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24/7, 24/24, 24/365 ,02/02, 44%

9 janvier 2022, 16:30

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En moyenne, le pays reçoit 2 000 millimètres de pluie chaque année. Cela équivaut à 2 mètres de pluie ! Il y en a un peu plus sur les hauts où se trouvent les réservoirs sans doute, un peu moins sur les côtes, au Nord et à l’Ouest, mais en moyenne cela fait DEUX MÈTRES d’eau de pluie par an ! Or, en 2018, on ne récoltait que 7,6 % de ce volume et le reste, soit 92 % disparaissait… soit dans la mer, soit sous la terre – où une partie est éventuellement récupérée dans les nappes souterraines. De plus, de ce volume récolté et traité aux normes internationales requises, plus de 60 % de l’eau de la CWA se… perd dans la tuyauterie ou n’est jamais facturé.

Est-ce que cela ressemble à un service public qui marche ? Sommes-nous vraiment dans un pays où l’on considère qu’acheter des réservoirs gonflables (qui peuvent sûrement être dégonflés ou percés à l’occasion ?) ou que dessaler de l’eau de mer (qu’il faudra inévitablement alors pomper à grand frais puisqu’on ne pourra plus alors compter sur la gravité de M. Newton), sont les solutions les plus évidentes à nos problèmes d’eau ?

Non, absolument pas !

Nous n’avons pourtant même pas encore évoqué les robinets qui ne coulent pas, à Bramsthan, à BambousVirieux ou à Tamarin, où l’on confronte des coupures d’eau tant inexpliquées, qu’intempestives. Au morcellement Belouguet de Tamarin, par exemple, il n’y a pas eu une goutte d’eau dans les robinets depuis le 15 décembre ! Sauf, étonnamment, quand il pleut un peu, ce qui est arrivé pendant cinq ou six jours sur cette période… Autre signe du ‘mal’, les communiqués affichés sur le site Facebook de la CWA : il y en a eu 29 depuis le 1er décembre, dont 18 sont pour aviser que la fourniture est interrompue «jusqu’à nouvel ordre» ou que le service sera rétabli «aussitôt que possible», les autres informant des coupures à des heures pré-indiquées. (*)

Ce n’est même pas que les réservoirs sont vides cette année. Ils sont mieux remplis (69 % à Mare-aux-Vacoas, par exemple, à mi-décembre), que l’an dernier (58 %) et certainement mieux qu’en 2012 (25 %)…

Dans son Customer Charter non daté, le monopole qu’est la CWA note, à la section XXII, sous le titre «IMMUNITY» qu’elle ne peut en aucun cas être poursuivie pour l’impureté de son produit ou même pour l’irrégularité ou l’insuffisance de sa fourniture d’eau «for whatever purpose».

Tiens ! Dans un monde où il faut de plus en plus être responsable de et redevable pour ses actes ou omissions, ça démarre plutôt bien, vous ne trouvez pas ?

Dans ce même document, qui a dû demander pas mal de temps de réflexion et de compilation et que je vous invite à lire pour votre édification (**), on peut aussi trouver, à la section VII, que la CWA va s’efforcer de fournir de l’eau 24 heures par jour et de réduire le taux de nonfacturation à un niveau acceptable avant l’an 2012. Non, il n’y a pas erreur sur l’année et s’il n’est pas précisé ce qu’est un taux «acceptable» de perdition, la section XVIII nous renseigne, en toute transparence, que seuls 65 % de la population bénéficiaient alors d’une fourniture d’eau de 24 heures en continu et que le taux de non-facturation de l’eau traitée était alors de 47 %.

Sur ce dernier critère, ça s’est donc encore détérioré depuis ?

Le ministre des Infrastructures publiques, signant le rapport annuel 2018-19 de son ministère en septembre 2019, cinq ans après la promesse électorale de 2014 de fournir de l’eau 24/7 à tous, soulignait que 245 000 clients avaient alors atteint une fourniture de 24 heures en continu. Sur la base de 365 000 foyers (households), ceci équivalait à 67 % de la population, un progrès de 2 % par rapport à la date de rédaction du Customer Charter, quel qu’ait pu être sa date de rédaction. Quant au taux de non facturation de l’eau traitée, le ministre Lesjongard, prenant le relais du ministre Collendavelloo, révélait au Parlement le 11 août 2020, plutôt embarrassé d’ailleurs, que ce taux était autour de 60 % en 2019, alors que le Customer Charter non daté indiquait 47 % et que la tendance mondiale est de 25 %. Tout ceci, malgré le remplacement de 498 kilomètres de tuyaux percés, sur les 1 570 kilomètres demandant remplacement sur les 4 000 existants au total) au coût de Rs 2,8 milliards depuis 2014 !

