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Municipales et KKK: Risques calculés de PKJ
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Municipales et KKK: Risques calculés de PKJ
EN faisant renvoyer les élections municipales et déclenchant une opération policière de «Kouma Koze Kaso» (KKK) à l’encontre des manifestants anti-Gopia, le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), prend des risques calculés.
Avec l’échéance municipale repoussée à juin 2023, PKJ gagne dans l’immédiat en désarticulant un regroupement des forces de l’Opposition. En effet, les Travaillistes n’ont plus d’intérêt à rejoindre la plateforme de l’Espoir alors qu’ils partaient en force pour les municipales compte tenu de leurs assises à Port-Louis, Vacoas-Phoenix et QuatreBornes. Si c’est partie remise, une certaine dynamique de division dans les rangs de l’Opposition est déjà installée par le facteur Nando Bodha. Il est possible maintenant que Bodha prenne encore position contre Navin Ramgoolam et que les répliques des Travaillistes soient encore plus cinglantes. PKJ profiterait certainement de ce malaise chez ses opposants.
PKJ court le risque, néanmoins, de déclencher dès la rentrée en 2023 une accélération d’activités antigouvernementales dans la perspective des municipales. Cela avec la constitution d’une large plateforme regroupant le Parti travailliste, le MMM et le PMSD. Ce serait l’occasion idéale pour Navin Ramgoolam de s’affirmer comme le chef de cette mouvance débouchant sur les municipales mais allant au-delà de cette échéance. Car en 2023, le pays se verrait déjà pris dans la logique de la campagne pour les élections générales de 2024.
En cas de victoire massive de l’Opposition aux municipales de 2023, le MSM se verrait fortement acculé dans la perspective des générales de 2024. A chaque sortie publique, les Gopias du pouvoir se verraient littéralement harcelés dans toutes les régions du pays. Car les Mauriciens auraient de moins en moins peur de défier le gouvernement et ses ministres et PPS.
C’est dans cette perspective que PKJ a pris son deuxième risque calculé, c’est-à-dire faire arrêter le moindre contestataire bruyant du pouvoir politique. D’où la pratique du KKK, c’est-à-dire «Kouma Koze Kaso». La crainte d’être arrêté, poursuivi et «victimisé» par le pouvoir reste un élément dissuasif qui pourrait aider à calmer les ardeurs. Mais que se passerait-il si les manifestations hostiles se multiplient partout dans le pays ? Combien d’arrestations la police pourrait-elle opérer ? Combien de cas seront portés devant les tribunaux ?
Si on juge par ce qui s’est passé au kovil Amma Tookay le jeudi 14 avril, il semblerait que la police se soit montrée moins déterminée à sévir contre ceux qui manifestaient contre la politisation de la cérémonie entourant la célébration du Nouvel An tamoul. On a évité à ces manifestants le calvaire de ceux arrêtés après les incidents de Plaine-Magnien et de «Manhattan». La procédure KKK pourrait s’avérer totalement contreproductive pour le pouvoir. Dans les pays civilisés, les dirigeants évitent à tout prix de brimer tout manifestant hostile. L’exemple a été donné il y a quelques jours par le président Emmanuel Macron qui a calmement discuté avec un membre du public cachant à peine sa haine pour le chef de l’Etat français.*
A moins d’un redressement spectaculaire et tangible de l’économie, d’une augmentation du pouvoir d’achat des Mauriciens et d’une amélioration des conditions de vie dans le pays, il ne serait pas facile pour le gouvernement de contenir le malaise grandissant qui s’est manifesté à Plaine-Magnien, «Manhattan» et Camp-Diable.
* https://www.bfmtv.com/polit...
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