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Thinking Big dans l’océan Indien

20 novembre 2021, 08:59

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On ne peut pas reprocher au gouvernement mauricien de ne pas «think big» au niveau de l’océan Indien. Au fait, depuis des années, nous livrons bataille contre deux superpuissances qui disposent de la plus puissante base aéronavale de l’océan Indien. Et nous sommes loin d’être un extravagant Don Quichotte qui mène combat contre des moulins à vent. Nous avons effectivement livré bataille aux Anglo-Saxons devant les grands tribunaux du monde. Et nous continuons avec notre guerre. 

Un domaine encore où nous pensons grand au niveau de l’Ocean Indien et de nos eaux territoriales, c’est l’exploitation éventuelle de nous ressources pétrolières si on en trouve en quantités commercialement viables. C’est pour cette raison que nos gouvernants ont présenté devant le Parlement un Offshore Petroleum Bill. Nous voulons nous assurer que rien n’échappe à notre contrôle si jamais du pétrole jaillisse de nos fonds marins. 

La guerre contre les Anglo-Saxons et une éventuelle exploitation de ressources pétrolières nous mettant au rang de Qatar restent toutefois très hypothétiques quant à leur aboutissement éventuel. Il existe pourtant un domaine où les ressources sont déjà disponibles en de grandes quantités et que Maurice exploite peu ou mal dans l’océan Indien, surtout dans ses eaux territoriales. Il s’agit de ressources en poisson. Ce sont les Français, les Espagnols, les Japonais et les Sud-Coréens qui exploitent vraiment les ressources halieutiques de Maurice et d’autres pays de l’océan Indien. 

Il est vrai que l’industrie thonière de Maurice profite des prises d’autres pays mais l’idéal aurait été une exploitation maximale de toutes nos ressources, avec nos propres moyens, sans laisser les autres s’en approprier une partie. On assiste actuellement au conflit qui oppose la Grande Bretagne à la France sur la question de l’accès des pêcheurs français aux ressources des Britanniques. Ces derniers sont restés inébranlables dans leur décision de ne faire aucune concession nouvelle aux Français. 

Pour revenir à l’océan Indien, notre collègue Iqbal Ahmed Khan a fait état dans l’express du lundi 15 novembre de la controverse qui oppose les pays riverains de l’océan Indien sur l’utilisation abusive par des navires de pêche étrangers du dispositif de concentration de poissons (DCP) ou fish-aggregating device (FAD). Ces navires larguent des DCP pour attirer à un lieu donné le maximum de poissons, dont des thons de différentes catégories. Ils reviennent par la suite en faire une moisson abondante, capturant aussi des espèces n’ayant pas encore atteint l’âge de la reproduction. Il s’agit-là d’un véritable massacre de nos ressources en poisson et d’après les estimations, des espèces entières seraient décimées vers 2025. 

Voilà un domaine bien réel qui demande une attention particulière de Maurice. Un domaine loin de l’assaut éventuel sur la base de Diego Garcia ou du jour où Maurice deviendrait un géant du pétrole comme le Qatar. Les Seychelles sont notre allié naturel dans cette démarche. Au fait, avec leurs eaux territoriales combinées, Maurice et les Seychelles pourraient exercer un rôle clé dans l’océan Indien. Les deux pays sont militairement très limités et pour pouvoir ‘police’ leurs eaux territoriales et assurer leur exploitation maximale. 

Il faudrait à Maurice et aux Seychelles des soutiens stratégiques déterminants. Mais à quel prix ? Ces alliés devraient être idéalement des acteurs qui n’exploitent pas actuellement les ressources halieutiques de Maurice et des Seychelles. On pourrait leur proposer des joint-ventures. Il ne faudrait pas exclure la possibilité d’arrangements avec des pays qui exploitent déjà l’océan Indien. L’Inde est loin d’être un partenaire idéal pour la simple raison que ce pays est loin d’être performant dans l’art de la pêche industrielle. Ce ne sont pas des rafiots de bambou qui vont alimenter une gigantesque industrie de la pêche de Maurice. Il nous faudrait Think Big mais aussi Think the Unthinkable.