24/7, tu parles ! D’autant que l’on a, entre-temps, dépensé Rs 5 milliards à Côte-d’Or, Rs 16 milliards à Safe City et que ce sera bien plus que cela avec le métro. C’est dire, quelque part, quelles sont les vraies priorités du pays ?

L’état de ce service essentiel n’est sûrement pas étranger au fait que la CWA a connu quatre General Managers en 2 ans, le dernier, M. Rooben Maran ayant duré… 3 mois. C’est ce qui menait aussi, sans doute, le PM lui-même à tenter l’explication suivante face à la presse le 27 octobre 2020, à Rivière-des-Anguilles, où l’on construira éventuellement un nouveau réservoir (***) : «24/7 pa vé dir pou gagn delo depi gramatin ziska aswar» !

On sait donc maintenant ce que 24/7 «pa vé dir», promesse électorale ou pas. On restera sur notre faim, ou plutôt notre soif, sur ce que 24/7 «vé dir».

Pourrait-on au moins s’entendre que 24/365 veut dire une alimentation en eau 24 heures sur 24, 365 jours par an, sauf s’il ne pleut plus et que les réservoirs ne contiennent plus que de la boue ?

*****

L’Unicef, l’Unesco et l’OMS sont contre la fermeture des écoles (voir l’express du 5 janvier 2022). Les parents aussi, dans leur grande majorité, effrayés qu’ils sont des conséquences tant psychologiques que pédagogiques. Certains syndicalistes de l’éducation (l’express du 6 janvier 2022) réclament aussi le présentiel et soulignent les limites des sessions en ligne mal fagotés. Les élèves ? N’en parlons pas ! Ils piaffent d’impatience, veulent retrouver leur liberté hors des quatre murs de la maison familiale, retrouver leurs profs, renouer avec leurs amis, dans de l’interactif, dans le monde réel, dans celui où leur éducation a malheureusement déjà beaucoup souffert par un excès de prudence compulsif.

Le ministère de l’Éducation prône, quant à lui, le présentiel à partir du… 2 février, mais seulement pour 44 % des élèves, soit ceux concernés par les examens.

Si on peut ouvrir les garderies, si 50 personnes peuvent entrer dans un bus ou un mariage, si on peut faire du tourisme, prendre l’avion, faire son shopping, aller au travail à l’usine, danser à 40/50 dans une salle fermée en faisant du karaoké ; pourquoi donc mettre nos jeunes élèves par classe de 40 sur une liste rouge écarlate… phosphorescente ! Qui est tant nuisible qu’abêtissante ? Les parents ne devraient-ils pas être ceux qui choisissent s’il faut envoyer leur enfant à l’école plutôt qu’un nanny state voulant tout contrôler ?


(*) Toute l’ile semble concernée : Calodyne, Cap-Malheureux, Flacq, Bramsthan, Petite-RivièreNoire, La Gaulette, Alma, Dagotière, Jin Fei, Riche-Terre, Baie-du-Tombeau, Schoenfeld, Case-Noyale, Montagne-Longue, Les Mariannes, Petite-Julie, Camp-de-Masque-Pavé, Plaine-Verte, Cité Martial, Camp Yoloff, Trèfles, Stanley, Beau-Bassin, Mare-Gravier, Chebel, Rivière-duRempart, Coquinbourg, Le Bouchon, Carreau Acacia, Moka, Bois-Chéri, Telfair, Crève-Cœur, Caudan, Roche-Bois, Quai D, Réduit, MCIA, Valton, Pailles, Camp Chapelon, Goodlands, Grand-Gaube, Bell-Village, Port-Louis, Plaine-Verte, Ilot, Quatre-Sœurs, Grand-Sable, Palmar, St.-Francois, Petit-Raffray, Vale, ont tous été mentionnés au moins une fois, dans un communiqué ou un autre indiquant une fourniture d’eau «interrompue» ou «irrégulière». Inévitablement, chacun de ces lieux étaient suivis de la phrase gobe-tout «…et des régions avoisinantes».

(**) http://cwa.govmu.org/Documents/ Publications/Customer Charter.pdf (***) Ah tiens ! un barrage sur une rivière, ce n’est vraiment pas bête ça, vu le temps que l’on en parle… si seulement on pouvait facturer plus que 40 % de son eau !