Publicité
Questions
Les talibans veulent être entendus aux Nations unies et l’ont déjà fait savoir à travers une lettre signée par le chef de leur diplomatie. Dans ce courrier, il est souligné que le gouvernement ‘élu’ de M. Ashraf Ghani a été «renversé» et que les pays à travers le monde «ne le reconnaissent plus comme président de l’Afghanistan». L’actuel ambassadeur du pays à l’ONU veut aussi être entendu. Le comité des accréditations va donc siéger, mais selon le journal Le Monde, ce comité refuse souvent de trancher et renvoie à la décision de l’Assemblée générale…
Si l’on en parle, c’est parce qu’il faut évoquer le concept de la ‘légitimité’ d’un gouvernement. Il y en a de toutes sortes finalement. Des dictatures qui veulent désespérément légitimer leur mandat à travers des élections, pourtant moins que libres, ça existe, comme dans la Russie de Putin ou au Nicaragua d’Ortega, par exemple. Personne ne peut dire aujourd’hui que le Parti communiste chinois (PCC) n’est pas le gouvernement légitime de la République populaire de Chine (RPC) et elle est même reconnue comme telle au Conseil de sécurité. Pourtant, le PCC n’a pas fait différemment que les talibans pour prendre le pouvoir. Si le Kuomintang règne de 1927 à 1949, il est surtout le fait d’une bourgeoisie et d’une majorité d’intellectuels et ne peut d’aucune manière se dire ‘représentante du peuple’ non plus. Ce n’est que bien plus tard, à Taïwan que la donne changera et que des élections libres s’installeront enfin durablement, largement par contraste avec la Chine, mais seulement après 38 ans de régime militaire sous Chiang Kai Shek et son fils. Car dans la guerre civile de 1947, c’est le parti communiste qui gagne et qui prend le pouvoir, même si dans la Conférence de 1949 qui mène à la Constitution de 1954, on intègre huit autres partis «démocratiques» comme membres fondateurs de la RPC (*). Et si l’armée gambienne gênerait l’équivalent d’un PCC et intégrait aussi les partis politiques existants, le ‘gouvernement’ d’aujourd’hui qui n’est reconnu par personne, devient-il ‘légitime’ ? Serait-ce pareil pour l’Afghanistan ? Ou est-ce que la puissance du pays en question rend la légitimation plus ou moins facile ?
La question est intéressante et mérite d’être posée.
******
Autres questions : Est-ce que c’est chercher et dire la vérité qui est antipatriotique ou est-ce que c’est la cacher qui est, en fait, une trahison ?
Que devons-nous penser de nos dirigeants qui prônent la première option et qui n’accordent aucun crédit à la seconde ? On les trouve admirables ? On les suit ? On les croit ?
******
Air Mauritius.
La longue et douloureuse histoire de cette compagnie d’aviation nationale n’est pas près de se terminer. Sur les 15 dernières années, les comptes audités indiquent 7 années de pertes (170 M d’euros) et 8 de profits (100 M d’euros). Il faut comptabiliser encore 14,9 M d’euros de pertes pour les 9 mois à décembre 2019. Auquel il faudra rajouter les pertes qui se sont accumulées depuis sur les 21 mois subséquents, dont 17 mois sous administration (le déficit ‘cash’ étant d’environ 33,7 M d’euros). Il est clair, par ailleurs, que les actifs étaient déjà inférieurs aux passifs à avril 2020, par 47,6 M d’euros (Rs 2,4 milliards). L’injection projetée de Rs 9,5 milliards couvre tout cela ainsi que le compromis (DOCA) proposé pour ratification au ‘watershed meeting’ du 28 septembre.
Les administrateurs évoquent 104,1 M d’euros d’économisés par eux jusqu’au 31 août dernier ainsi que 38,8 M d’euros d’économisés annuellement à partir de révisions sur les contrats de leasing, d’économies sur la maintenance, de réductions de la masse salariale et des bureaux de représentation. Cependant, si une projection des opérations desservant désormais 10 destinations plutôt que les 22 d’avant la pandémie, avec une flotte réduite de 15 à 9 avions, n’est pas disponible à ce stade, il est autorisé de penser qu’il y aura encore des pertes à confronter puisque le gouvernement aligne Rs 2,5 milliards de plus pour utilisation «as and when needed». Les administrateurs concèdent d’ailleurs que le retour de la demande aux niveaux de 2019 n’aura pas lieu avant 2024 d’autant que la reprise mondiale est surtout menée par les marchés internes et que le nôtre, avec Rodrigues, est marginal…
Un éditorialiste écrivait en juin 2020 que : «On ne doit pas se voiler la face. Posséder sa ligne aérienne a trop souvent été perçu comme un symbole de virilité nationale et comme un bras extensible et souvent jouissif du dirigisme politique. Le prix à payer pour la nation en vaut-il cependant la peine ?» avant de souligner qu’il y avait déjà de la surcapacité mondiale dans l’aviation, qu’il y en aurait encore plus avec la pandémie et que les Maldives, le Pérou, Hong Kong, le Nigeria et les États-Unis se débrouillent quand même bien sans ligne aérienne nationale…
Les créanciers ont intérêt à accepter le DOCA. Mais les actionnaires ? C’est-à-dire, NOUS, les contribuables, on ne nous demande pas notre avis ? Et que fait-on de l’avis des petits actionnaires détenant directement 19,3 % d’Air Mauritius, pourtant cotée en bourse ? On leur offre des actions dans l’Airport Holdings de M. Ken Arian ou, selon la logique capitaliste que l’on n’a malheureusement PAS appliquée dans le cas de Super Cash Back Gold, on les invite à constater que leurs actions ne valent plus rien ?
