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Alliance de générations

30 octobre 2021, 16:29

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Alliance de générations

On a pas mal glosé sur le changement climatique, la COP26 et les énergies fossiles, cette semaine, au Parlement. Le chef du gouvernement, pourtant en route pour Glasgow, a pris plus d’un de court en plaidant, avec tout le sérieux du monde, en faveur de l’exploration du pétrole dans notre zone économique exclusive, alors que nous avons pris l’engagement – les fonds –, pour réduire notre empreinte carbone durant les prochaines décennies. Ainsi, au lieu de prendre le leadership de la lutte contre le réchauffement climatique, en solidarité avec les petits Etats insulaires, qui sont les plus vulnérables au rehaussement du niveau de la mer, nous avons montré notre sombre hypocrisie.

Ce faisant, nous nous inscrivons en porte-à-faux de la mouvance mondiale – et générationnelle – pour tenter d’inverser les effets pervers de l’urgence climatique. Pravind Jugnauth ne réalise pas que son discours est coupé de la réalité des jeunes, alors même que ce sont eux qui vont subir le monde que les politiciens actuels vont leur léguer.

L’express discute souvent avec la jeunesse qui s’engage en faveur du climat. Leur principal reproche est précisément lié à la difficulté de nouer un vrai dialogue (pas le dialogue de sourds des grandes conférences) avec les dirigeants, dont beaucoup portent des visières qui ne vont pas au-delà des cinq ans de leur mandat éphémère.

Pour changer la donne et dépasser l’horizon du politicien, il faudrait qu’on arrive à promouvoir une sorte d’alliance de générations, entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ont la vision, l’imagination, l’énergie et le temps. Ainsi, il serait souhaitable que la délégation mauricienne soit aussi composée des activistes de moins de 25 ans, au lieu de tous ces hauts fonctionnaires qui sont pratiquement à la retraite, si ce n’est au crépuscule de leur vie.

Idéalement, il faudrait créer une plateforme d’échanges d’informations, de perspectives et de rêves.

Au vu de la biodiversité qui rétrécit comme peau de chagrin, l’urgence climatique ne peut plus se passer de la voix des jeunes dans les débats d’orientation stratégique sur l’écologie, l’énergie, l’environnement, le climat et la biodiversité, le devenir du monde. L’astrophysicien et poète Aurélien Barrau, pour qui seul un programme écologique révolutionnaire pourrait nous éviter la catastrophe, a raison de marteler qu’il ne faut pas considérer seulement la parole scientifique. «Il faut bien comprendre que la question à laquelle on fait face n’est pas une question prioritairement scientifique mais une question politique. Il y a ici des gens qui pensent qu’il n’y a aucun problème à avoir 5°C de réchauffement climatique car de toute façon en Europe on est riches, on mettra l’air conditionné, les forêts on s’en fout, les oiseaux on s’en fout : tant que l’on peut continuer à manger des hamburgers dans des pièces climatisées, il n’y a aucun problème.»

Le problème est donc éminemment politique et éthique. Dans quel monde nous voulons vivre dans dix ans, 25 ans, 50 ans ?

On sait que, de même que le mythe est plus vrai que l’histoire, ce qu’on appelle rêve est plus substantiel que ce qu’on nomme réalité (ici celle de la financiarisation du pétrole que le gouvernement Jugnauth voudrait exploiter pour faire rentrer des milliards dans les caisses).

En attendant, les engagements des Etats signataires de l’Accord de Paris sont encore loin d’être suffisants par rapport à l’ère préindustrielle, soit loin de l’objectif initial des 2 degrés, selon les dernières évaluations de l’ONU.

Dans un courriel envoyé à la rédaction, une collégienne rejoint la voix des jeunes qui ont participé au sommet de Milan, une sorte de mini-COP 26. «Il y a beaucoup de bla bla bla. Où est l’économie verte tant vendue ? Va-t-on vraiment vers la neutralité carbone en 2050 ? Les discours n’ont généré aucune action, nos espoirs et nos rêves sont noyés dans la mer de leur insouciance...»