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Les femmes dans l’économie mauricienne
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Les femmes dans l’économie mauricienne
Des données relatives à la participation des femmes dans l’économie mauricienne sont publiées par Statistics Mauritius dans ces trois documents les plus récents : Labour Force, Employment and Unemployment – Year 2020, Survey of Employment and Earnings in Large Establishments, March 2021, et Gender Statistics, 2020. Les rapports de l’institut des statistiques reposent sur des données venant des sources administratives, des enquêtes auprès des ménages et des recen- sements. Si les données administratives sont indiscutables, en revanche il convient de rester prudent sur les données quantitatives des enquêtes, car elles sont obtenues à partir d’un échantillonnage. On peut certes tirer des tendances de ces statistiques, mais il faut garder à l’esprit qu’il n’existe pas de quantification plus ou moins précise. Par exemple, une moyenne cache des disparités criantes même au sein d’un groupe homogène. Cela dit, les rapports susmentionnés contiennent des constats intéressants à analyser.
Ces quinze dernières années, les femmes mauriciennes sont devenues économiquement plus actives. La population active des femmes s’élevait à 233 500 en 2020. Leur taux d’activité, c’est-à-dire le rapport entre la population des femmes employées ou chômeurs et la population de femmes âgées de 16 ans à monter, est passé de 41,6 % en 2005 à 46,6 % en 2015, mais a toutefois reculé à 45,3 % en 2020.
De 2010 à 2020, l’emploi féminin a progressé d’un taux annuel de 1,4 % alors que l’emploi masculin a baissé de 0,6 % par an. En 2020, 207 600 femmes avaient un emploi, constituant 40 % du total des emplois. L’âge moyen d’une employée était de 40 ans. Pendant l’année 2019, la femme travaillait en moyenne 36,7 heures par semaine, 5,4 heures de moins que l’homme.
Une grande proportion des femmes qui travaillent, soit 82 % en 2020, sont dans le secteur tertiaire, qui couvre le commerce, les services de logement, le transport, la santé et l’éducation entre autres. Le secteur secondaire (la manufacture, l’électricité, l’eau et la construction) abrite 15 % des femmes au travail. La très grande majorité d’entre elles, soit 83 % en 2020, ont le statut d’employée alors que 12 % sont des employeurs ou travaillent à leur propre compte.
Au 31 mars 2021, les femmes représentaient 39 % des 305 532 employés de grands établissements (ceux qui emploient au moins dix personnes). Parmi, on retrouvait 6 052 travailleuses étrangères. Si l’on considère toutes les catégories d’établissement, à la fin de l’année 2020, 33 500 femmes travaillaient dans l’éducation, la santé et le travail social, 36 800 dans le commerce, 29 200 dans la manufacture, et 17 800 dans l’hébergement et la restauration.
Bien qu’inférieures en nombre dans la population active, les femmes sont plus nombreuses que les hommes parmi les chômeurs, et ce, dans tous les groupes d’âge. En 2020, on comptait 25 900 femmes chômeurs, soit 49 % du total. Le taux de chômage féminin était alors de 11,1 %, contre 16,4 % en 2005.
Parmi les jeunes de 16 à 24 ans, le chômage touchait 29,6 % des femmes en 2020, contre 32,7 % en 2015. Le chômage des jeunes est resté bien plus élevé chez les femmes que parmi les hommes ces quinze dernières années.
En 2019, les femmes restaient sans emploi pendant 10 mois en moyenne, 2 mois de plus que les hommes. L’âge moyen des femmes chômeurs était alors de 30 ans, mais de 33 ans en 2020. Cette année-là, la majorité d’entre elles (61 %) étaient mariées, veuves, divorcées ou séparées, 22 % avaient une éducation supérieure, et 27 % possédaient le School Certificate ou le Higher School Certificate.
Le chômage touche plus les femmes que les hommes parce qu’elles sont plus nombreuses dans les usines qui ferment. Dans les services financiers, professionnels, éducatifs et de la santé, les employées sont en plus grand nombre que leurs collègues masculins, et il y a très peu de pertes d’emploi. On peut parier que les emplois féminins vont augmenter dans les prochaines années à mesure que s’accroît l’importance du secteur tertiaire dans l’économie mauricienne.
Rémunérer les femmes à leur juste valeur
Le revenu mensuel moyen d’une employée était de Rs 18 900 en 2020, inférieur aux Rs 23 400 d’un employé. Il existe toutefois des disparités salariales entre les secteurs économiques. Une femme gagnait en moyenne bien plus dans le secteur secondaire (Rs 14 300) que dans le secteur primaire (Rs 12 700). Dans le secteur tertiaire, son revenu était encore bien plus élevé, soit Rs 19 700.
Statistics Mauritius écrit que «average monthly income tends to be lower for women than men». C’est sans doute vrai en moyenne, mais on ne doit pas faire des comparaisons avec des moyennes. Les taux d’activité des hommes et des femmes sont largement différents, et les ratios hommes/ femmes diffèrent selon les échelons de la hiérarchie salariale.
Ce qu’il faut comparer, ce sont les salaires à des responsabilités équivalentes. Et encore que pour le même poste, les performances individuelles ne soient pas pareilles. Or le salaire doit être en fonction de la productivité de l’employé(e). On voit mal une entreprise se permettre de payer un homme incompétent plus qu’une femme compétente pour le même job.
Bien sûr, il y a encore de gros efforts à faire dans le secteur privé pour rémunérer les femmes à leur juste valeur. La méritocratie doit primer dans les entreprises privées. Le problème est moins criant dans le secteur public, car les salaires sont définis en fonction des postes, et non de la performance. On a ici quand même des femmes qui ne méritent pas d’être nommées à des postes à responsabilité, notamment lorsqu’une politicienne remplace une professionnelle qualifiée et expérimentée, simplement sur la base de sa proximité avec le pouvoir politique.
L’inégalité salariale est un fait de la vie, car les individus ont des capacités différentes, donc des rendements différents dans leur travail. À performance égale, salaire égal : cela doit s’appliquer à tout le monde, hommes et femmes. La seule égalité qui puisse exister, c’est celle des procédures et des conditions de travail. C’est ce que l’État doit assurer par le truchement du droit du travail. Il ne faut pas qu’il y ait des discriminations entre hommes et femmes par rapport aux droits des travailleurs.
Focalisons-nous plutôt sur cette autre inégalité qui a émergé depuis la pandémie de Covid-19, celle créée par le télétravail. Les femmes sont moins enclines à retourner au bureau, et elles réduisent donc leur chance quand il s’agit d’obtenir une augmentation salariale ou une promotion. Comme l’écrit The Economist dans The World Ahead 2022, «they will pay a price for this, losing out on pay rises and promotions because employers – often subconsciously – value physical presence».
Reste l’entrepreneuriat au féminin. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont introduit des mesures en faveur de la promotion de l’entrepreneuriat parmi les femmes. La population féminine doit être plus sensibilisée à ces aides spécifiques. Mais même le National Women Entrepreneurship Council n’est pas assez visible dans les médias. Si ce conseil est maintenant présidé par une femme entrepreneur, néanmoins il est composé essentiellement de politiciennes et de bureaucrates qui n’ont pas d’expérience entrepreneuriale. Enfin, il faut plus d’interactions et d’échanges entre les organisations publiques et privées qui encouragent l’entrepreneuriat féminin.
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