******
Ce qui devient aussi inquiétant dans cette pandémie, c’est l’accès aux vaccins, leurs prix, la période après laquelle un rappel est nécessaire et le possible développement de variants plus le temps passe…
Le 18 août dernier, le Center for Disease Control (CDC) et la Food and Drug Administration (FDA) américains déclaraient que ceux ayant été vaccinés au Pfizer et au Moderna devaient faire une piqûre de rappel 8 mois après leur dernière injection. Après une réunion la semaine dernière, la FDA avisait cette fois que le ‘booster’ ne serait nécessaire que pour les 65 ans + ou ceux qui avaient certaines conditions préalables. Le CDC acquiesce. Vendredi, la directrice du CDC contredit ses conseillers et y rajoute les ‘frontliners’ de la santé et les profs. C’est déroutant !
Devant tant de confusion, quand pense-t-on faire le ‘booster’ dans les cas des six vaccins utilisés localement ? Pourquoi Sinopharm offre-t-il déjà une 3e dose ? Rien n’est expliqué. Mais imaginez seulement s’il faut vraiment faire un ‘booster’ régulièrement, mettons tous les ans, comme pour le vaccin de la grippe. Soit pour contrer un nouveau variant. Soit pour restimuler l’immunité qui flanche après XXX mois. D’autant que pour générer quoique ce soit de ressemblant à une ‘immunité de troupeau’ à Maurice, il faudra tous les ans, vacciner un minimum de 800 000 adultes ! Sans compter que l’on devra y rajouter les plus jeunes à un moment ?
Les ‘boosters’, ce sera du chiffre d’affaires additionnel bien sûr ! Pfizer et Moderna qui débutaient à environ $20 la dose viennent d’augmenter leur prix sur l’Europe (**). Un article de NPR, un media à but non lucratif basé à Washington, en février, résumait des variations de prix du vaccin AstraZeneca plutôt inquiétantes (***). Selon MINT, la Chine n’était pas contente que le prix d’achat de Sinopharm au Népal ait été révélé ($10) alors que les Népalais avaient signé un accord de ‘non disclosure’. Le Daily Mirror rapportait en mai que le Sri Lanka n’était pas content de payer sa dose de Sinopharm à $15, soit $5 de plus que le Bangladesh. OXFAM, fin juillet, citant The Poeple’s Vaccine Alliance, affirme que les vaccins auraient pu coûter cinq fois moins cher qu’actuellement, ce qui aurait permis à COVAX de vacciner la population entière des pays ‘lower & middle income’ avec les fonds dont ils disposent, alors qu’ils ne pourront effectivement qu’atteindre 23 % de leur objectif jusqu’à fin 2021… L’argent parle ! Combien avons-nous payé nos doses ?
L’avidité des compagnies pharmaceutiques (****), l’appétit des intermédiaires, ajouté à l’égoïsme patent des pays riches qui ont mobilisé jusqu’à trois fois plus de doses qu’ils n’en ont besoin, en payant plus pour toujours se mettre au premier rang, va sérieusement compliquer notre maîtrise éventuelle du Covid, semble-t-il.
À moins que… à moins que… sir John Bell, professeur de médecine à Oxford, et sa collègue, le professeur Sarah Gilbert, cocréatrice du vaccin Astra Zeneca, n’aient raison. Ils prédisent qu’au printemps, le Covid ne sera pas plus embêtant qu’une grippe et qu’un variant plus dangereux est improbable… Ont-ils raison ? Si oui, est-ce pour le monde vacciné seulement ?
*)https://journals.openedition.org/crdf/309 ( lire, en particulier, les sections 15-20) (**)https://www.euronews.com/next/2021/08/02/ pfizer-and-moderna-raise-covid-vaccine-prices-in-europeamid-delta-variant-fears (***)https://www.npr.org/sections/ goatsandsoda/2021/02/19/969529969/price-checknations-pay-wildly-different-prices-for-vaccines (****) D’autant que l’appel de Biden en Mai pour relever temporairement les restrictions des patentes n’a pas eu de suite ! Voir aussi : https://www.afsc.org/ newsroom/pharmaceutical-companies-pay-low-taxes-andreap-enormous-profit-covid-vaccines
Publicité
Les plus récents