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Douloureux chapitres de notre histoire commune
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Douloureux chapitres de notre histoire commune
Plus on s’évertue à rester chez nous, à rencontrer le moins de personnes possible, et à télé-travailler, plus on s’y habitue.
Qu’advient-il alors de l’individu et de son rapport à la société ?
Les deux confinements, la distanciation physique, les gestes barrières (et le seul fait de ne plus se serrer la main, ou de se faire la bise comme jadis), plus récemment les variants “of interest”, dont les redoutables Delta et Omicron, les dizaines de victimes par jour, depuis ces dernières semaines, le manque d’oxygène et les appels à l’aide désespérés de nos autorités, la fermeture des lignes Ivato-Plaisance et Plaisance-Jo’Burg, tout cela ne peut que laisser des empreintes qu’on n’a pas encore fini d’intérioriser. En fait, nous restons, en permanence, acteurs et spectateurs d’un roman-monde, ou film noir, qui semble ne plus vouloir s’arrêter.
La réalité de tous les jours a bien changé, et à bien des égards, elle se mélange de façon presque maléfique à la fiction pour façonner un imaginaire collectif qui se métamorphose aussi rapidement que le coronavirus et ses multiples variants, qui, eux, se développent plus vite que les vaccins. Aujourd’hui, avec tout ce qui est publié, depuis quelques jours, sur Omicron (B.1.1.529), originaire de l’Afrique australe, on réalise que les réponses ne sont plus les plus importantes. Ce sont les questions qui ouvrent des perspectives nouvelles dans la vie.
La vie en pleine pandémie nous conduit irrémédiablement à une remise en question non seulement de la gouvernance et de l’économie, mais des relations et sciences humaines et sociales de manière large. Chez nous, on observe à quel point notre gouvernance vire à l’absolutisme. Les méthodes quasi-autocratiques, anti-démocratiques, sont devenues légion.
Et alors que l’on revendique les Chagos, qu’on coupe les ailes des radios privées, qu’on menace les citoyens-internautes qui ‘abusent’ de leur liberté d’expression sur la Toile, qu’on viole l’esprit démocratique de notre propre Constitution, le pays ne devrait-il pas plutôt faire son examen de conscience afin de surtout gagner en souveraineté, en puissance et en dignité aussi ? Car les récits insupportables des parents de ceux et celles d’entre nous qui meurent à l’hôpital ENT sont des chapitres indélébiles du roman mauricien. Si on n’arrivait toujours pas à traiter nos chiens avec dignité, nos hôpitaux conservaient, avant que les cas symptomatiques n’explosent, un niveau de service plus ou moins acceptable, grâce à un personnel majoritairement dévoué. Mais le variant Delta a fait voler cette image en éclats…
Personne ne connaît la fin du film-catastrophe qui se joue en ce moment sous nos yeux inquiets. Comme il n’y a pas vraiment de précédent, pour nombre d’entre nous, il est difficile de saisir tous ces événements qui s’enchaînent et qui chamboulent notre quotidien, même si nous devinons que plus rien ou presque ne sera pareil désormais.
À toute crise ou catastrophe, on peut extraire du bon, avec un brin d’optimisme, sans tomber pour autant dans la béatitude. Le repli sur soi et la coupure nécessaire, car avant tout sanitaire, avec l’autre devrait nous inciter à remettre en avant le collectif et le bien commun. L’historien Yuval Noah Harari rappelle : “To defeat an epidemic, people need to trust scientific experts, citizens need to trust public authorities, and countries need to trust each other.”
À l’époque, alors que nous entamions la pandémie sous nos tropiques, personne au monde ne pouvait prédire la situation anachronique dans laquelle se retrouve l’humanité. On parle de guerre mondiale contre un virus invisible qui ne respecte aucune frontière, aucune communauté, et qui continue de prendre tout le monde de court. Indistinctement.
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