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Liz Truss encore une femme !

7 septembre 2022, 09:02

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Nous avons une interlocutrice désormais au 10, Downing Street pour discuter de l’épineux dossier Chagos/ Diego Garcia, qui, géopolitiquement, se complique, sans doute, avec l’aménagement par les Indiens d’une piste de 3 km et d’un port profond pouvant accueillir des sous-marins à Agalega. Il s’agit de Liz Truss, la troisième femme à être élue Première ministre (par les membres du parti conservateur) après «Iron Lady» Margaret Thatcher (1979- 1990) et Theresa May (2016-2019).

Dans un contexte où – à Maurice – on reste focalisé sur le besoin ou pas d’être un Vaish pour devenir chef du gouvernement, en Europe, les femmes ont déjà brisé, par leur propre cheminement, les plafonds de verre pour arracher et assumer, sans complexe aucun, the highest office in the land. C’est dire le retard considérable dans les mentalités locales, parce qu’ici une femme ne sera jamais leader de parti même si elle est extrêmement compétente, intègre et dévouée. Les hommes, au sein des partis politiques, ne semblent nullement intéressés à céder leur place de numéro un. Pire, ils axent les débats sur le facteur ethnique et évitent d’aborder l’égalité des genres, la méritocratie et la modernité.

Pourtant la face du monde a changé. Nos deux anciens pays colonisateurs, la France et la Grande-Bretagne, comptent tous les deux aujourd’hui une femme Première ministre – même si Elizabeth Borne répond, à Paris, à un chef d’État, en l’occurrence Emmanuel Macron, et est surtout chargée de mettre en oeuvre la vision stratégique de ce dernier, alors que Liz Truss va devoir dessiner et assumer la feuille de route pour contrer une inflation à deux chiffres (10,1 % – le plus haut taux depuis 40 ans !), une économie au bord de la récession, et une «catastrophe humanitaire» qui se profile si la facture énergétique ne baisse pas, et si les Britanniques n’arrivent pas à rester au chaud cet hiver.

Outre les exemples Borne et Truss, la presse européenne met en avant d’autres femmes qui sont solidement aux commandes au sein de l’Union européenne (UE). Mette Frederiksen et Sanna Marin sont en poste au Danemark et en Finlande depuis 2019; la Suédoise Magdalena Andersson depuis novembre 2021. Ingrida Šimonyte est la Première ministre de Lituanie depuis 2020 ; Kaja Kallas est à la tête du gouvernement d’Estonie depuis janvier 2021. La liste ne comprend pas Ursula von der Leyen, la première femme à diriger la commission européenne…

Liz Truss, toujours très proche de Boris Johnson, dont elle était la ministre des Affaires étrangères, s’est dit en faveur des baisses d’impôts plutôt que des aides directes, qualifiées de «pansements». Elle veut éviter le court-termiste pour regarder au-delà de l’horizon 2024. Face à la critique qui monte, Liz Truss promet désormais des aides immédiates. Certains médias prédisent qu’elle pourrait oser un gel des tarifs de l’énergie, comme le suggérait l’opposition travailliste.

Sans doute l’un des plus grands challenges de gouvernance de Liz Truss : «Sera-t-elle l’otage des éléments les plus brexiters et droitiers du Parti conservateur», qui ne jurent que par une ligne intransigeante avec l’UE. Le contexte et la réalité, économique et géopolitique, risquent de compliquer les échanges avec l’UE qui gère tant bien que mal la crise en Ukraine.

Sur le plan écologique, Liz Truss devrait maintenir l’engagement du Royaume-Uni vers la neutralité carbone pour 2050, «sans nuire aux gens et aux entreprises». Pour cela, il faudra multiplier les investissements dans l’énergie. Truss est aussi en faveur de la technologie controversée de la fracturation hydraulique, le «fracking», qui permet d’extraire pétrole et gaz de schiste… Tout un programme alors que le monde, mené par de plus en plus de femmes, entame sa nécessaire mue d’une économie de la mort à «une économie de la vie», pour reprendre un concept cher au penseur Jacques Attali.