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Le tram et la came
Metro Express, le plus gros projet de l’histoire contemporaine de Maurice, en termes financiers, a atteint sa destination finale (selon le plan original) – en attendant son extension vers Côte-d’Or, avant 2024, ou, au pis-aller, avant le premier trimestre 2025, pour des raisons électoralistes. Le numéro 8 deviendra ainsi la première région rurale à être connectée au réseau ferré. De quoi rendre jaloux les autres députés des circonscriptions 4-14.
Conscient de l’enjeu politique, Pravind Jugnauth fait comprendre que «Mother India» demeure solidement ancrée derrière lui et son GM, mais, sur le plan du développement économique, il n’évoque pas la lourde dette que nous avons contractée avec l’Inde de Modi. Le Premier ministre n’insiste plus, non plus, sur ses arguments premiers, selon lesquels des emplois, par milliers, seront créés, que les autobus ne vont pas souffrir, que les embouteillages vont disparaître…
Aujourd’hui encore, Metro Express reste un point d’interrogation en attendant qu’il atteigne ou pas sa vitesse de croisière. Sera-t-il un gouffre financier ? Combien de personnes vont prendre le métro de Curepipe à Port-Louis et vice-versa ? Le Metro Express pourra-t-il vraiment décongestionner nos routes ou va-t-il, comme nous le constatons, empirer la situation, eu égard à notre réseau routier, déjà saturé, qui a rétréci dans nos centresvilles pour laisser passer le tram ? Autant de questions dont il nous faut débattre en toute sérénité, avec l’apport de tout un chacun.
Maintenant que le projet est bel et bien planté dans notre décor urbain, il faut se garder de hurler avec les loups qui font de l’opposition systématique (contre tout ce qu’entreprend ce gouvernement, ou contre tout projet de développement). S’il plaît ou pas aux citadins, seul un sondage grandeur nature, comme les municipales, pourrait l’indiquer.
On l’a déjà rappelé : certains Mauriciens réactionnaires étaient contre l’autoroute M1, contre l’université de Maurice à Réduit, contre la cybercité sur les terres d’Illovo, etc. Ceux qui restent dans le confort de leur voiture ne comprendront, peut-être, pas les avantages de ce mode de transport alternatif, qui, si les mentalités évoluent positivement, peut faire baisser la note énergétique – si tant qu’on arrive à produire de l’électricité à base de renouvelables. À condition, bien évidemment, que les bouchons cessent.
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Les saisies de drogue (même si celleci fond après les conférences de presse et lors de la pesée) et le nombre de policiers impliqués viennent appuyer les conclusions du rapport Lam Shang Leen.
Fait durablement inquiétant : les guerres intestines au sein de nos services et agences gouvernementaux, en particulier au sein de la police. Le problème, c’est que chacun travaille de son côté, avec ses méthodes et ses intérêts.
Les travailleurs sociaux, comme Danny Philippe et Cadress Runghen, vous diront que le marché noir de notre pays profite à une poignée de personnes, qui deviennent de puissants multimillionnaires, qui corrompent politiciens, hommes de loi, policiers, gardes-chiourmes, hommes religieux, artistes, etc.
Historiquement, toutes les drogues n’ont pas toujours été illicites : l’héroïne était un médicament et l’opium un plaisir culturellement prisé à la Chinatown de Port-Louis. Cette division entre licite et illicite se doit d’être analysée dans une perspective socio-historique.
Sur un plan plus personnel, pourquoi se drogue-t-on ? Souvent on entre dans la drogue en quête de plaisir et pour se libérer de sa vie ordinaire. Alors, pour de nombreux Mauriciens, à tort ou à raison, boire ou se droguer sont des échappatoires. Le grand paradoxe de la drogue : on entre dans la drogue et on en sort pour la même raison – pour le plaisir de vivre et pour se sentir libre.
Paradoxe mauricien : c’est en prison, privé de liberté, que le gros du commerce de la drogue se déroule. Comme si on avait mis sur place un incubateur pour générer des milliards… qui ensuite vont financer les campagnes électorales.
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