacune, avec, geste génial, une version «kit» à monter soi-même, accessible à 20 livres de moins ; un inventeur prolifique, Sir Clive Sinclair, qui est mort en fin de semaine à 81 ans.
La première calculette de poche, c’est lui. La TV80, qui comportait un écran de télévision tenant entre le pouce et l’index, c’est encore lui. Toutes les inventions, cependant, pour géniales qu’elles soient, ne sont pas nécessairement des succès populaires ou commerciaux. La TV80 en est un exemple. On trouvait l’écran trop petit à l’époque, alors que 20 ans plus tard, presque la moitié de la population mondiale, c.-à-d. 3,8 milliards d’humains, possèdent un smartphone dont le mini écran est une des caractéristiques majeures ! C’est encore Sinclair qui inventa la C5, une voiture électrique, à trois roues, qui arrivait malheureusement avant son temps et qui ruinait sa compagnie parce que, notamment, elle était à «ciel ouvert» ; ce qui, dans le climat britannique, était une véritable sentence de mort…
Comme moi, de nombreuses personnes de ma génération ont de tendres souvenirs de leur ZX Spectrum, notamment face à son compétiteur direct, la Commodore 64, qui faisait figure de «lourdaud». Merci Sir Clive !
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Instagram, une des applications favorites des jeunes et qui permet principalement de partager vidéos et photos, est accusée depuis peu de causer anxiété et dépression chez certains jeunes, notamment des jeunes filles qui se sentent visées par les stéréotypes et les mythes classiques de la «beauté» des corps. Ces accusations, portées par non moins que le Wall Street Journal (WSJ), sont basées, fait intéressant, sur de la recherche interne à Instagram elle-même, recherche qui a maintenant fuité. Ceci n’est pas sans rappeler la recherche interne des compagnies pétrolières sur les effets de leurs hydrocarbures sur le changement climatique ou celle des compagnies de tabac sur les causes du cancer de poumon ! En effet, dans ces trois cas, les compagnies savaient pertinemment bien le tort causé et sont restées silencieuses pour favoriser leurs gains commerciaux. On peut d’ailleurs rajouter à ce lot, les compagnies pharmaceutiques qui savaient aussi les dégâts causés par la dépendance grandissante de leurs clients sur leurs produits opioïdes (oxycodon, fentanyl, etc. …) et qui se sont tues pendant des années ; une fois encore pour mieux vendre.
La santé mentale ébranlée de jeunes filles qui ont honte de leurs corps et qui se sentent clouées au pilori, au seul motif de ne pas rejoindre les normes de la perfection, c’est évidemment important et Instagram se défend en soulignant que ce qui se passe sur leur plateforme n’est que le reflet de ce qui se passe dans le monde réel. De plus, Instagram promet d’intervenir, comme elle serait déjà intervenue pour prévenir des situations où elle a été accusée de ne pas, au moins, s’opposer plus fortement à ce qui mène à de l’automutilation, au suicide, au harcèlement, à la boulimie ou à l’anorexie de certains. Cependant, le WSJ ne lâche pas Instagram pour son regard détourné, l’omerta pratiqué, le silence assumé pour des raisons strictement commerciales et alors qu’ils savaient. Le WSJ est sans doute plus respecté qu’Instagram ces jours-ci ?
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Contrairement à d’autres personnes, j’ai trouvé la prestation du vice-Premier ministre Obeegadoo jeudi soir sur la réouverture des frontières une vraie réussite, à quelques exceptions près. Principalement parce que c’était clair, structuré, soutenu par des graphiques de l’OMS (dont celui qui dit de manière non-convaincante que le taux de mortalité est en baisse !). De plus, envoyé au charbon, Obeegadoo, qui est aussi le ministre du Tourisme, choisissait non pas la confrontation directe, mais tentait plutôt la cooptation, le sourire et l’appel au patriotisme.
Et espérons pour le pays que cela marche !
Car ce qui est certain, c’est que Maurice a des problèmes qui restent à résoudre et que l’on ne peut sûrement pas les résoudre si l’on en parle pas ouvertement ! En effet, il serait bien pire de les masquer et de se faire «prendre» plus devant... Or, tout fini toujours par fuiter !
Ce qui est déjà acquis aussi, c’est que la situation locale du Covid est à la fois meilleure que celle qui prévaut dans 8 des 10 pays desquels nous recevons des touristes ET meilleure que celles d’une large palette de concurrents potentiels(*). Il n’y a donc là, rationnellement, aucune raison de craindre des refroidissements chez la clientèle potentielle à partir du 1er octobre. Et ces touristes, vaccinés, puisqu’ils restent à l’intérieur de protocoles sérieux devraient, selon toute vraisemblance, ne pas empirer la situation de l’île.
De toute manière, nous n’avons plus le choix ! Il nous faut apprendre à vivre avec le Covid. Qu’il soit déjà chez nous ou pas.
(*) https://www.lexpress.mu/idee/399331/mettre-pandemie-maurice-en-perspective
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