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Dans le monde, qui n’a rien n’est rien

28 décembre 2021, 10:25

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Les deux dernières années n’ont cessé de transformer l’expérience humaine sur terre. Confinements, masques, gestes barrières, vaccins, variants, Emergency Procurements ont envahi notre vocabulaire et l’espace public. Alors que 2021 s’achève, il est bon de prendre le recul nécessaire pour appréhender le monde comme un tout, puisque, comme nous l’avons vu, tout est inter-relié : de la circulation quasi instantanée du virus aux quatre coins de la planète à l’iniquité de la distribution des vaccins et des médicaments des pays du Nord à ceux du Sud.

Pour décoder l’actualité de chez nous, il nous semble important de chercher à comprendre les prémices et prémisses des actualités avant de souligner ou condamner les abus, dérives, excès et intégrismes qui gangrènent le monde, des États-Unis à La Chine, en passant par l’Europe et l’Afrique. Les philosophes chérissent le recul qui nous permet de cerner l’ambiguïté qui caractérise l’humain, qui s’élève contre les postures trop tranchées, trop dogmatiques, et, surtout, qui nous rappelle le sens de notre humaine présence sur terre.

Une présence sur terre qui est bousculée en permanence par une série de crises. Crise sanitaire, crise économique, flux migratoires, contestation des élites. Avec pour résultat que le modèle démocratique s’effrite de plus en plus devant «la tentation autoritaire» de plusieurs gouvernements, de l’Inde à Maurice, ou encore de la Turquie au Brésil via le Bénin.

Sur le plan international, 32 ans après la chute du mur de Berlin, 30 ans après la fin du régime d’apartheid, le débat entre la démocratie (prônée, mais pas forcément pratiquée, par les États-Unis) et l’autocratie (selon le modèle du Parti communiste chinois) va donc s’accentuer. Entre les deux superpuissances rivales, il y a une palette d’autres modèles de gouvernance qui vont se défendre au nom de la stabilité politique, la croissance économique et l’innovation technologique. «This rivalry will play out in everything from trade to tech regulation, vaccinations to space stations», relève le numéro spécial de The Economist.

Il semble révolu le temps où les dictatures étaient balayées par des coups d’État. En 2022, la priorité de tous les gouvernements sera de reprendre le contrôle sur le coronavirus et de faire taire les critiques. La Russie et la Chine ont beau essayer de cacher les chiffres au reste du monde, mais elles ne peuvent plus étouffer les informations, à l’ère des réseaux sociaux et des VPN. Si on ne s’attend pas à des révolutions du style Printemps arabe aux pays de Vladimir Poutine et de Xi Jinping en 2022, il paraît évident que les pouvoirs en place, y compris à Maurice, auront à lâcher du lest, comme Modi a eu à le faire face à la colère des fermiers, qui ont manifesté contre le gouvernement… pendant plus d’une année.

Sur le plan économique, les prix ont pris l’ascenseur avec la fermeture des frontières qui a rompu les chaînes de distribution d’une part et en raison d’une demande croissante en énergie d’autre part. Si les pays ne parviennent pas à réduire leur dépendance aux énergies fossiles, la tension géopolitique ira en s’intensifiant dans plusieurs régions du monde. Ce qui retarderait, une nouvelle fois, les engagements pris lors de la COP26. Selon les prévisions des climatologues, les incendies naturels et les vagues de chaleur vont augmenter alors que les politiciens discourent toujours sur les modalités pour décarboner l’économie. Des citoyens de plus en plus sensibilisés et impliqués ne vont pas manquer de rappeler aux dirigeants leur timidité contre le dérèglement climatique. De nombreuses et jeunes voix vont dénoncer la soumission des gouvernants aux «lobbies» et aux «industriels», comme ceux qui, chez nous, ont poussé pour une sombre et inopportune Offshore Petroleum Act. Sans une coordination à l’échelle mondiale, les intérêts particuliers vont piétiner l’intérêt commun.

Enfin, le salut viendrait-il du monde sportif ? Le monde vivra deux compétitions sportives d’envergure : les Jeux Olympiques de Beijing et la Coupe du monde du Qatar. Les deux pays hôtes veulent montrer ce dont ils sont capables, alors que la démocratie demeure le cadet de leurs soucis. Pour eux, c’est la démonstration de leurs riches ressources qui compte le plus, et non pas la charte des droits humains d’une ONU de plus en plus appauvrie.