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Démission et des missions

26 décembre 2021, 09:01

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L’opposition se retrouve au coeur d’une polémique qu’elle a elle-même créée. Les conversations tournent, en cette fin d’année, sur une idée lancée par un Roshi Bhadain hors de lui après son arrestation, cette semaine, pour une rocambolesque histoire de vol de bois qui remonte à dix ans de cela. En rejoignant l’alliance de l’Espoir, le fou- gueux leader du Reform Party n’a pas totalement intériorisé qu’il lui faut mettre de l’eau dans son vin. Il n’est pas encore Navin Ramgoolam qui peut, lui, se permettre de faire cavalier seul, sans le soutien des Duval et Bérenger, encore moins du timoré Nando Bodha, qui, contrairement à Xavier-Luc Duval, n’arrive pas à trouver ses marques dans les travées de l’opposition.

On dit l’opposition par convenance, mais dans les faits, il y a plusieurs oppositions parlementaires et extra-parlementaires. D’ailleurs après le froid entre le MMM et le PTr, qui a provoqué la démission d’Arvin Boolell comme leader de l’opposition le 1er mars 2021 (après 15 mois dans ce rôle), le leader du PMSD s’est porté volontaire pour combler le vide face au GM. Un an plus tard, Duval, avec moins de quatre députés, pourrait remettre le poste sur la table, malgré ses remarquables PNQ par rapport aux dysfonctionnements à la Santé. Une démission de Duval forcerait le Parti travaillste à préciser ses intentions : continuer seul ou souder l’opposition en rejoignant l’alliance de l’Espoir, ou bien encore souffler le chaud et le froid en même temps…

À bien voir, Roshi Bhadain, en lançant le pavé de la démission en bloc, a peut-être rapproché le MMM, le PMSD et le PTr. Comme nous le rappelait El Figaro hier, en exluant les best losers, ils sont, sur les bancs de l’opposition, 22 députés élus : 12 de l’alliance de l’Espoir et 10 du Parti travailliste, avec Salim Abbas Mamode qui a quitté le PMSD pour rejoindre le gouvernement.

Moins émotifs que Bhadain, Duval, Bérenger et Ramgoolam sont conscients qu’une démission collective des 22 élus ne rimerait pas forcément avec des élections générales anticipées. Au contraire, cela donnerait carte blanche au gouvernement qui compte 38 élus, sans compter ses best losers et les Rodriguais, de continuer à écraser le législatif de tout son poids, avec une garantie d’une majorité de 100 % (avec seulement 37, 68 % de suffrages !). Ce qui pourrait annoncer le retour des Prosecution Commission Bill ou autres lois scélérates et liberticides, notamment contre la presse et l’opinion publique; ce qui consoliderait le lit d’un régime de plus en plus autoritaire…

Sans citer Bhadain, Paul Bérenger s’est opposé à l’idée d’une démission collective.

Il pense que la Constitution laisse un dangereux flou par rapport à la notion des trois quarts. Rusé, il sait qu’il ne peut plus compter sur le rancunier leader rouge. Alors, se dit Bérenger, confiant de la fidélité des bleus, à quoi bon démissionner et demander à Patrice Armance, Reza Uteem, Aadil Ameer Meea, Khushal Lobine, Joanna Bérenger, Nando Bodha, Xavier Duval, Deven Nagalingum, Rajesh Bhagwan, Karen Foo Kune, Franco Quirin de faire de même ? Et s’ils n’étaient pas réélus comme Bhadain lui-même à la partielle du n° 18 en 2017, quand Arvin Boolell avait surclassé les candidats du MMM, du PMSD et du Reform Party ? Cela ne fragiliseraitil pas davantage les Mauves et les Bleus, tout en apportant du sérum au MSM ou au PTr ?

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Les suggestions par rapport aux «personnalités de l’année de l’express» vont bon train. Les politiciens tentent d’organiser leurs groupes de soutien. Mais l’express depuis ces dernières années préfèrent braquer ses projecteurs sur ceux qui, dans l’ombre, oeuvrent pour des lendemains meilleurs, sans avoir à quémander des votes ou à adopter des postures communalo-scientifiques. Nous choisissons surtout des compatriotes qui, selon nos lecteurs et nos journalistes, donnent l’impulsion nécessaire à la société ou à la patrie de réaliser des progrès et d’imaginer des lendemains meilleurs pour les Mauriciens, en portant le mauricianisme en bandoulière.

Aux États-Unis, Time Magazine, qui consacre, des fois, sa Person of the Year à ceux qui ont le plus influencé le monde – négativement ou positivement. C’est ainsi que Trump a été plébiscité en 2016. Pourquoi Trump, un personnage tellement clivant ? Parce que ce titre va tous les ans à «la personne ou les personnes qui ont le plus affecté les événements et nos vies, en bien ou en mal, et incarné ce qui était important à propos de cette année-là, pour le meilleur ou pour le pire», expliquait le rédacteur en chef de Time, Walter Isaacson, en 1998. Chez nous, nous privilégions les bons exemples, ceux qui montrent le bon chemin, selon nous. Puisque les contre-exemples pullulent déjà dans la vie publique. C’est pour cela que nous ne retiendrons pas cette proposition d’Abraham, fidèle lecteur et commentateur sur lexpress.mu (qui mérite néanmoins de figurer dans ce dernier Politico de l’année):

«En 1938, le magazine Time proclama Hitler «Person of the Year». Il n’est pas nécessaire de nommer un héros/une héroïne comme l’homme/ la femme de l’année, mais plutôt une personne qui a fortement influencé les évènements de l’année, en bien ou en mal. Il n’y a pas un seul jour de 2021, quand le nom du PM n’ait été vilipendé ou le nom de Pravind glorifié dans les familles mauriciennes. C’est un personnage exceptionnel, qui peut partir faire un discours sur le réchauffement climatique et proposer des solutions pour le sauvetage de la planète (excusez du peu) et puis retourner dans sa petite île et faire voter un Petroleum Bill. Il peut dire ceci et faire cela sans aucune gêne. Pravind Kumar Jugnauth est définitivement mon «Homme de l’Année 2021»…

Peut-être que d’autres lui décerneront le titre – en bien ou en mal. Mais pas nous !