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Un peu plus près des étoiles

18 juillet 2022, 10:17

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Comme un feu d’artifice de taches lumineuses, plus ou moins scintillantes, aux couleurs multiples et variées, avec parfois de fins arcs brillants qui strient le ciel obscur. Ces éclats, par milliers, sont autant de galaxies peuplant l’Univers. Du jamais-vu dans un espace carré aussi petit. Nous serons bientôt huit milliards d’entre nous sur terre et nous pouvons admirer le cosmos, comme jamais auparavant, grâce au télescope spatial James Webb, dont les premières images permettent de relativiser tant de choses. 

Même si nous sommes remplis de nous-mêmes, nous sommes en fait que poussières dans l’immensité de l’Univers et ses amas de galaxies. 

Nous avons la raison, la science d’un côté, et de l’autre côté, il y a la spiritualité, l’émotionnel. Certes, chacun gère sa spiritualité comme il ou elle en a envie. À vrai dire, personne n’est un tout. Nous sommes tous un fragment d’un ensemble plus vaste, d’un environnement stratégique qui impacte, d’une manière ou d’une autre, notre destinée. C’est le Britannique John Donne (1572- 1631) qui résume notre situation le mieux : «Aucun homme ou femme n’est une île, un tout, complet en soi...» – (No Man is an Island). Mais l’homme et la femme sont aussi grégaires. Donc ils ont besoin d’une société. On ne peut pas être tout seul sur une île déserte, c’est la raison pour laquelle Maurice est aujourd’hui peuplée. C’est en étant ensemble que l’on construit ou déconstruit une société et une économie. 

Le hic, c’est que nous marchons sur deux pieds et avons deux hémisphères dans notre cerveau. Il y a la partie rationnelle et la partie sentimentale, émotionnelle, c’est ce qui fait toute notre humanité. Il faut savoir jouer avec les deux. Vous pouvez élaborer une théorie du rationnel mais vous ne pouvez pas en faire de même avec les émotions. 

Prenez l’assassinat de Shinzo Abe comme exemple. Depuis qu’il est monté au ciel, il génère des éloges funèbres à n’en plus finir. Toutes ses qualités sont soulignées. Le sens des perspectives se perd sous le coup de l’émotion. Sa mort brutale l’a propulsé au firmament alors qu’il était assez controversé de son vivant, en raison de ses ambitions hégémonistes et de son programme de réformes économiques, Abenomics, qui a surtout accentué le fossé entre les riches et les pauvres.

Il y a donc la perception et la réalité. Elles peuvent, parfois, se rejoindre mais, à la base, elles ne sont pas du tout la même chose. La première est fondée sur ce que l’on voit (souvent en surface, de manière superficielle), ce que l’on entend (souvent de la part de ceux qui crient dans chaque micro et devant chaque audience qui se présente) et ce que l’on croit savoir (via l’anecdotique, au hasard de nos rencontres et lectures). La réalité, elle, est considérée comme un critère de vérité (et l’on sait qu’il n’existe pas une, mais plusieurs vérités qui s’opposent). 

La réalité repose sur des faits concrets, peut-être pas exacts mais mesurables, tangibles et vérifiables ; ce qui n’est pas encore le cas pour les accusations de sniffing ; c’est en somme l’adéquation de la pensée et des faits. Les chercheurs en sciences sociales font souvent ressortir que «la vérité est une approximation, par ‘rectifications’ successives, d’une réalité qui se construit progressivement». Il importe, donc, de cerner, dans notre quotidien, ces différences afin de ne pas dire tout et son contraire. Comme beaucoup de nos politiciens ou aspirants-politiciens. 

*** 

Hormis une recommandation directe pour que la Banque centrale se désengage de la Mauritius Investment Corporation et qu’elle soit recapitalisée, le Staff Report du FMI, dans le cadre de l’Article IV Consultation, utilise un langage diplomatique feutré pour décrire notre situation économique. Vous ne lirez pas, par exemple, que le pays se trouve dans un gouffre, encore moins, que Maurice patauge dans la merde. À la place, vous trouverez des termes comme «needs to be corrected», «worsened balance of payment situation», «corrective measures», «raises policy concerns», «alarming»… 

Ce n’est que quand un pays se retrouve sans réserves et la tête sous l’eau, comme le Sri Lanka actuellement, que le Staff Report utilise un vocabulaire musclé, puisque la messe est déjà dite, les carottes déjà cuites, les coffres vidés…

Autre aspect qui freine le FMI, à en croire ses experts. «We believe local authorities might not have revealed the complete truths about the state of the economy.» Ils sont alors obligés de faire leurs calculs et analyses sur des chiffres pas fiables, qui leur ont été donnés. 

Dans une économie mondialisée, polarisée avec la guerre en Ukraine, avec des chocs qui s’enchaînent dans plusieurs régions du monde, les petits pays comme Maurice ne pourront compter que sur eux-mêmes. Pour redresser la situation mise en contexte par le FMI, on doit chacun faire des efforts et des sacrifices. Plus on retarde les réformes, plus grands et difficiles seront les efforts et sacrifices à être consentis pour sortir du trou et retrouver le chemin de la croissance solide et du développement. Dans un contexte où les matières grises sont requises, il faudrait inverser la fuite de nos meilleurs cerveaux, qui ne peuvent plus accepter le niveau politique de chez nous et le pourrissement de nos institutions. Mais ce choix de retenir les meilleurs n’est pas l’intérêt de ceux qui veulent se servir, au lieu de servir.