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Pas de compromis sur l’indignation collective !
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Pas de compromis sur l’indignation collective !
Le judiciaire, planche de salut ! Il aura donc fallu que Jayen Chellum (ACIM) conteste la décision de la police en Cour suprême pour que le commissaire de police abandonne le nombre limité à 50 participants (condition émise auparavant), permettant ainsi au rallye de se tenir dans les rues de Port-Louis ce samedi. Bien en a pris au secrétaire général de l’ACIM qui grâce – et ce n’est pas une première fois – au recours à la justice a poussé la force policière à faire marche arrière.
L’action n’est pas banale quand l’on sait que tout est fait actuellement par une police aux ordres d’un pouvoir autoritaire empêchant des regroupements populaires. N’a-t-on pas entendu le Premier ministre s’en prendre aux organisateurs de l’opération «Fuel Strike» qui a eu lieu dans les rues de Port-Louis en début de semaine ? «Pa kone ki kalite nom zot inn invante. Pe rod blok trafik…» Et encore une fois, le Premier ministre nous ressort l’argument qu’il égrène depuis les dernières «Émeutes de la faim», soit que ceux qui manifestent «pe rod met dezord…», que ce sont des «antipatriotes», ou encore que ce serait l’oeuvre des «frustrés».
Doit-on s’étonner du zèle de la police qui a déjà initié une enquête sur cette initiative de go-slow, tout en laissant entendre qu’il y a déjà une identification de plusieurs participants qui seraient dans le viseur des enquêteurs ? Si ce n’est pas de l’intimidation, si ce n’est pas une illustration d’une politique de répression, si ce n’est pas une mise en garde envers d’éventuels citoyens susceptibles de participer à des manifestations, l’on se demande ce que c’est !
Cette allergie aux mouvements de foule dont souffre le pouvoir provoque la question que tous se posent : est-ce pour empêcher le regroupement des personnes que le gouvernement maintient toujours les restrictions sanitaires, incluant le critère de la limite des 50 personnes ? Toutes les voix qui réclament l’abandon de cette barrière des 50 ont pourtant raison et leurs arguments sont valables : la baisse des cas de Covid-19, le fait que la grande majorité des Mauriciens sont vaccinés, les promotions pour que les touristes viennent en masse, les autobus bondés, etc !
Mais quand l’on sait qu’au-delà de tout raisonnement, les arrestations intempestives et injustifiées de citoyens n’arrêtent pas ces jours-ci – les dernières en date ayant eu lieu le samedi 21 mai lors d’une Operation tank vid au Mahébourg Waterfront avec pas moins de quatre personnes interpellées –, l’on ne peut que conclure à l’aversion qu’ont les autorités envers tout mouvement de contestation !
Du reste, à écouter le Premier ministre qui s’en prenait à l’opposition, tout semble aller bien pour son équipe : «Ou pou ranvers ene gouvernma kinn eli demokratikman ? Kan match football pe zoue, tan ki larbit pas soufle pa kapav dir match inn fini. (…) A koz zot pe trouv nou pe score goal lor zot zot pe dir match bizin rekomanse.» De quel «goal» parle Pravind Jugnauth à l’heure où une grande partie de la population a perdu le moral après la série d’augmentations, allant des denrées alimentaires aux successives et choquantes hausses des prix des carburants, qui ont eu pour effet d’étouffer plusieurs classes sociales du pays ?
C’est dire l’importance de maintenir la pression sur un gouvernement coupé des réalités. C’est dire à quel point il est important d’exercer le droit de manifester (comme l'a fait Linion Pep Morisien contre les restrictions sanitaires), de s’indigner collectivement à l’exemple de tous ces citoyens qui n’ont pas été indifférents à l’appel de l’ACIM dont le rallye organisé dans les rues de Port-Louis avait pour objectif de faire entendre les cris de protestations contre la flambée des prix.
C’est ainsi qu’on aura vu les membres de cette association de consommateurs, des ONG, des partis politiques de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, ainsi que des groupes de citoyens, drapés du quadricolore, roulant ensemble, pour dire non à la vie chère. Est-ce que leur cri sera entendu ? Réponse bientôt dans le discours budgétaire prévu le 7 juin prochain.
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