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IBA and its Taximan in reckless joy ride
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IBA and its Taximan in reckless joy ride
Dans la matinée du mardi 23 novembre, l’Independent Broadcasting Authority (IBA) reçoit un courriel annonçant la présence d’une bombe dans ses locaux à Celicourt Tower dans le centre de Port Louis. L’IBA et ses voisins dont l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA) prirent la menace au sérieux et évacuèrent tout le bâtiment. Evidemment, la force policière mobilisa ses meilleurs artificiers de l’Explosive Handling Unit pour trouver la bombe et la désamorcer, comme James Bond le fait quand le compte à rebours atteint le chiffre 007.
De l’angoisse pour de nombreux employés de bureau et même les chauffeurs de taxi des environs mais celui ou celle qui aura vécu de grands moments d’amusement a été sans doute l’auteur du courriel adressé à l’IBA. Depuis le mardi 23 novembre, les forces de sécurité de la République de Maurice cherchent toujours l’auteur de ce courriel. Cette personne a rendu totalement ridicules toutes les agences concernées, à commencer par l’IBA. Cet organisme qui est censé réguler l’espace audiovisuel du pays n’a pas de directeur en titre et son conseil d’administration est présidé par un… taximan, un vire mam devenu chatwa issu d’un village de l’Est.
L’incident d’alerte à la bombe se produit dans une conjoncture où on assiste à une tentative d’amender la loi pour transformer l’IBA en organisme féroce pouvant sévir impunément contre les radios privées du pays. Ainsi, l’IBA pourrait refuser le renouvellement du permis d’une radio privée. C’est Top FM qui est ainsi visée en cette année 2021. L’IBA pourrait aussi infliger de lourdes amendes allant jusqu’à Rs 500 000 à des radios, contraindre ces médias libres à dévoiler leurs sources de financement et de divulguer l’identité de ceux qui leur fournissent des informations.
Cette démarche de rendre impotentes les radios privées pourrait se révéler totalement contre-productive car comme prouvé par le cas de la fausse alerte à la bombe à l’IBA, la neutralisation et éventuelle élimination des médias officiels qui respectent les lois du pays donnerait naissance à une multitude de sites web hébergeant même des radios et des télévisions qui opéreraient sans contraintes à partir de l’étranger. En fait, il ne serait même pas nécessaire de monter ces opérations de l’étranger. On pourrait le faire à partir du territoire mauricien même à travers des Virtual Private Networks (VPN) ou des réseaux complexes et cryptés.
Ces sites, contrairement aux médias officiels, ne seraient nullement tenus de respecter les lois sur la diffamation, la sédition, les appels au racisme et au communalisme primaire et au respect de la vie privée. Par exemple, on pourrait même suivre, grâce à des drones, l’itinéraire d’une forte personnalité partie se faire ‘shooter’ dans un village du Nord.
Ce qui serait encore plus pernicieux et dévastateur, c’est que des gens comme celui qui a lancé l’alerte à la bombe à l’IBA, se mettraient à nuire aux intérêts économiques du pays en inventant des fake news et de faux messages d’alerte à la bombe, affectant même les décollages des avions d’Air Mauritius.
Le plus surprenant dans toute cette affaire d’armer l’IBA pour mieux bâillonner ou mettre KO les radios privées, c’est le fonctionnement même de cette instance de régulation. On note sur son board la présence d’une forte majorité de hauts fonctionnaires. Ces officiels ont passé plusieurs années à entreprendre des études universitaires, un membre détenant même un doctorat non pas de Jabalpur ou de Tombouctou mais d’une université d’un grand pays civilisé. Comment se peut-il que ces fonctionnaires acceptent de se soumettre aux directives d’un taximan ? En connaissance de cause, ils se font agents et exécuteurs dans une démarche qui affecte la santé démocratique de toute une nation. La société mauricienne étant systémiquement extravertie, on court bien le risque, en dehors des dégâts internes, de nuire de façon irrémédiable à l’image de marque du pays sur le plan international.
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