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Motion symbolique
Il ne faudrait pas s’attendre à ce que Pravind Jugnauth soit renversé par la motion de censure qui sera débattue au Parlement aujourd’hui, comme Imran Khan l’a été au Pakistan le 10 avril dernier. Les jours du Premier ministre pakistanais étaient comptés à la suite d’une crise politique longue de plusieurs semaines. De plus, il avait été lâché par ses pairs et par la puissante armée. Tel n’est pas le cas chez nous.
Le Premier ministre mauricien évolue, lui, dans un système verrouillé et il dispose d’une solide majorité parlementaire pour rester aux commandes malgré toutes les critiques et procédures contre son gouvernement.
À l’instar d’Imran Khan, Pravind Jugnauth souffre de plus en plus de la conjoncture économique et de mauvais choix politiques. La forte inflation (désormais à 11 %) et la dépréciation en- couragée de la roupie – de pas moins de 18 % face au dollar en 24 mois ! – dans une tentative d’éponger la dette (qui a dépassé la barre de 100 % du PIB) l’ont affaibli, surtout dans les villes, où les élections municipales ont été renvoyées. La détérioration du climat social devient manifeste, comme nous le constatons ça et là…
Sur papier, la motion de censure (aussi appelée ailleurs motion de blâme, ou, encore, motion de défiance ou motion de non-confiance) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, demeure symbolique mais pertinente, car elle va permettre aux parlementaires, tant du gouvernement que des oppositions, de jeter un regard critique sur l’action gouvernementale, plus de deux ans après les dernières législatives et environ deux ans avant les prochaines. L’assemblée législative, trop souvent écrasée par l’exécutif, n’avait pas connu de tels échanges depuis 1996.
La motion de censure permet à l’Assemblée nationale de maintenir un droit de regard sur le gouvernement, surtout quand un speaker, au lieu de jouer son rôle d’arbitre, se comporte comme un supporter chauvin du MSM qui l’a nommé. La séparation des pouvoirs, repose sur trois piliers qui doivent être forts et indépendants : le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Or chez nous, les deux premiers sont sous le contrôle du même homme ou de la même famille.
Non-mortelle cette fois-ci, la motion de censure aura surtout une portée symbolique car elle permettra d’alerter l’opinion publique sur la responsabilité gouvernementale par rapport à la cherté de la vie. Il y a des facteurs externes, sur lesquels vont tabler les membres de la majorité, mais il y a aussi, bel et bien Made in Moris, beaucoup de gaspillages, d’abus, d’incompétence et d’amateurisme qui rendent la vie bien plus chère qu’elle ne devrait l’être…
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