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Comparer l’incomparable !

7 mars 2022, 13:31

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L’ironie veut que d’un coté, le Premier ministre critique ceux qui font de la «démagogie» et de l’autre, pratique cette même démagogie. Ainsi, en tentant de justifier la nouvelle hausse des prix du carburant, «inévitable» selon lui, Jugnauth s’est lancé dans une opération absurde de comparaison des prix de l’essence entre certains pays (Réunion, Seychelles, France, Singapour) et Maurice.

Le Premier ministre a donc jugé utile de faire une analyse sans égale en sachant pertinemment bien que le niveau de la vie et la grille des salaires d’ailleurs n’ont rien à voir avec la situation locale. Le discours du chef du gouvernement a provoqué, avec raison, des réactions ; internautes et médias ayant vite relevé la bourde du Premier ministre qu’un étudiant en première année d’études de sciences économiques apprend à ne pas faire.

Doit-on encore une fois se demander ce que font l’armada de conseillers grassement payés des fonds publics incapables d’expliquer à Pravind Jugnauth qu’il se rend ridicule avec pareille déclaration ? Est-ce que le Premier ministre, qui est de surcroit un ancien ministre des Finances, a induit sciemment en erreur la population en s’appuyant sur des chiffres douteux pour faire croire que ces carburants qui viennent de subir une nouvelle hausse coûtent moins cher chez nous ? Est-ce que le chef du gouvernement n’a pas honte de cette énième bassesse dont la stratégie consiste à nous abêtir, sinon nous infantiliser ?

Au lieu de venir avec des propositions fermes pour protéger notre pays de la catastrophe économique qui pointe son nez, au lieu de répondre à toutes ces voix raisonnées qui appellent à une suppression de plusieurs taxes sur ces carburants qui saignent les Mauriciens, au lieu de proposer des pistes de réflexions sur les jours sombres qui nous attendent, le Premier ministre garde sa posture défensive, continue à vilipender les gouvernants d’avant, comme ça a été encore le cas quand il est revenu sur ceux qui font de la démagogie et qui «an 2008 ti okazionn bann pert STC».

Alors même que nous subissons les séquelles de la pandémie, pendant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie bouleverse le fonctionnement de l’économie mondiale, avec comme point de départ une augmentation des carburants qui entraîne déjà une série de hausses, dont le ticket d’autobus bientôt, sans oublier d’autres effets néfastes, Pravind Jugnauth continue à profiter des caméras de la télévision pour venir nous dire que la population doit être consciente des efforts de son gouvernement concernant les subsides sur les produits de base.

Ce à quoi on pourrait lui répondre que malgré notre bonne volonté, on a beaucoup de mal à voir ses efforts tant les prix ont flambé de manière radicale en seulement quelques mois. Quand l’on sait que la hausse des carburants provoque déjà une montée des tarifs sur les transports scolaires, quand l’on sait que d’autres augmentations sont prévues, il est clair que nous ferons bientôt face à un appauvrissement de plusieurs classes sociales. Du reste, depuis quelque temps, plusieurs voix attirent l’attention sur l’éventualité d’une crise qui nous guette. Des cris proférés dans le désert comme d’habitude !

Parce qu’à un moment où l’on s’attend à ce que nos dirigeants fassent preuve de mesure, nous ne voyons aucune retenue dans les largesses que ses membres s’accordent. Mais qui s’en inquiète au pouvoir ? L’objectif du moment chez les Oranges ? La pratique intense du débauchage dans les partis adverses avec désormais un nouveau visage qui change de camp chaque semaine !

Et pendant que l’opposition traditionnelle continue ses querelles sur les postes à pourvoir en ayant les yeux fixés sur les législatives de 2024, le MSM travaille à court terme avec un premier objectif qui est de gagner un maximum de mairies. Un choix clair de la politique sur l'économie !

Au final, c’est de Rodrigues que nous est venu le vent du changement avec certes une majorité fragile, tant l’écart entre l’opposition gagnante et l’OPR sortant est maigre. Est-ce que l’Assemblée régionale souffrira de cet inconfort ? En attendant les futurs enseignements de cette élection, les yeux restent rivés sur le premier partage du pouvoir au travers du poste de Chef commissaire entre Roussety et Grandcourt. Certains à Maurice sont-ils déjà tentés par l’exemple de Rodrigues ?