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De Dubaï à Maurice

4 décembre 2021, 09:00

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Par dizaines de milliers, des Sud-Africains et des Français débarquent à Dubaï depuis ces derniers jours. La crise sanitaire ne dicte pas tout. Ça change des protocoles qui se chevauchent et qui commencent à nous étouffer. Pas besoin de pass vaccinal ici. Ni de mettre deux masques, l’un sur l’autre, comme le fait notre ministre du Tourisme.

D’ailleurs, à quoi ça sert de brandir son carnet vaccinal puisque tous les vaccins et les variants ne se valent pas, n’est-ce pas ? Comme d’autres voyageurs venus des quatre coins du monde, il nous faut uniquement présenter un test PCR négatif – effectué dans le pays d’origine pas plus de 72 heures avant de fouler le sol dubaïote. Certes, ce certificat, qu’on imprime soi-même sur un banal A4, peut facilement être falsifié. Mais cela se joue sur l’honneur, à un autre niveau donc. Pas de prise de température intempestive, que ce soit à l’aéroport, à l’entrée des gratte-ciel, ou pour accéder à l’incroyable Expo universelle 2020, une ville intelligente du futur plantée dans le désert, au cœur des Émirats arabes unis, par 192 pays ! Une mise en commun inouïe.

Ne craint-on pas Omicron ? Pas plus que les autres variants, nous répond-on tout bonnement.

La priorité du jour, c’est le monde de demain, où les virus feront partie intégrale de notre vie, comme ils l’ont toujours fait depuis la nuit des temps.

Déjà repoussée d’une année, l’Expo universelle 2020 de Dubaï, qui a été lancée le 1er octobre dernier, veut montrer la voie d’un avenir durable et le pari d’un destin commun. C’est une ambition démesurée, un projet fou, comme l’est Dubaï elle-même, qui souhaite «connecter les esprits et créer le futur commun». Trois sous-thèmes regroupés dans les trois districts structurent le site de 4 km2 : Opportunité, Mobilité et Durabilité, avec chaque pays participant, dont Maurice, apportant sa contribution à ces grands enjeux mondiaux.

Alors que le coronavirus et ses variants nous poussent à nous fermer aux autres, en privilégiant le repli sur soi à l’ouverture, les expositions universelles viennent, elles, consacrer des vitrines et des réalisations d’envergure, tant pour le pays hôte que pour l’ONU et les pays participants, particulièrement, dans les domaines technologiques, scientifiques, culturelles et architecturales, du savoir-faire et des modes de vie. Cela devient alors un lieu commun, ou un rêve universel, qui nous relie les uns aux autres au-delà des vaccins et des protocoles de voyage, car d’abord une plateforme multilatérale de diplomatie publique qui permet de défendre des valeurs fondamentales, de promouvoir le dialogue interculturel, de renforcer la solidarité internationale face aux menaces communes. On en discutait cette semaine au sein du modeste pavillon mauricien que l’enjeu véritable du pays participant n’est pas uniquement de savoir ce que l’exposition peut nous apporter, nous petit pays insulaire en développement qui doit se réinventer à l’aune du changement climatique, mais aussi comment on peut contribuer à répondre aux défis globaux.

Les questions qui se posent alors sont comment mieux vivre demain, en respectant l’environnement et la planète ? En offrant aux visiteurs du monde entier la possibilité de toucher concrètement du doigt les solutions les plus pointues pour les affronter. Comme le pavillon tchèque qui démontre que l’on peut transformer des terres arides en lieux fertiles de produits bio en utilisant l’énergie solaire pour extraire la vapeur d’eau présente dans l’air… Plus loin, des Hollandais, pragmatiques, nous montrent un système climatique intégré miniature et une ferme verticale, alliant les aliments qui poussent, l’eau qui se collecte et l’électricité qui se produit sur place…

À l’image des expositions universelles précédentes, soit de Londres, en 1851, à Milan, en 2015, celle de Dubaï met l’accent sur l’éducation du public, la promotion du progrès et la coopération humaine, au niveau des entrepreneurs et des individus.

L’idée fondamentale demeure quand même l’ouverture de nouvelles perspectives et d’un nouvel espace de solidarité, de collaboration et de dialogue privilégié entre les différentes nations. À cet égard, le cri du cœur de Cyril Ramaphosa, blessé qu’on lui claque la porte au nez, alors que son pays nous aide par rapport au séquençage et au tourisme, mérite d’être entendu et écouté. Car le monde de demain aura à surmonter les utopies touristiques pour sceller des alliances durables.

Les interpellations ou arrestations en masse de ceux qui défendent la liberté d’expression confèrent vraiment un air rétrograde au pays, vu de l’extérieur. Ceux qui sont derrière ces dérives autocratiques ne réalisent pas le mal qu’ils font à l’image de Maurice. Mais tôt ou tard ils auront à rendre des comptes… Simplement parce que le pouvoir ne peut pas prétendre avoir raison tout le temps envers et contre tous, alors que la rue scande sa colère contre l’injustice et l’opacité.